Green Zone : une bande-annonce dans la peau !  

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Paul Greengrass / Matt Damon, troisième ! Après plusieurs mois d'attente, Universal nous laisse profiter des premières images de Green Zone, le prochain film du réalisateur des deux derniers volets consacrés à Jason Bourne. Au regard de la qualité exceptionnelle de La Vengeance dans la Peau, les retrouvailles entre l'acteur et le cinéaste sont donc particulièrement attendues et l'on se réjouit d'avance que le scénario qui les réunit ressemble à tout sauf à un remake bollywoodien de La Maison du Bonheur !

Jugez plutôt : Roy Miller (Damon) fera parti des agents de la CIA en charge de retrouver les armes de destruction massive au lendemain de la seconde guerre en Irak, tandis que la situation se complique de plus en plus politiquement, les personnes sensées faire la transition entre l'ancien gouvernement et le prochain étant aussi peu capables et qualifiées qu'elles doivent leur poste à leur amitié avec l'administration Bush. Un scénario peaufiné par les bons soins de Brian Helgeland, à qui l'on doit ceux de L.A. Confidential, Man on Fire et Mystic River. Admirez plutôt ces premières images :



Débarquement immédiat le 12 mars 2010 aux States, le 23 juin 2010 sous nos latitudes. Oufissime, non ?

Invictus : le nouveau Eastwood en images !  

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La première bande annonce du nouveau Eastwood, Invictus, vient de débouler sur la toile. Sachant que chaque film de Clint est un événement et que Gran Torino fut à la fois l'un des plus gros succès de l'acteur-cinéaste sur notre territoire et l'un des meilleurs films de l'année, c'est peu de dire à quel point sa prochaine production est attendue dans nos grises contrées !

Porté par Morgan Freeman et Matt Damon, le film s'attardera sur les événements qui transformèrent l'Afrique du Sud à jamais à travers l'élection en 1994 de Nelson Mandela, marquant ainsi la fin de l'Apartheid. Pourtant les clivages raciaux et économiques demeurent, et Mandela mise ses billes sur l'aspect fédérateur du sport : il s'associe avec le capitaine de l'équipe sud-africaine de rugby dans le but de participer aux championnats du monde de 1995, avec l'espoir d'avoir tout un peuple derrière eux.





Invictus arrivera sur les écrans français le 13 janvier 2010, et devrait on l'espère devenir un sérieux prétendant aux Oscars 2010. A condition qu'Eastwood ne soit pas snobé une fois encore...

Ghosts  

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Titre original : Ghosts
Genre & Pays : Film musical fantastique d'une autre galaxie
Année : 1997
Durée : 39mns

Réalisé par : Stan Winston
Avec : Michael Jackson, Pat Dade, Amy Smallman, Rey-Philip Santos, Heather Ehlers, Mos Def
Produit par : des génies
Date de sortie : 08 mai 1997 (Festival de Cannes)



Synopsis : Quand les parents de Normal Valley veulent s'en prendre au Maestro, étrange et inquiétant occupant d'un manoir au sommet d'une colline aimant divertir les jeunes enfants en les effrayant, ils ne s'attendaient pas à recevoir un accueil aussi terrifiant. Le Maire, particulièrement véhément et menaçant envers le propriétaire des lieux, se retrouve alors embarqué dans un défi dont il ne ressortira pas indemne : celui des deux qui sera le plus effrayé devra quitter céans la ville !


Petit caprice personnel, mais le jour s'y prête : avec la sortie en salles ce mercredi de Michael Jackson's This Is It, réalisé par Kenny Ortega, je vous propose un petit retour sur l'un des clips (en réalité un moyen métrage d'une durée approximative de 40mns) les plus longs et les plus faramineux que le monde ait jamais connu, Ghosts, présenté en avant-première au 50ème anniversaire du Festival de Cannes, hors compétition.

Point d'analyse filmique ou de critique poussée, simplement l'immense plaisir de vous faire partager le vidéo-clip dans son intégralité du King of Pop, un must see pour tout fan qui se respecte. Nous nous souvenons tous en effet du clip de John Landis, Thriller, en 1983, qui déjà avait bouleversé à jamais la conception du clip musical. Il marquait par ailleurs les débuts d'une merveilleuse histoire d'amour entre le septième art et Michael Jackson jusqu'à un paroxysme mémorable arrivé cinq ans plus tard et intitulé Moonwalker (réalisé par Jerry Kramer, Jim Blashfield et Colin Chilvers). Mais Ghosts, étonnamment, est bien moins connu du grand public. Une explication possible et purement théorique consisterait à avancer l'idée qu'en 1997 la réputation de Michael Jackson avait déjà énormément souffert d'une sombre affaire de moeurs et qu'il intéressait beaucoup moins le grand public pour sa musique que pour ses frasques. Drôle d'ironie quand tout le monde s'accorde à dire maintenant qu'il s'est envolé vers d'autres cieux qu'il fut l'un des plus grands. On appelle cela aussi de l'hypocrisie.

"Meet the family !"

Mais revenons à nos fantômes. Ghosts fut réalisé par le regretté Stan Winston, prophète parmi les prophètes du maquillage et des effets spéciaux à qui l'on doit le Terminator de James Cameron, les créatures d'Aliens, le retour du même cinéaste, le Predator du film éponyme réalisé par John McTiernan, ou encore le maquillage du Pingouin dans Batman, le défi de Tim Burton. Il avait d'ailleurs participé au maquillage des zombies dans Thriller. Sa disparition en juin 2008 fut donc une énorme perte pour le cinéma en général, pour Hollywood en particulier. Jurassic Park quatrième du nom fut à ce titre annulé alors qu'il devait en assurer les effets spéciaux. Bref, un curriculum vitae qui justifie à lui-seul l'événement que représente Ghosts, preuve que Jackson a toujours su s'entourer des plus grands (George Lucas et Steven Spielberg, pour ne citer qu'eux).

