Quelque chose à te dire  

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Il ne faudra pas être très regardant sur le cumul des coïncidences permettant au scénario de Quelque chose à te dire de tenir la route. Il faut dire qu'il y a de quoi être dubitatif quand on voit que tant de hasards servent à nourrir les divers rebondissements donnant du grain à moudre à la réalisatrice Cécile Telerman, venue nous raconter les secrets de la famille Celliers, d'apparence ordinaire, avec son lot de problèmes et de tristesse. Et puis la machine s'enraye quand Olivier Marchal devient le grain de sable au milieu du champ de blé, venant perturber les silences et les non-dits de ces gens qui ont encore tout à se dire.


Doté d'un casting convaincant, les répliques s'enchaînent de manière cinglante malgré une tendance agaçante de la cinéaste à verser dans le pathos, donnant à son film des élans de mélo assez indigestes. Les personnages sont pourtant attachants et demeurent le principal attrait de cette comédie dramatique, captivant l'attention malgré son histoire un brin trop alambiquée et sa mise en scène manquant d'originalité.


Rang : C

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Jusqu'en enfer  

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Vingt-deux ans qu'on attendait ça. Vingt-deux ans que l'on espérait voir Sam Raimi renouer un jour avec ses premiers amours. Il y a deux décennies, le cinéaste américain alors spécialisé dans la série B horrifique donnait une suite à son mythique Evil Dead, et puis plus rien : Evil Dead III : l'armée des ténèbres concluait en 1992 la trilogie avec panache mais humour, Darkman (1990) et Intuitions (2000) faisaient de brèves incursions dans le cinéma d'épouvante sans pour autant s'immerger totalement dans le glauque et le funeste.

Il faut dire que le film d'horreur (occidental) au sens plein du terme est mis à mal depuis le milieu des années 90. George A. Romero, prophète parmi les prophètes, perdit la foi après Le Jour des morts-vivants en 1985, son cinéma tendant de plus en plus vers le fantastique et de moins en moins vers le macabre. Une première tentative de retour avec Land of the dead en 2005 fut amorcée, sans succès. Le récent et réussi Diary of the dead était déjà plus prometteur, même si l'on pouvait reprocher au discours sous-jacent son manque de verve, fut un temps bien plus acerbe, encore trop éducolorée dans sa poésie funèbre comme dans son âpreté. Quant à l'autre grand maître du genre, John Carpenter, auteur de l'archi-culte The Thing (1982), on ne l'a plus revu sur grand écran depuis 2001 et son Ghosts of Mars. Mais si le genre a été mis à rude épreuve ces dernières années, ce n'est pas tant l'absence des ces illustres cinéastes qui lui ont donné, avec quelques autres grands noms, ses lettres de noblesse, mais l'arrivée en 1996 d'un film qui allait dénaturer et dépouiller le film d'horreur de toute sa substance première : Scream. Estampillé slasher movie, le long métrage de Wes Craven a eu un impact autrement plus considérable sur la manière dont les cinéastes ont abordé le film d'horreur par la suite, avec cet esprit teenage et second degré qui encore aujourd'hui déforme cette catégorie si particulière de l'art cinématographique. L'effroi et la terreur s'évaporent derrière un érotisme omniprésent (Vendredi 13, Hostel) ou face aux éclats de rire (Freddy contre Jason, Black Sheep), le gore est utilisé de manière mécanique et parfois systématique (quel autre intérêt à trouver à la saga Saw, sinon cette succession de mises à mort infiniment réductrice et tellement peu angoissante que l'on pourrait simplifier la franchise à de simples effusions de sang sans aucun autre moteur que celui de l'image-choc, ne cherchant jamais à provoquer la gêne au niveau sensoriel).


Il fallait donc le retour d'un géant, d'un homme qui n'avait nullement besoin de l'influence du cinéma d'horreur asiatique ni de suivre la tendance du remake ou de s'appuyer sur la surenchère pour empoussiérer le genre et lui faire retrouver son éclat décrépit d'antan. Jusqu'en enfer apparaissait comme le messie capable de faire sentir le film d'horreur à nouveau le souffre et le moins que l'on puisse dire est que cette descente aux enfers est providentielle.

