Étonnant à plus d'un titre, Twilight - Chapitre 1 : fascination porte assez étrangement bien son nom dans la mesure où il séduit autant qu'il énerve, qu'il vous prend à la gorge autant qu'il vous donne envie de rire.
L'histoire d'une jeune demoiselle (Kristen Stewart, vue récemment dans le sublime Into the Wild) qui emménage chez un père qu'elle connait à peine (Billy Burke, vu récemment dans Intraçable) dans une petite bourgade américaine, et tombe sous le charme de l'un de ses camarades (Robert Pattinson, vu dans le moins récent mais très prenant L'Anneau sacré) qui s'avère être un vampire. La chose se complique quand on apprend qu'il désire ardemment goûter ses lèvres autant que son sang, ce qui n'arrange pas ses affaires quand on fait parti d'une famille de vampires "végétariens".
Le pari de faire un énième film sur le mythe du vampire était risqué, adaptation du livre ou pas, dans la mesure où deux films au début des années 1990 avaient déjà posé une empreinte gothico-romantique indélébile dessus : Francis Ford Coppola avec sa magnifique adaptation du Dracula (1992) de Bram Stoker, puis Neil Jordan avec son sensuel Entretien avec un vampire (1994), adapté du premier tome d'une longue saga qu'Anne Rice consacra à la créature de la nuit.
La tâche n'effraya semble-t'il pas la réalisatrice Catherine Hardwicke pour qui, après avoir mis en scène Thirteen en 2003, les tourmentes d'adolescents sont du pain béni, qu'ils soient immortels ou pas.
Maladroit, bourré de clichés, extrêmement naïf, superficiel en profondeur, Twilight premier volet n'en est pas moins cohérent de bout en bout. À maintes reprises la réalisatrice navigue au bord du gouffre mais à aucun moment elle ne laisse couler sa barque, tenant le cap jusqu'à la dernière minute (quoique...). Ou comment passer des moments tout juste dignes d'un épisode de Buffy contre les vampires à une analyse pertinente et pénétrante de la difficulté d'aimer dans la différence lorsque l'on est en pleine construction de soi.
Correctement réalisé, bien interprété dans l'ensemble (mention spéciale à Kristen mais surtout à Billy, représentant parfait de la difficulté d'être parent durant cette période de l'existence de nos chérubins), le long métrage aurait pu prétendre à un bien meilleur sort que celui de "film à midinettes" tant l'on sent un potentiel pour s'émanciper du produit brut, si la réalisatrice avait davantage travaillé ses personnages et la romance naissante entre la créature de l'ombre et l'éblouissante jeune femme. Une histoire d'amour bien trop lisse et élliptique pour que l'on s'y attache, malgré une tension sexuelle indéniable nous rappelant celle présente dans le film de Coppola.
Un assez bon film qui manque ironiquement de mordant. Pour le prochain ?
En bref : Alors oui, c'est un film destiné à plaire aux adolescent(e)s. Certes, l'ensemble quoique cohérent est maladroit et naïf, et l'on s'amuse à voir pareils clichés cinématographiques ou liés au mythe du vampire quand justement le film propose d'en faire une relecture. Mais ne boudons pas notre plaisir, et prenons Twilight - Chapitre 1 : fascination pour ce qu'il est également : un bon divertissement, tendu et tragique.
Rang : C
Plus d'infos sur ce film