Si le scénario fut écrit par Michael Jackson, Mick Garris, et Stan Winston sur une idée de Stephen King, il est à noter que Bambi interprète pas moins de cinq rôles ! A la fois le Maestro, le Maire (méconnaissable !), le squelette, une goule et la goule du Maire, Michael nous entraîne sur une musique de Nicholas Pike dans un tourbillon d'épouvante et de joie, rappelant à chacun que l'on peut ne pas aimer le bonhomme, il n'en demeure pas moins un génie de la musique et un précurseur en bien des domaines. Il y a eu un avant-Michael, il y a un après-Michael. Mais trêve de bavardages, et place aux images - et surtout aux chansons 2 Bad, la version instrumentale de You Win Again des Bee Gees, Is It Scary ?, et Ghost !

"Are you scared yet ?"





Whiteout  

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Deux ans que le film dormait au fond d'un placard avant que les producteurs ne daignent l'en sortir. Fait d'autant plus étrange que Whiteout est l'occasion pour le duo Dominic Sena / Joel Silver de se reformer après le spectaculaire Opération Espadon, avec en tête d'affiche la non moins spectaculaire Kate Beckinsale dans le rôle de Carrie Stetko, seule fliquette d'une base américaine en plein Antarctique devant résoudre le tout premier cas d'homicide dans ce patelin aussi paumé que dangereux (avec une température pouvant atteindre les -84°C, il y a de quoi).

Les admirateurs de la belle seront d'ailleurs aux anges, les premières minutes nous donnent à admirer les superbes formes d'une actrice en forme dans une séquence de déshabillage qui met les formes pour faire subitement remonter la température, même si au demeurant elle a peu d'intérêt.

A côté de cela, il faut bien admettre que c'est le désert (blanc) : scénario écrit avec des moufles (inspiré pourtant du comic book créé par Greg Rucka et Steve Lieber), rebondissements qui laissent de glace, avec un finale loin de jeter un froid, sans parler d'une mise en scène impersonnelle malgré un plan-séquence prometteur (après l'écran-titre) et une capacité à nous immerger dans une atmosphère à la fois claustrophobe et inquiétante. Sena nous montre de belles images mais fait bien peu de choses de son enfer blanc et ne parvient pas à nous faire craindre l'extérieur, à contrario d'un Carpenter qui rendait l'extérieur aussi flippant que l'intérieur dans le monumental The Thing. Ça se regarde donc comme un bon téléfilm mais ça s'oublie aussi facilement qu'un épisode de Derrick.


Rang : D

Lucky Luke  

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On prend les mêmes, et on recommence. Le duo de Brice de Nice se reforme le temps d'une adaptation sur grand écran de la célèbre bande dessinée de Morris et René Goscinny, Lucky Luke. Énième tentative d'adaptation devrions-nous dire, car jusqu'ici elles se sont toutes avérées peu convaincantes : entre le Lucky Luke de Terence Hill, peu respectueux de l'oeuvre originale, et l'incursion dénuée d'inventivité de Philippe Haim dans l'univers du lonesome cowboy à travers Les Dalton, l'homme qui tire plus vite que son ombre n'a jamais eu le droit de la part du septième art à une transposition digne de sa légende.

Tagada, tagada, voilà donc James Huth et son compère Jean Dujardin pour (tenter de) rectifier le tir, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat déçoit. Tout d'abord, le scénario original, loin d'être exaltant, cumule les références mais n'empêche pas l'écueil du hors-sujet, le cinéaste passant complètement à côté de l'univers de ses illustres modèles. Un comble quand on cherche à lui être fidèle. D'autant que prendre à contre-pied les connaisseurs en amenant Luke vers l'introspection et le doute un tiers du film durant trahit un peu plus encore l'esprit du personnage, lui imputant une profondeur psychologique qui ne lui colle définitivement pas sous la botte. Mais pire encore, si tous les célèbres personnages de la bande dessinée sont là ou presque, de Calamity Jane à Billy The Kid en passant par Jesse James, les Dalton quant à eux brillent par leur absence. "Comment ?! Lucky Luke sans les inénarrables frangins Dalton ?!", me direz-vous, et c'est là que le bât blesse, car Luke sans les quatre têtes à claques, c'est un peu comme Jesse James sans Shakespeare, Calamity Jane sans jurons, ou encore Lucky Luke sans son six-coups ! (ahem).

I'm a poor lonesome cowboy, I've a long long way from home...

Autre point, et non des moindres, qui fait pencher la selle de Jolly Jumper dans le mauvais sens, l'humour à deux francs trois sous qui émoustillera à peine petits et grands (et la palme de la vanne la plus ringarde revient à Dujardin et son fameux "apatch"). Rien n'y fera, il faudrait changer l'intégralité des dialogues et surtout Michaël Youn, étonnamment en roue libre, pour réussir à nous arracher le moindre sourire. Avec un tel manque d'inspiration et d'intérêt, c'en est presque navrant.

Tout cela est d'autant plus regrettable que James Huth a réussi là où on ne l'attendait pas : loin d'être un réalisateur surdoué (revoir le lourdingue Hellphone pour s'en convaincre), le cinéaste parvient néanmoins à réaliser ici son oeuvre la plus aboutie esthétiquement, sa mise en scène parvenant à réussir là où tout le reste échoue. Certaines séquences témoignent d'une réelle inventivité et d'une capacité à imprimer sur la pellicule le wilderness américain dont se sont inspirés les auteurs à l'origine de leur travail sur papier. Les décors sont particulièrement convaincants, et le dépaysement total. De quoi s'interroger longtemps encore sur les raisons d'un tel échec, et le regret de ne pouvoir enfin profiter d'une adaptation pleinement aboutie de l'univers de Morris & Goscinny.