Conçu comme une série B d'horreur traditionnelle, le dernier né de Sam Raimi parvient à s'emparer des clichés du genre sans jamais tomber dans leurs pièges ni la facilité. Il les condense en une histoire unique où sorcière, malédiction et médium se croisent avec un respect évident des règles et des attentes du cinéphile averti mais en réussissant toutefois à les dépasser pour proposer quelque chose d'à la fois différent et familier. La question n'est plus alors de savoir "quand" la peur nous prendra par la gorge car celle-ci rôde à travers chaque séquence, au sein de chaque plan. Raimi entame une partie de cache-cache avec son spectateur et gagne avec une régularité constante qui frise l'indécence. Sa griffe, reconnaissable entre toutes, entaille les chairs et les esprits avec plus de mordant que jamais, si bien que malgré son budget limité (on parle de vingt millions de dollars) le film est saisissant de viscéralité.


On sent que la franchise Spider-Man a permis à Raimi d'explorer de nouveaux clivages cinématographiques car sa mise en scène s'en trouve nourrie et enrichie au point de tutoyer par moment le divin. Avec une virtuosité époustoufflante, le réalisateur suggère la terreur à travers les angles de la caméra et préfère s'appuyer sur une utilisation maîtrisée de la lumière plutôt que sur la représentation physique du Mal. Mais ce qui impressionne le plus, c'est l'habileté et le savoir-faire de Raimi à faire plonger émotionnellement son spectateur à travers la bande son. On avait plus entendu des effets sonores aussi travaillés et immersifs depuis William Friedkin pour nous glacer le sang. Sans doute l'un des points les plus réussis de l'oeuvre.

Ce besoin d'impliquer affectivement le public se ressent d'ailleurs dès les premières minutes du long métrage, Raimi prenant le temps de présenter le personnage de Christine Brown, de développer une vraie intrigue là où il avait été directement droit au but dans Evil Dead. La notion de transfert selon Freud puis Lacan est d'autant plus probante que notre recul sur les personnages est minimal. Difficile de ne pas se reconnaître dans le personnage d'Alison Lohman, révélée dans Les Associés de Ridley Scott, pour ne pas se sentir poursuivi par le même démon qu'elle, Raimi réussissant avec ce conte moral autour d'une malédiction surnaturelle à culpabiliser autant qu'à faire peur. Plus difficile encore après avoir vécu "l'expérience Jusqu'en enfer" d'aller contrarier une vieille dame !


Et pourtant, Jusqu'en enfer est aussi un film totalement jouissif. Les quelques bouffées ne compassion ne ternissent pas l'acrimonie de Mme Ganush et in extenso la rugosité du film dans tout ce qu'il a de plus violent et de plus noir, avec cette touche d'humour si particulière chez Raimi qui tient presque du sadisme. Les scènes cultes s'emboîtent le pas les unes après les autres (le duel des deux femmes dans la voiture en tête), et qu'importe si la fin est plus que convenue (les ficelles s'épaississant hélas dans les vingt dernières minutes) ou que le personnage du petit ami interprété par Justin Long soit à ce point relégué au second plan : Jusqu'en enfer arrive à point nommé pour rappeler à tous que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures coctions sataniques.


En bref : Des faiblesses dans le scénario, des effets spéciaux inégaux, des personnages sous-traités. C'est tout ce que l'on pourra reprocher à Jusqu'en enfer, véritable baffe en matière de mise en scène et d'effroi, ode funèbre à un genre ravagé et pillé depuis une quinzaine d'années. Le critique de cinéma Mathieu Carratier a écrit à propos de Sam Raimi pour le magazine Première : "Avis à tous les petits malins (au hasard Saw 1 à 12) qui avaient profité de son absence pour saccager la maison : papa est de retour". En effet, et il était temps.

Rang : B

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Sword of the Stranger  

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Pour son premier film d'animation en tant que réalisateur, l'on peut dire que Masahiro Andô n'y va pas avec le dos de la lame. Sword of the Stranger est une ode guerrière offrant une magnifique leçon d'histoire sur le Japon de l'ère "Sengoku", dans un pays déchiré par les guerres civiles, d'où son nom de "période des Etats en guerre". C'est au sein de la débacle des provinces que l'empereur de Chine envoie une délégation de puissants bretteurs trouver un jeune garçon destiné à être sacrifié dans un rituel occulte apportant la vie éternelle. Parmi eux, le cruel Kotarô, un épéiste hors pair davantage préoccupé par la recherche d'un adversaire digne de lui que par la réussite de sa mission. Il le trouvera en la personne de Sans-Nom, un rōnin au passé trouble ayant scellé son sort à celui de l'enfant en devenant son garde du corps malgré le noeud de paix empêchant son sabre de quitter son fourreau.

Animation traditionnelle et tridimensionnelle se marient à merveille dans cette épopée spectaculaire et violente, la grâce des combats dantesques n'ayant d'égal que leur fureur. Le premier duel est à ce titre un modèle du genre, et permet de poser les jalons d'une stylisation qui conjugue esthétisme et efficacité. Las, une fois les phases d'action terminées, la conduite narrative piétine malgré une volonté salutaire d'inscrire les personnages dans une histoire solide, et le film s'en retrouve à perdre énormément de son rythme des débuts pour le retrouver seulement à la fin. Quelques coupes abruptes dans le montage étonnent et le choix d'avoir limité la bande originale à un seul morceau de musique, pas désagréable en soi mais lourdement répétitif, n'est guère convaincant. Un coup d'essai concluant en attendant le coup de maître.

Rang : C



The Other Man  

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Liam Neeson n'est pas content. Il a des envies de meurtres. C'est décidément une habitude puisqu'il a récemment expédié six pieds sous terre les kidnappeurs de sa fille dans l'énergique Taken. Cette fois, c'est Antonio Banderas qu'il veut clouer au pilori pour avoir eu l'indélicatesse d'entretenir une liaison avec sa femme. D'autant que la dame a plié bagage, laissant notre malheureux irlandais dans le désarroi le plus complet. La vérité lui échappant, lui qui pensait connaître celle qui partageait sa vie depuis vingt-cinq ans, Neeson se lance dans une course contre le temps, retenant la fureur de son courroux tant que faire se peut afin de découvrir à travers son ennemi les pièces manquantes d'un puzzle où amour et trahison forment le tableau final.

Richard Eyre adapte une nouvelle de Bernhard Schlink mais se montre très rapidement à court d'arguments pour rendre The Other Man à la hauteur de nos espérances. Dire du face-à-face entre Neeson, à côté de la plaque, et Banderas, grimé une fois encore en latin lover stéréotypé, qu'il manque cruellement d'originalité (les deux hommes s'affrontant autour d'un échiquier, en voilà une idée excentrique !) n'est qu'une partie du problème. La mise en scène est poussive et répétitive à souhait, d'autant que le film se perd très rapidement dans la confusion de ses retournements de situation au point de laisser les personnages sur le carreau. Et nous avec.

Rang : D

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Looking for Eric  

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Ken Loach est un cinéaste qui aime à s'intéresser à un fait local s'appliquant à la communauté internationale. Il le dit d'ailleurs lui-même, sa griffe est avant tout un travail constant sur le microcosme / macrocosme de la pensée humaine, quelque soit le sujet qu'il aborde. Son cinéma engagé et contestataire est avant tout humaniste, et a fait de lui l'un des réalisateurs majeurs de la scène européenne avec des films ayant souvent atterri au Festival de Cannes. Tout comme Looking for Eric, dernier bijou du prodige anglais.

Pourtant Looking for Eric est une exception. Un film qui ne se range dans aucune catégorie de la filmographie de Loach, un à-côté à la saveur particulière car le projet ne vient même pas de lui. A contre-courant de tout ce qu'il a fait jusqu'à présent, Loach s'est en effet laissé convaincre par le footballeur et ex-vedette de Manchester United Eric Cantona de mettre en images une ébauche de scénario sur lequel le mythique numéro 7 des Red Devils avait planché pendant des années avec ses frères. Pour le réalisateur du récent It's a Free World, un passionné de football et un ardent supporter de l'équipe de Bath City (ville dans laquelle il réside depuis près de trois décennies) la passe était trop belle pour ne pas prendre la balle au rebond et la mettre au fond des filets. Inspiré par la personnalité de feu de Cantona et de toute la mythologie l'entourant, Loach s'est impregné de ses écrits, de son aura légendaire et de son Oeuvre en tant que sportif de haut niveau pour nous livrer aujourd'hui un film débordant de tendresse pour un univers trop souvent assimilé au hooliganisme en Grande Bretagne.