Le train sifflera trois fois... ou pas.


En bref : Nouvelle adaptation, nouvelle déception. Lucky Luke de James Huth est à l'opposé de satisfaire les attentes que l'on est en droit de nourrir pour une telle production, le film étant plombé au six-coups par un humour au ras des pâquerettes et une direction d'acteurs quasi-inexistante. Malgré une mise en scène des plus louables, ce n'est pas maintenant que le cinéma nous offrira sur grand écran un long qui fasse honneur à l'univers foisonnant de Morris & Goscinny.

Rang : D

Jennifer's Body  

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Et là, c'est le drame. Non pas qu'avec Jennifer's Body, soit-disant film d'épouvante-horreur (encore faudrait-il que l'on sache à quel moment la peur est sensée se manifester chez le spectateur) avec une apparente mais veine tentative de dynamiser (dynamiter ?) le genre via une touche érotico-comique (magnifique baiser lesbien... qui ne sert à rien), l'on s'attendait à un chef-d'oeuvre : si Girlfight était une oeuvre pleine de promesses, Aeon Flux avait très vite montré les limites de la cinéaste américaine Karyn Kusama. Son incursion dans le teenage movie horrifique a en effet de commun avec son expérimentation de la science-fiction de mettre en évidence une incapacité à transcender leurs illustres modèles, chaque séquence étant autant d'occasions pour égrener les pires clichés du genre.

Pire encore, tout ce qui est entrepris ici tourne à la farce, la mise en scène s'obstinant à ruiner le moindre effet recherché, enlisant le scénario de Diablo Cody jusqu'à l'inextricable. A l'origine, il devait être question de faire cogiter nos ravissantes têtes blondes sur la vacuité sexuelle à travers ce personnage de lycéenne possédée par un démon qui éprouve le besoin de se repaître de mâles en rut pour subsister (référence à la légendaire succube, créature ambivalente dont l'horreur naît du désir), mais au final le film, et c'est là tout le drame, ne s'appuie essentiellement que sur la plastique affolante de Megan Fox qu'on entreverra à peine. Même les mises à mort nous sont épargnées (teenage movie oblige), et que dire de la rapidité et la redondance avec lesquelles la diablesse réussit à mener à bien ses sombres desseins (hantise de donner le mauvais exemple en montrant la belle jouer avec la nourriture ?). Que reste-t-il, en définitive ? Et bien rien, justement.


Rang : E

The Descent : Part 2  

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"Il y a les films d'horreur et il y a les films qui font peur". Slogan pernicieusement subtil et judicieux qui résumait à lui-seul toute la charge émotionnelle et la puissance artistique de The Descent, réalisé en 2005 par le très talentueux Neil Marshall, son succès critique et public appelait naturellement une suite. A la charge du monteur du premier opus Jon Harris de passer derrière la caméra afin de nous offrir une nouvelle descente tout aussi anthologique.

Rappel des faits. Une bande de copines partie pour une aventure spéléologique inoubliable. Une grotte aussi vaste que profonde. Des créatures humanoïdes cannibales aussi terrifiantes qu'indicibles. Une seule survivante. The Descent : Part 2 commence donc là où The Descent finit, et, pressé semble-t-il de nous replonger dans les profondeurs de la sinistre excavation, s'encombre à peine du besoin d'installer une tension dramaturgique, comptant sans doute sur ce qui précéda pour servir de prologue à travers une poignée de séquences vite expédiées. Qu'importe, car toute l'audace et par delà-même toute la force du diptyque est sa capacité à donner à voir un monde menaçant en dehors du champ, de par cette constante obscurité et l'utilisation brillante des possibilités sonores qu'offre le cinéma. Bien sûr on regrettera que le film oscille un peu trop entre allitération esthétique et tentative d'innovations, d'autant que dans l'ensemble le pléonasme s'est débarrassé des besoins de fulgurance qui pourtant faisaient auparavant merveille. Mais l'efficacité quant à elle demeure, chaque minute loin des espaces diurnes étouffant et éreintant le plus aguerri d'entre nous.

"Replongez au plus profond de l'horreur", nous annonce le nouveau slogan. Il est certes bien moins ingénieux et bien plus convenu que le précédent, mais il a au moins le mérite de faire ce que tant de phrases d'accroche ne font plus de nos jours : annoncer clairement la couleur.


Rang : C

Le Syndrome du Titanic  

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Il y a trois ans, Davis Guggenheim s'associait à l'ex-vice-président des Etats-Unis Al Gore dans Une Vérité qui Dérange pour alerter la conscience collective des dangers que l'homme encourait s'il ne réagissait pas face aux épreuves qu'il fait endurer à son écosystème. Un documentaire poignant qui avait la qualité singulière de se montrer aussi pédagogique que nécessaire.

Tout aussi indispensable, Le Syndrome du Titanic apparaît comme une piqûre de rappel loin d'être inutile d'autant qu'elle s'étend à la crise économique que le monde traverse en plus de la crise écologique qui fait l'essence de la démarche de notre Nicolas Hulot national. Une référence loin d'être superflue puisqu'elle nous évoque l'insouciance des passagers du célèbre paquebot quant au danger qu'ils encouraient, jusqu'à ce qu'un iceberg soit le signifiant macabre de leur présomptueuse superficialité, le luxe faisant grise mine face aux forces de la nature. Et pourtant, malgré sa durée idéale et son thème fort, le film n'évite pas les longueurs et désempare par sa sobriété formelle, à mille lieues des aventures trépidantes auxquelles le Jules Verne baroudeur nous a habitué dans Ushuaïa, les images-choc se succédant les unes après les autres au gré d'un récit peu passionnant sur la forme malgré un fond intense. Énumérer les vices de notre société de consommation avec tant de candeur et de veulerie pousserait presque au péché, celui de voyager dans des horizons autrement plus lointains que ceux qui nous sont proposés. A croire que notre paradis se trouve tout à côté.