Il devient très rapidement clair que le "Eric" du titre n'est pas le footballeur mais le personnage interprété par Steve Evets, véritable tête d'affiche du film. D'ailleurs la bande annonce montrera la majeure partie des apparition de Cantoch', présent ici à la fois en tant que convocation mentale dans des séances de coaching particulières et en même temps pour insuffler la personnalité du géant français en la mettant en exerbe avec celle de son supporter, un père dépassé, perdu dans les méandres de ses échecs sentimentaux, à la merci d'un gang organisé, proche du point de rupture. Ce mal-être va être le point de départ de deux histoires poignantes conjuguées en une seule, à la fois tragique et romantique, d'un homme livré à ses faiblesses et incapable de faire le deuil d'une très vieille histoire d'amour qui donna naissance à une petite fille devenue grande maintenant.

Et puis la "magie Cantona" fait son effet, celle de Loach également : se mêlent et s'emmêlent un vibrant hommage au roi Eric, jouant de son image avec beaucoup d'autodérision, ainsi qu'une comédie sociale bourrée d'humour et d'amour, teintée d'un vernis dramatique électrisant l'air et apportant un second souffle euphorique, parce qu'énergique. Les malheurs d'un Eric se confrontent aux bonheurs de l'autre, avec une habileté et une ingéniosité à user d'images d'archive, avec ce savant dosage à distiller les sentences philosophiques ayant aussi rendu célèbre Cantona en dehors des terrains (aaah, les fameuses sardines !) au point de devenir un véritable moteur de l'action.


Ce discours double fait la force du long métrage, car il associe à cette histoire touchante et bouleversante une parabole au football, avec cette idée que Looking for Eric est une histoire sur l'amitié et l'esprit d'équipe, avec cette envie évidente de Loach de faire l'éloge de la solidarité et de l'acceptation de soi, avec cette volonté de critiquer l'individualisme, bref à brosser un portrait à peine maquillé en drame social des valeurs essentielles d'une bonne équipe de football. La déclaration d'amour pour ce sport est d'autant plus grande qu'elle n'est pas frontale. Le duo des deux Eric fonctionne à merveille, apportant cette touche d'humour venant adoucir les contours d'un film qui manque souvent de rythme et verse parfois dans la noirceur et la violence comme pour rappeler que la part fantastique s'inscrit néanmoins dans un cadre réaliste, celui d'une Angleterre avec ses étoiles et ses éclipses. Gageons qu'Eric Cantona, impressionnant dans son propre rôle, fasse parti des astres que l'on oubliera pas avec un film comme celui-là.


En bref : A la fois sombre et éclairé, comédie pleine de tendresse et d'humour en même temps que drame social, histoire romantique et magnifique déclaration d'amour au football, Looking for Eric impressionne par son habileté à juxtaposer plusieurs clivages sans jamais perdre le chemin des filets. Un sacré but marqué par le cinéaste Ken Loach.

Rang : B

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La Nuit au musée 2  

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Et si une ancienne tablette égyptienne avait le pouvoir d'insuffler la vie à toutes les créatures inanimées d'un musée chaque fois que le soleil file sous la couette ? C'est le postulat de base de La Nuit au musée, énorme carton de 2007 (250 millions de dollars de recette chez l'Oncle Sam, 2,2 millions de spectateurs dans l'hexagone) justifiant la mise en chantier d'un second opus, aujourd'hui sur nos écrans.

Ben Stiller et toute la clique présente dans le premier volet rempilent dans cette suite qui se veut plus grande, allant plus loin, et démesurément plus drôle. Deux ans après avoir rendu sa lampe-torche, Ben s'ennuie à mourir dans son costard trois pièces à faire des affaires. L'arrivée d'un nouveau personnage maléfique et l'appel à l'aide de ses anciens amis, déportés pour la plupart à la National Art Gallery, obligera notre vétéran de choc à remettre sur ses épaules la tenue de gardien de nuit.