Rang : C

Funny People  

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Film étrange à plus d'un titre, Funny People marque une rupture conséquente (mais relative) dans la filmographie du déjanté Judd Apatow, grand maître un brin louf' de la comédie américaine contemporaine : en faisant d' Adam Sandler un célèbre humoriste adulé par l'Amérique entière en passe de succomber à une maladie incurable, il insuffle à son cinéma une dimension lyrique qu'on ne lui connaissait pas, ses bouffonneries habituelles s'en trouvant teintées de tristesse et de mélancolie, avec ce regard subtil et sincère que l'homme pourrait avoir sur sa carrière. Car Funny People, malgré son titre, est loin d'être son long métrage le plus tordant : il parait avant tout introspectif et réfléchi, à l'orée de cette contemplation du soi qu'ont parfois les oeuvres existentielles.

Las, sa production s'avère également biscornue au sein de sa trame narrative : après une première heure aussi désopilante que bouleversante, le ton change pour tendre vers celui de la comédie sentimentale qui, s'il nous donne à voir un Eric Bana hilarant dans un rôle à contre-emploi, nous détournent des enjeux premiers qui faisaient tout leur charme. Cet étonnant revirement, s'il scinde le film en deux parties distinctes et engendre dès lors quelques longueurs déstabilisantes, n'empêche pourtant pas l'ensemble de briller par son caractère spontané et attendrissant, notamment parce que la bande de potes dont s'est entouré le cinéaste américain se dévoue comme aucune autre à la réussite d'une entreprise marquée par le sceau de la franche déconnade, tout sérieux qu'elle soit. On passera sur la leçon de morale finale qui n'a pas les moyens de ses ambitions et on gardera l'émotion suscitée entre deux franches rigolades.


Rang : B

[Mon mois de...] Octobre 2009  

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Aïe, aïe, aïe. Le fameux article sur les sorties du mois qui arrive à la fin du-dit mois. Le retard s'accumule, et il est toujours difficile de cavaler après le temps (de toute façon il aura toujours le dernier mot). Tant que faire se peut les critiques continuent d'être publiées malgré leur retard conséquent au détriment des autres articles, jugés moins importants tant la majorité des lecteurs de ce blog semblent s'intéresser avant tout à nos diatribes et autres adulations.

Du côté de la refonte wordpressienne, les choses avancent lentement mais sûrement, avec l'espoir que la chose se mettra en place courant 2010. En attendant, nous espérons que vous continuez à apprécier nos écrits, et je rappelle à tout hasard pour les quelques têtes fortes qui souhaitent nous conspuer que les insultes, les reproches, les désaccords anonymes et non-argumentés ne sont pas publiés du fait de leur manque d'intérêt. Rentrer dedans c'est facile, mais raisonner ensemble m'apparait moins futile.


  • Peu de sorties intéressantes durant la première moitié d'octobre. La semaine du 07/10 ne me fera pas démentir, puisque nous n'aurons à nous mettre sous la dent que Funny People et Le Syndrome du Titanic. Quant à Fame, Victor, et I Love You, Beth Cooper, ce sera sans moi !
  • A partir du 14/10, nous pourrons profiter de The Descent : Part 2, dont le premier volet demeure un modèle du genre. A côté de cela, il y aura Mademoiselle Chambon, Divorces, et Mission-G, étonnant succès au pays de l'Oncle Sam. Ca vous parle, vous, des cochons d'Inde capables de vous mettre une râclée ?
  • Attention messieurs, sortez vos agendas : le 21/10, vous pourrez admirer pleinement les formes voluptueuses de Megan Fox qui pour l'occasion de Jennifer's Body laissera tomber le sous-tif. Bave sur les sièges du cinéma interdite. Perso', j'ai une préférence pour la ravissante Kate Beckinsale qui sera à l'affiche de Whiteout de Dominic Sena. On pourra également retrouver le duo Jean Dujardin / James Huth dans Lucky Luke, et visionner enfin la Palme d'or du dernier festival de Cannes, Le Ruban blanc. Il y a donc matière à occuper notre week-end !
  • On finit avec la semaine du 28/10, riche en sorties également, avec pour commencer Michael Jackson's This Is It qui je le rappelle ne restera que deux semaines à l'affiche, ainsi que Cinéman, Clones, et Micmacs à tire-larigot. De quoi préparer sereinement les sorties hivernales qui s'annoncent aussi copieuses que celles de l'été dernier !

Sur ce, je m'en retourne à l'album Dangerous, l'un de mes préférés du King of Pop. On est fan ou on ne l'est pas ! (dédicace à Fabulous Fab' D.)


(Liste non exhaustive et ne regroupant que les films m'intéressant de prime abord)

The Informant !  

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Mais qu'arrive-t-il donc à Steven Soderbergh ? Qu'advient-il du génial réalisateur de Sexe, mensonges et vidéo et Ocean's Eleven ? A l'entendre, le cinéma ne le passionne plus tellement. Pourtant The Informant ! s'avère être le quatrième film (!) du réalisateur cette année, Girlfriend Experience étant le dernier en date. Entre ses préoccupations esthétiques formelles et ses oeuvres empiriques, le film nous raconte l'histoire vraie d'un cadre supérieur du groupe agroalimentaire ADM décidant de dénoncer les pratiques illégales de sa société, devenant dès lors une taupe infiltrée pour le compte du FBI, soucieux d'avoir des preuves tangibles avant d'agir. La tâche va s'avérer néanmoins plus compliquée qu'il n'y parait car l'informateur, incarné par le toujours génial Matt Damon, va constamment revenir sur son témoignage au point d'obscurcir toujours plus la véracité des faits.