Moins ambitieux scénaristiquement que le premier film, La Nuit au musée 2 n'en réussit pas moins à tenir son contrat en offrant un spectacle divertissant et rythmé, avec son florilège de personnages secondaires et de références cinématographiques cocasses (Shawn Levy semble apprécier tout particulièrement Star Wars et 300). La délicieuse Amy Adams permet à Stiller de se sentir moins seul en cavalant à ses côtés dans les couloirs des musées et des sous-sols, même si la pseudo-romance n'apporte concrètement pas grand chose. Les effets spéciaux, majoritairement réussis, permettent au long métrage de trouver un souffle épique qui amusera petits et grands même si les allergiques aux comédies familiales passeront leur chemin. Mais après tout, le spectateur allant voir un blockbuster de ce genre sait à quoi s'attendre, ou alors cela reviendrait à aller à un concert de Metallica en leur demandant de baisser le son parce qu'ils font trop de bruit. Ici, c'est Alan Silvestri (le compositeur attitré de Robert Zemeckis) qui régale les oreilles, et on ne s'en plaindra pas. Ni du reste, d'ailleurs.

Rang : C

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Confessions d'une accro du shopping  

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Se voulant dans la lignée du Diable s'habille en Prada avec une zest de Bridget Jones, le tout saupoudré de quelques pincées de Revanche d'une blonde, Confessions d'une accro du shopping n'en a ni la classe ni les arguments pour soutenir un instant la comparaison. Isla Fisher a beau se débattre comme une diablesse pour donner du corps à son personnage à mi-chemin entre l'opportuniste écervelée et la bimbo hystérique, son peps et son mordant n'empêchent pas l'écumage en grande pompe des clichés les plus réccurents dans les chick flicks (comprendre "films de fille").

Dans la peau de Becky Bloomwood, une journaliste incapable de se contrôler devant une vitrine Gucci au point de vider ses douze cartes de crédit à chaque fois, la future madame Sacha Baron Cohen (dernièrement vue dans Un jour, peut-être) sème un vent de folie dans un genre de plus en plus présent sur le paysage cinématographique américain (on aurait pu citer en autre exemple le récent passage de Sex & the City sur grand écran). Cette démesure amène le réalisateur P.J. Hogan (Le Mariage de mon meilleur ami) à poser des questions intéressantes (le besoin pour une femme de trouver une carrière davantage qu'un homme, la spirale infernale du surendettement, l'un des nombreux vices du capitalisme à pousser à la consommation) sans jamais prendre le temps d'y répondre. Tout n'est que prétexte à enchaîner gags et situations burlesques, pas forcément désagréables mais trop rarement hilarantes, dans lesquelles le numérique s'invite parfois afin de masquer les carences d'une mise en scène aussi plate que monotone, sans y parvenir pour autant.

Ce long métrage étant l'adaptation fidèle du premier des cinq ouvrages écrits par Sophie Kinsella, croisons les doigts pour ne pas voir fleurir quatre suites du même acabit, à moins de vouloir économiser sur votre budget somnifères.

Rang : D

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Millénium, le film  

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Difficile de passer à côté du phénomène littéraire "Millénium", la trilogie de Stieg Larsson s'étant vendue à plus de dix millions d'exemplaires dans le monde, dont presque trois millions rien qu'en France. Il est dès lors inévitable que le cinéma s'empare de l'oeuvre, les billets de banque à engranger étant un leitmotiv réccurent pour passer de l'écrit à l'image. Et c'est le danois Niels Arden Oplev qui s'y colle, adaptant le premier tome intitulé Les hommes qui n'aimaient pas les femmes.

Tout commence avec une sale affaire, une accusation du journaliste droit et réputé du magazine Millenium, Mikael Blomkvist, dit "Super Blomkvist". Une accusation qui amènera les tribunaux à le condamner à trois mois de prison ferme pour diffamation. C'est cher payé quand on a été piégé. Cela n'empêche pas le très important industriel suédois Henrik Vanger de faire appel à lui pour élucider une histoire de meurtre et de disparition vieille de plusieurs décennies. D'abord parce qu'il est le meilleur. Et ensuite parce qu'il a connu la victime alors qu'il était aussi haut que trois sacs de patates. Vanger étant persuadé que le coupable se cache parmi les membres de sa famille, il lui fallait s'assurer de la droiture de Blomkvist, ce pour quoi il fit engager Lisbeth Salander, une hackeuse plus que qualifiée quand il s'agit de trouver des informations à travers son écran d'ordinateur. Les deux investigateurs vont alors s'unir pour découvrir la vérité, au péril de leur vie.

Une histoire solide et tendue propice à faire de ce Millénium, le film un bon thriller, ce qu'il est indubitablement. D'autant qu'en guise d'ingrédients de qualité, les acteurs complètent à merveille la recette. Seulement n'est pas grand chef cuisinier qui le veut, et il est certain qu'un réalisateur d'une trempe plus al dente que Niels Arden Oplev aurait transformé le téléfilm luxueux en orgasme cinématographique 4 étoiles. Le peu d'intuitions artistiques n'arrive pas à illuminer les scènes de violence, sexuelles et physiques, au point de rendre la majeure partie d'entre elles superflues. L'atmosphère se voulait glauque, mais il aurait fallu mitonner un peu plus de suspense pour écarter les évidences et conjuguer art de la narration et génie. On en est hélas très loin, mais il faudra s'en contenter.

Rang : C

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Anges et démons  

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D'aucun disent que Da Vinci Code était un raté monumental. A y regarder de plus près pourtant, le film de Ron Howard avait fière allure, car quelque soit sa qualité en tant qu'adaptation (le principal -sinon le seul- reproche formulé avec récurrence), en tant qu'objet cinématographique il tenait amplement la route sans être transcendantal.

Le réalisateur de Willow et du récent (et réussi) Frost / Nixon, l'heure de vérité récidive en adaptant à l'écran un autre roman de Dan Brown, Anges et démons. Il est question pour le professeur Robert Langdon, toujours interprété par Tom Hanks, de déjouer le complot ourdi par les Illuminati, une secte en marge du Vatican animé par le désir de vengeance depuis des siècles contre l'Eglise catholique après avoir été traquée par ses représentants. L'éminent spécialiste de l'étude des symboles devra empêcher l'assassinat des quatre cardinaux en lice pour porter la coiffe de grand manitou et la destruction de Rome, menacée par un dispositif suffisamment chargé en anti-matière pour que les enfants de Dieu rejoignent leur créateur. Amen. Langdon sera aidé dans sa croisade par la ravissante Vittoria Vetra (Ayelet Zurer), une scientifique à l'origine de la bombe bien malgré elle.

Howard semble avoir compris que sa mise en scène un brin trop minimaliste dans le premier opus devait s'étoffer pour donner à cet Anges et démons un élan plus généreux et moins paresseux. Son film témoigne effectivement d'une maîtrise salutaire, tant du point de vue de la mise en scène que de la narration. Moins chargée d'effets sonores, le cinéaste a également levé le pied sur la présence de la musique, auparavant incessante jusqu'à l'épuisement. Ce nouvel épisode possède un emballage plus alléchant, grâce à sa myriade d'acteurs tous plus excellents les uns que les autres (le phrasé d'Ewan McGregor, très shakespearien, est délectable) et sa photographie crépusculaire et somptueuse, mais les facilités scénaristiques ne plaident pas en sa faveur. L'histoire, bien moins ambitieuse que celle de Da Vinci Code, intéresse sans passionner, et l'on aurait aimé une intrigue bien moins alambiquée d'autant qu'elle ne brille pas pour son originalité. Une suite qui tutoie d'un peu plus près les anges mais conserve hélas quelques vieux démons.

Rang : C

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[Box Office semaine 19] Wolverine : toutes griffes dehors !  

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Un cruel manque de temps ces derniers jours m'a empêché d'aller au cinéma pour voir les film sortis cette semaine. C'est bien la première fois depuis la création de CinéBlog que cela arrive. Ne vous en faites pas, Millenium et Anges & Démons seront bientôt chroniqués sur votre blog de cinéma préféré, une fois le temps trouvé pour aller les voir.

La bonne nouvelle est que Jusqu'en enfer ayant occupé entre autres l'une de mes soirées, je vous réserve une critique frissonnante du film très attendu de Sam Raimi. L'autre bonne nouvelle, c'est que votre rendez-vous hebdomadaire avec le box-office ne sera pas sacrifié sur l'autel de la paresse, car c'est maintenant que ça se passe !