Bien en place, plutôt drôles durant le premier tiers, les rebondissements peinent pourtant à convaincre sur la longueur, leur artificialité exacerbée ayant raison de l'intelligence nimbant originellement le script. A croire qu'avec de l'or entre les mains, Soderbergh n'est plus capable de nous restituer ce bijou massif dont l'écrin fut la magnificence expérimentale avec laquelle il nous a tant séduit. Certains se perdent dans la multitude d'effets, le cinéaste américain lui souffre de leur carence, son tempérament cinématographique apparaissant de plus en plus nébuleux et sibyllin à mesure que sa filmographie s'épaissit. Poussif et peu inspiré, The Informant ! témoigne à lui-seul de la méforme d'un cinéaste qu'on aimerait voir retrouver de sa superbe, car à force de se perdre, le risque est qu'on ne daigne plus s'y intéresser.


Rang : D

Thirst, ceci est mon sang  

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Tout le monde a en mémoire le film qui consacra Park Chan-wook en 2003, le sublime Old Boy, thriller inoubliable à qui Cannes décerna en 2004 le Grand Prix (d'aucun disent que la Palme d'or eut été plus méritée, le jury présidé par Tarantino lui ayant préféré Fahrenheit 9/11). Depuis, le cinéaste sud-coréen il faut l'avouer cumule les déceptions : sa trilogie sur la vengeance s'est achevée avec peu de panache (Lady Vengeance) et son essai avec la caméra HD Viper Film Stream s'est avéré peu concluant (Je suis un cyborg). Avec Thirst, ceci est mon sang, la page des égarements semble néanmoins se tourner même si l'on est encore loin de la maestria des débuts.

Il est question ici d'un homme d'Eglise qui devra faire face autant à sa passion dévorante pour une jeune femme qu'à ses appétits soudains pour le sang humain depuis qu'un virus l'a transformé en vampire : manger ses ouailles, ce n'est en effet pas très catholique. Un sujet qui nous rapproche donc des thématiques qu'aime explorer Chan-wook, ce dernier ayant à maintes reprises confronté ses protagonistes à des dilemmes d'ordre moraux. On pourrait d'ailleurs s'en étonner car les créatures de la nuit sont rarement réputées pour s'encombrer d'éthiques communautaires et religieuses. Chez Chan-wook pourtant, le vampire ne dispose pas de longues canines et ne semble pas importuné par les lieux saints. Tout au plus se nourrit-il uniquement de sang et craint la lumière du jour. En découle un mythe bousculé et transgressé, la mutation ne changeant en rien la nature humaine, mais permettant au contraire de la révéler.

Tout le brio du scénario réside donc dans le clivage qui naîtra entre le prêtre et sa compagne nocturne, l'un attaché plus que jamais à son essence profonde, l'autre en étant définitivement libérée. Leur jeu macabre déteint sur la sensualité et l'érotisme des premiers instants pour laisser place à l'horreur, la culpabilité, et l'amour subversif.

Les passions dévorantes et l'appétit font parfois bon ménage.

Film virtuose qui n'a pas son pareil pour créer des tensions antinomiques, l'esthétisante approche des moments les plus anodins renforce l'impression de maîtrise et confère à l'ensemble une modernité visuelle troublante et galvanisante, aux frontières de l'irréel et de l'indicible. Et pourtant, la multiplication d'effets de style semble trahir une incapacité à maintenir une tension parfaitement installée dans le premier tiers, et l'intrigue, trop étirée, peine à trouver son second souffle jusqu'au finale, de toute beauté. Une conclusion dantesque et anthologique qui justifie certains égarements mais ne les pardonne pas complètement. C'est peut-être là que l'on pourrait déceler l'unique faiblesse de Chan-wook, son incapacité à discerner le nécessaire du superflu, le besoin d'éblouir et celui de narrer. Son retour en forme fait toutefois plaisir à voir, car c'est le spectateur qui toujours y gagne.


En bref : Loin d'être le meilleur et à mille lieues d'être le plus mauvais film de Park Chan-wook, Thirst, ceci est mon sang propose une vision transgressive et moderne du mythe du vampire. Une histoire fascinante qui met en abîme et avec brio la nature humaine, mais desservie par un montage qui scinde le filme en trois mouvements inégaux : entre un début passionnant et une fin homérique, l'entre-deux, étonnamment sensuelle, manque d'intérêt. Le cinéaste sud-coréen peut toutefois s'appuyer sur la virtuosité de sa mise en scène pour continuer à nous émerveiller, ce qui en contenteront certains.

Rang : B

(500) jours ensemble  

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Il y a les comédies romantiques qui parlent d'amour et il y a les films sur l'amour qui se fichent du romantisme. Dès les premiers moments, une voix-off nous interpelle sur la nature profonde de (500) jours ensemble : ce film ne raconte pas comment un couple va se former ou se déchirer, mais témoigner de la difficulté de vivre à deux. D'autant que le scénario, incroyablement malin, retrace avec une justesse désarmante l'amour univoque, mettant en lumière le fait que parfois l'amour est une trahison, un rendez-vous manqué qui mystifie et brise les instincts dictés par la raison.

Tom lui n'en finit plus de succomber aux tourmentes passionnelles. Il aime Summer à la folie. Seulement Summer n'y voit que folie dans le fait d'aimer. Le couple se forme, et Tom pense qu'"amour" rime avec "toujours", Summer avec "quelques jours". Le clash était inévitable, la douleur lancinante également. Noyant son chagrin dans l'indolence et l'amertume, la nostalgie étreint dès lors le pauvre Tom qui cherche les indices lui ayant échappé. Avec une extrême habileté, le montage superpose jours de bonheur et signes de fatalité, poussant le récit à l'éclatement, les souvenirs n'ayant que faire de la chronologie des événements lorsqu'ils nous assaillent. Et dans un cocktail détonnant d'univers galvanisés par les feutres colorés et les mélodies sirupeuses, la vénération maquillée en tendresse trouve une justification dans l'absence de lucidité, parce que l'on sait tous qui de l'amour ou de la raison ignore l'autre. Marc Webb a beau avoir fait un film de ces banalités qu'on se plaît à oublier, il n'en demeure pas moins qu'il n'en touche que de plus près l'authenticité. Et pour cela, on ne peut que l'en remercier.