The Top :
  • Bon courage à qui voudra mettre le fauve en cage... X-Men Origins : Wolverine ne s'en laisse pas découdre, et squatte les cimes du box-office pour la seconde semaine consécutive malgré une baisse de fréquentation de presque 50%. Ma langue finira peut-être au Pays des Merveilles, mais les biftons engrangés eux iront directement dans la poche de Marvel, de quoi réjouir les aficionados des films de super-héros !
  • Star Trek réalise l'un des meilleurs démarrages de l'histoire de la saga. La prouesse est donc de taille quand on sait qu'une dizaine de films jalonne l'histoire du cinéma. Un film qui devrait sans mal atteindre le million de spectateurs dans les prochaines semaines, ouvrant ainsi avec brio le bal des blockbusters américains squattant nos salles cet été.
  • L'adaptation du roman d'Anna Gavalda démarre plutôt bien : 311 476 fauteuils occupés, voilà qui a de quoi réjouir les passions mélancoliques de certains d'entre nous. Je l'aimais mérite les 10 € qu'on pourrait avoir à dépenser tant il passe comme un rêve...
  • Incognito, OSS 117 : Rio ne répond plus, Coco avant Chanel, et Dans la brume électrique continuent de squatter le Top 10 sans peine. Le succès étant leur point commun, gageons que le cinéma français se porte bien sur nos terres !

The Flop :
  • Pour un film de la trempe de Good Morning England, 182 517 fauteuils occupés, c'est peu. Mais la bonne presse et le plébiscite de la part des internautes créant un buzz autour du film de Richard Curtis risque fort bien de changer la donne dans les jours à venir. On tient les paris ?
  • Le manque de copies (144) n'aide pas beaucoup Un mariage de rêve à trouver un public conséquent. Un bon film qui aurait mérité un bien meilleur sort. Faut croire que c'est rageant de voir les anglais faire des comédies plus drôles que les nôtres.
  • Après deux semaines d'exploitation, Romaine par moins 30 et Le Missionnaire n'arrivent pas à passer le cap des 200 000 entrées. Une carrière peu glorieuse s'annonce pour ces films sur nos terres...
  • Le bide de la semaine est attribué à Commis d'office, vingtième du classement avec 33 763 spectateurs. Roschdy Zem n'est pas très "go fast" sur ce coup. Ou alors si, mais dans le genre "un petit tour et puis s'en va".

On se quitte sur cette petite pique acerbe et l'on se retrouve comme d'habitude la semaine prochaine avec toujours plus d'entrain à vous faire de jolis tableaux ! On dit "merci" qui ?

Good Morning England  

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Rang : A

En bref : Rock 'n' roll !

Pour un film rock 'n' roll, il fallait une critique rock 'n' roll. Good Morning France, vous êtes sur CinéBlog. Je suis Azariel, votre DJ de la critique le temps d'un article. Et c'est de Good Morning England que je vais vous parler. Mettez vos lunettes noires, mettez-vous un bon CD des Stones ou des Stooges, montez la sono', and let's go.

Soyons clairs (comment ne pas l'être en ayant commencé cet article par la note ?), Good Morning England est une véritable bouffée d'air frais. D'une mélancolie surannée qui caresse l'échine d'un film nimbé d'un grain de folie, l'hymne à la liberté éclaire les entrailles d'une Angleterre des sixities déjà médusée par la naissance du doux son contestataire. Poésie surréaliste et engagée se mêle au rythme endiablé issu du blues et du jazz. Sur un bateau pirate où l'on aime la Reine mais pas ses lois, les musiques de légende hurlent à foison. Le chant de cygne est pour ceux qui ne vivent plus avec leur temps, et le temps n'est plus à l'isolation dans un carcan moral pour le coup périmé. Glamour et musique bouent dans les veines des jeunes gens, la révolution était en marche et aucune interdiction ne pouvait empêcher cela.