Rang : B

L'Affaire Farewell  

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Au delà du sujet particulièrement passionnant et parfaitement mis en scène par Christian Caron, jouant avec une extrême habileté de sa capacité à maintenir un rythme haletant en réussissant à alterner séquences intimes et danger de l'instant, L'Affaire Farewell ne serait pas une telle réussite sans la qualité exceptionnelle de sa distribution. On savait déjà Guillaume Canet aussi bon acteur qu'il est un brillant réalisateur, mais le plaisir coupable vient ici du bonheur de (re)découvrir Emir Kusturica dans ce rôle de colonel du KGB décidant de mettre un terme à la guerre froide en délivrant aux Etats-Unis, à travers un humble ingénieur français, des informations capitales issues du bloc soviétique.

Et sous nos yeux l'histoire devient Histoire, ses formidables rouages dès lors mis en marche au gré d'incroyables ramifications politiques jalonnant le récit de séquences stupéfiantes et renversantes. Cette Histoire à travers l'histoire de ces deux hommes que tout oppose, l'un acculé par la nervosité d'agir malgré la peur, l'autre en proie au doute, envers son couple et le communisme. Leur amitié naissante donne à ressentir le malaise d'une époque pourtant héritière des Trente Glorieuses, ajoutant à ce sentiment d'oppression qui fait l'essentiel des grands thrillers : réussir à tenir en haleine de bout en bout et faire perdurer une atmosphère pénétrante avec fluidité et candeur. C'est amplement suffisant pour fermer les yeux sur le formalisme qu'imprègne Caron à son oeuvre, qui tendait déjà avec Joyeux Noël vers un certain classicisme. Un mal nécessaire pour magnifier histoire et Histoire.


Rang : B

La Proposition  

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Elle est égoïste, butée, autoritaire, inflexible, à peine souriante et terriblement craquante. Il est dévoué, charmant, bienveillant, beau, à peine couard et terriblement rêveur. Elle est sur le point de se faire dégager manu militari par l'Oncle Sam direction son Canada natal, il a trimé durant des années pour obtenir la promotion qu'il convoite au grand désarroi de son paternel. Elle a la solution à son problème, l'épouser quitte à l'en contraindre de par sa position hiérarchique pour obtenir la nationalité américaine. Il a un problème et aucune solution, il ne peut pas refuser sous peine voir ses desseins professionnels réduits à néant.

Nous sommes bel et bien dans une comédie romantique durant laquelle l'improbable va devenir possible. Reste à savoir comment. Car ce qui compte lorsque l'on explore ce genre cinématographique quasi-immuable n'est pas dans la finalité (deux personnages antinomiques voire antagonistes tombant amoureux l'un de l'autre étant le schéma le plus usité depuis la naissance du septième art) mais davantage le parcours abracadabrant qui nous y mènera. Pas de surprise donc avec La Proposition qui emprunte au genre les codes les plus fréquents, évitant l'écueil d'un risque mal calculé (il faut dire qu'on en demande rarement plus aux scénaristes).

Il n'en demeure pas moins que ce qui permet parfois à ce type de film ultra-balisé de fonctionner se trouve à la fois dans la qualité des seconds rôles et en même temps dans la fraîcheur et l'osmose que dégage le couple en devenir, le tout saupoudré de dialogues croustillants et enlevés. Une recette qui trouve ici sa pleine mesure tant les répliques cinglantes amènent au duo formé par Sandra Bullock et Ryan Reynolds son lot de moments délicieux et désopilants, de même que Betty White dans le rôle de la grand-mère Annie, un rien givrée, amuse la galerie. Elle est le personnage à travers lequel la jonction improbable-possible trouve un écho rayonnant, ces frasques décomplexant sans peine l'atmosphère nimbée de cynisme qui plane tout au long du long métrage.

Ryan Reynolds face à Sandra Bulldog : devinez qui portera la culotte !

Bien sûr, le charme n'opère pas systématiquement, et la qualité du script effleurant de trop loin la conception surannée du brillantissime, il en dépendra des goûts et des sensibilités de chacun, d'autant que Miss Bullock est une actrice qui compte autant de détracteurs que d'amoureux. Mais gageons qu'avec un brin de chance vous ne résisterez pas au plaisir de succomber aux charmes de cette Proposition légèrement indécente.


En bref : Comédie romantique typique, suivant à la ligne les codes d'un genre qui peine à se renouveler depuis que la flamboyance empruntée aux mélodrames d'antan ne fait plus recette, La Proposition dispose d'atouts qui rendent l'aventure mélodieuse et empirique. Si le film d'Anne Fletcher aurait pu y gagner en se parant d'un travail moins indolent de la part du scénariste Peter Chiarelli, il en émane cependant un charme fou qui doit beaucoup à la complémentarité de son duo d'acteurs. Convenu mais convaincant.

Rang : B

Hôtel Woodstock  

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Ang Lee, c'est un peu comme le Kinder surprise : si on se régale toujours avec le chocolat, il n'est pas sûr que le jouet à l'intérieur soit plaisant. Il est en effet fascinant de voir à quel point le cinéaste taïwanais est capable d'alterner le bon (Tigre et dragon, Le Secret de Brokeback Mountain) et le moins bon (Hulk, Lust, Caution). Malheureusement pour Hôtel Woodstock, peinture décalée et anecdotique de la jeunesse d'antan, on boxe davantage dans la seconde catégorie.

Non pas qu'Ang Lee soit incapable de nous livrer une oeuvre pleinement aboutie, le conflit de générations, l'un de ses thèmes de prédilection, est ici parfaitement mis en exergue, et sa capacité à nous plonger dans l'atmosphère fiévreuse de la fin des sixties est époustouflante. La mise en scène inspirée et une photographie bien léchée participent de cet effet, le flower power nimbant la pellicule avec délicatesse et originalité. Mais si une mélancolie lancinante épouse les traits de la comédie sans pour autant basculer dans le manifeste nostalgique, elle a surtout pour vertu étrange de rendre l'ensemble bien ennuyant ! Et les vingts dernières minutes, démonstratives à souhait, n'aident en rien à convaincre de la solidité de l'entreprise. Un comble pour un film se penchant sur une époque aussi exaltée de l'humanité.


Rang : C

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Démineurs  

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Une bombe. Il n'y a pas meilleur terme pour définir à la fois le fond et la forme du dernier long métrage de Kathryn Bigelow. Malgré ses 58 ans bien tassés et le temps qu'elle a passée loin des caméras après l'échec de sa dernière production K-19, Le Piège des profondeurs, celle qui fut la compagne de James Cameron le temps de deux printemps et la réalisatrice de perles telles que Point Break ou Strange Days nous revient avec l'un des films les plus claustrophobes de ces vingts dernières années, signant au passage son retour d'une main de maître. Mieux encore, Démineurs s'avère être assurément le meilleur parmi une longue liste de films traitant de la récente excursion américaine en Irak, ce qui au regard des concurrents est loin d'être négligeable.

Les dix premières minutes à elles-seules constituent l'argument-choc qui mettra tout le monde d'accord sur cette assertion aux premiers abords gratuite et peu objective. Si le suspense ne nous a jamais paru aussi insoutenable, on le doit à la capacité qu'a Bigelow de nous faire entrer en immersion totale avec l'équipe de déminage américaine que nous suivrons deux heures durant, nous coupant du reste du monde grâce à la capacité troublante d'étirer l'espace et le temps au gré des longs plans caméra à l'épaule nous faisant retenir notre souffle à chaque pas que le soldat parvient à faire. Car s'il n'aura suffit que d'un mort pour mettre à nu la fragilité latente de ces héros suicidaires, le génie de la mise en scène réside dans la présence de plusieurs plans de coupe sur la faune orientale, véritable carcan d'oppression rappelant à chaque instant que le danger peut aussi bien venir d'une explosion que d'un coup de feu d'un tireur embusqué.

Un conseil : évitez ce type, il n'est pas très net.

Plus encore que le danger et l'incertitude, la cinéaste nous donne à méditer sur l'absurdité constante de cette guerre pas comme les autres à travers le regard qu'elle porte sur son personnage principal, véritable jonction entre le kamikaze et la tête brûlée, sorte de Tom Cruise période Top Gun l'humour en plus, la gueule d'ange en moins. Car l'une des grandes forces du casting est d'être composé essentiellement d'inconnus, ce qui aide à pénétrer pleinement dans le cauchemar éveillé de ces soldats pour qui l'espoir n'est qu'un lointain souvenir tout juste bon à ranger aux côtés de l'idéologie américaine du temps des moissons meurtrières d'Asie mineure. En l'occurrence aux oubliettes. La mort rôde à chaque plan, même quand l'action n'est plus au coeur de la narration (subtile séquence de la discussion entre deux démineurs sur l'utilité des paravents contre les fenêtres de leur dortoir), et la tension, aussi omnisciente qu'omni-présente, devient si peu supportable qu'elle en est jubilatoire. A vous couper le souffle !


En bref : Si vous trouviez que Rambo IV réhabilitait le film d'action pur après des années de disette, vous serez surpris de constater qu'il est en effet bien peu de choses comparé à Démineurs, véritable concentré de tension, de testostérone et de barbarie. Kathryn Bigelow revient en forme et y met les formes : qui s'en plaindra ?

Rang : A

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Fish Tank  

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La grande force narrative de Fish Tank, à coup sûr sa plus grande faiblesse sur le long terme, est d'avoir une histoire incroyablement dense, véritable joyau débordant de richesses et de thématiques passionnantes, qu'au final le récit à lui-seul ne suffit pas à sevrer notre intérêt soudain pour la jeune Mia et ses errances éthérées dans un monde qui n'hésite pas à cogner toujours plus durement.

Il y a un avant-Fish Tank, qu'il est plus ou moins facile de discerner au gré des éléments qui jalonnent le film, expliquant comment une adolescente peut en être arrivée au point d'être en conflit frontale avec sa mère, et pourquoi la danse est le seul exutoire qui lui permette d'échapper un temps à la morosité de son existence. Mais pire encore, il y a un après-Fish Tank, et celui-ci nous apparaît déterminant, nécessaire pour accompagner jusqu'au bout l'héroïne dans sa souffrance et sa perdition. Car malgré ses deux longues heures, le film d'Andrea Arnold est bien trop court. Il subsiste au final un sentiment de non-achevé, comme s'il y avait encore à raconter, et comme s'il nous fallait encore plus de temps pour réussir à tout ingurgiter.

Autant dire qu'en soi, ce que le temps du récit nous raconte est une franche réussite. Tout d'abord parce que les acteurs sont absolument parfaits, dans la manière d'être autant que dans la manière de paraître. A ce titre, il convient de saluer les premiers faits d'arme de la charmante Katie Jarvis, délicieuse dans la peau d'une ado' rebelle à qui on aurait autant envie de coller deux baffes qu'on pourrait en tomber amoureux. Ce qui arrive à Michael Fassbender, décidément sur tous les fronts depuis sa prestation remarquée dans 300. Et ce n'est pas celle qu'il livre ici qui risquera de faire chuter sa côte de popularité. Réussissant à trahir toute l'ambiguïté de l'interdit, il donne à voir le plus complexe de l'homme, cette lutte intestine constante entre passion et raison, entre pulsions et émotions.

Exemple typique d'une photographie époustouflante.

En donnant du corps et de la consistance aux personnages, l'on se laisse embarquer sans mal dans la narration malgré un chemin parfois balisé, typique d'un certain genre de cinéma britannique dont Ken Loach est le plus fier représentant. Mais ce portrait est pourtant unique en son genre, parce que la mise en scène qui l'expose n'en demeure pas moins un modèle de maîtrise et de tempérament, la forme trouvant les ressources de rejoindre le fond à travers des choix osés et un sens du cadrage pertinent, comme ces longues séquences de déambulation où la caméra, rivée sur le profil de Mia, sonde en arrière-plan le monde dans lequel elle ne se retrouve pas. D'où l'importance de la symbolique du cheval et de ces grillages qui jalonnent le parcours de la belle, loin d'être superflus.

Au final, la métaphore poétique ne laisse pas insensible quand bien même son apparente austérité, car Arnold, aidée par une superbe photographie, capte au coeur de cette chronique sociale la part d'onirisme qui confine la détresse en moteur-action rayonnant, sans jamais trop en faire mais sans jamais laisser son personnage principal confronté à l'implacable réalité, en insistant sur les raccords regard qui pimentent le jeu entre elle et l'homme qu'elle convoite, cet homme qui ne lui est pas promis et qui pourtant lui semble destiné. C'est aussi naïf que c'est puissant, et c'est bel et bien pour cela que c'est incroyablement touchant.

Un peu de Van Halen ne fait pas de mal.


En bref : Le prix obtenu à Cannes n'est pas volé, car Fish Tank résulte de la somme des intérêts du drame social et d'une touche de lyrisme décadent, aux confins d'une réalité qui se dissout à mesure que Katie Jarvis rêve son enfer. Andrea Arnold aurait pu raconter davantage pour aller au bout de ses prétentions, mais ce qu'elle réalise suffit pourtant à se laisser embarquer sans peine dans un récit débordant d'humanisme. On appelle également cela un coup de coeur.

Rang : B

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Humpday  

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Deux potes hétéros. Un pari insensé. Celui de coucher ensemble devant une caméra pour l'amour de l'art. L'idée est intéressante, d'autant qu'elle est explorée avec intelligence puisqu'au potache vulgaire et choquant, la réalisatrice Lynn Shelton préfère tricoter des dialogues savoureux afin d'explorer la sexualité masculine et mettre à mal les conventions de l'amitié et de la morale dans une Amérique toujours peu enclin à échapper à ses vieux démons puritains.


C'est à la fois la force et la faiblesse de cette comédie piquante, car à trop chercher dans le consensuel quand le sujet est prétexte aux folies les plus audacieuses, il émane d'Humpday une étrange sagacité qui dérange, une incapacité à frapper fort là où un Woody Allen n'aurait pas manqué sa cible, en particulier durant le finale faussement philosophique nimbée d'une mélancolie surannée malgré le talent des deux acteurs portant le film à bout de bras, tentant de faire oublier que la mise en scène tourne à vide et que les ressorts comiques ne sont pas suffisamment exploités.


Rang : C

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Rien de personnel  

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Rien de personnel se présente à nous au travers d'une trinité formelle convaincante, une construction sophistiquée et alambiquée qui nous dévoile selon le point de vue adopté une réception d'entreprise se transformant en machiavélique exercice de coaching dans laquelle trois cadres vont découvrir que le dindon de la farce n'est pas toujours celui que l'on croit. Avec cette intrigue aux tiroirs à double fond, Mathias Gokalp rend passionnantes les questions de cinéma que l'on peut se poser parfois : ici, en chargeant de sens toute la puissance d'un cadrage au gré des séquences se répétant selon les chapitres segmentés, le cinéaste parvient à mettre en abîme la nature du hors-champ, lui conférant une densité narrative en trompe-l'oeil que le spectateur s'amusera à déceler pour comprendre que ce que l'on montre n'est pas toujours ce que l'on doit voir.

Seule ombre au tableau, et non des moindres, l'élan expérimental et la confusion des troubles esquissant le jeu de regards que portent les personnages les uns sur les autres faussent le rythme de cette fable cruelle qui peine à trouver la bonne formule avec un montage qui ne va pas toujours à l'essentiel. Et à voir se répéter certaines séquences, il n'est pas impossible que l'ennui prenne hélas le pas sur la dimension ludique.


Rang : C

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Julie et Julia  

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Au delà de l'adaptation conjointe des livres de Julie Powell et Julia Child, Julie et Julia ose le pari insensé de raconter la cuisine à travers le destin onirique de deux femmes à cinquante ans d'intervalle. Chacune trouvera dans l'art culinaire l'étincelle de passion qui faisait défaut à leur vie respective, et chacune découvrira dans l'amour l'ingrédient indispensable qui fait la différence entre le virtuose et le firmament.


Seul arrête dans le plat, l'aventure gastronomique se révèle laborieuse et l'intrigue plombe l'estomac de lourdeurs qui gâchent le plaisir de la dégustation. Si Meryl Streep s'en sort avec les honneurs, il n'en est pas de même pour Amy Adams qui peine à titiller nos papilles, d'autant qu'avec la scénariste de Quand Harry rencontre Sally derrière les fourneaux, on pouvait s'attendre à une recette bien plus épicée. C'est ce manque de finesse et de délicatesse qui ôte à cette sympathique comédie toute sa saveur. Ou presque.



Rang : C

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