Il fallait un réalisateur rompu à l'exercice du film choral pour permettre à tous ces DJ ne co-exister dans ce bateau radio afin que règne l'égalité de traitement entre les personnages alors que la mise en scène se devait d'être à l'image de son message. Qui de mieux que Richard Curtis, scénariste de renom, dont le premier essai fut une véritable réussite. Depuis Love Actually, il préparait ce coup en douce pour mieux fendre l'air du son des guitares. Son instrument : la caméra à l'épaule, virevoltante, psychédélique, à l'image de la musique qu'elle tente de saisir dans un cadre. Reste à son amour pour le bon vieux rock britannique d'antan de mener la danse, et de nous entrainer dans cette folie démesurée où l'orgasme s'attrape avec les yeux, les oreilles, et le coeur.



La générosité du propos fait la force de la partition de Curtis. Pleine et entière, elle vibre dans chaque fibre du long métrage, avec cette démence douce-amère qui brutalise notre aphasie naturelle pour nous rappeler au bon souvenir de la candeur infantile voilée par le quotidien et la noirceur des paysages sombres belliniens.

A la faveur d'une bande originale où se croisent The Who, Hendrix, Otis Redding, The Beach Boys, ou encore Paul Jones, Good Morning England rappelle le meilleur d'un temps où la musique rock était un plaisir et un cri. Il fallait un casting hors norme pour donner vie à cette lutte entre le gouvernement et ses opposants, d'où la présence de la quasi-totalité de la crême de la crême anglaise. Ces seigneurs de la comédie anglaise donnent leur envol à leur personnage farfelu, de Bill Nighy à Nick Frost en passant par le délirant Rhys Ifans. Ils arrivent à rendre cette abberation cinématographique aussi excitante que dantesque, qu'ils cabotinent ou qu'ils électrisent chaque centimètre de pellicule. C'est pourquoi ils sont tous irrésistibles. Même Kenneth Branagh tire son épingle du jeu et communique cette joie insensée dans la peau de ce ministre antipathique mais hilarant, véritable ronce dans la haie verdoyante de Radio Rock. Chacun a pris du plaisir et arrive à le communiquer à travers l'écran.



D'autant que le film durant plus de deux heures, il fallait maintenir le groove à flot avec un scénario volontairement déstructuré, aux antipodes d'une construction formaliste. Il n'en gagne que plus de sincérité et d'extravagance, la fantaisie de la mise en scène contaminant l'oeuvre jusque dans son essence matérialiste. Et le coup de génie a été de nous introduire à cet univers à travers les yeux d'un jeune novice, à la recherche de ses premières émotions sensuelles, puis gagné par l'effervescence planant autour de ces êtres nostalgiques avant l'heure. Le débordement d'énergie évite le trop-plein grâce au savoir-faire indéniable de Curtis, usant sans l'user du split screen pour convier le spectateur à s'émerveiller devant tant de fureur et de passion. Même les baisses de rythme s'avèrent salutaires, à l'image du rock, où l'alternance permet de mieux apprécier les moments forts pour prendre le temps de respirer quand la vague fait son chemin.

Véritable célébration d'un genre musical qui perdure depuis un demi-siècle, Good Morning England n'oublie pas pour autant d'être anglais, avec cette touche d'humour donnant la banane entre deux couplets. L'absurdité polyvalente favorise l'exode vers le trip de l'insolence et de l'irrévérence, les décibels cotoient les néréides croisées en pleine mer en compagnie d'un équipage se délectant des interdits. Un film rock construit de manière rock où règne un esprit rock. On en attendait pas moins.



Je l'aimais  

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A la lecture du roman d'Anna Gavalda, on pourrait s'étonner de ne pas voir figurer au casting un acteur comme Vincent Lindon tant le rôle de Pierre semble taillé sur mesure pour lui. Tant pis, Daniel Auteuil est tout aussi flamboyant dans les habits d'un homme flétri, rongé par le doute et la culpabilité d'avoir un jour connu la femme de sa vie et de n'avoir su la retenir lorsque le chemin arpenté par les amants s'oblitéra. Cette histoire d'amour passionnée et romanesque, Pierre la raconte à sa belle-fille Chloé (Florence Loiret-Caille, bouleversante de fragilité), fraîchement larguée par son mari. Un secret qui le hante depuis une vingtaine d'années, un poids lourd à porter, un miroir tendu vers ses contradictions et sa lâcheté.

En adaptant Je l'aimais, Zabou Breitman donne à voir le plein sens du mot "douleur". Si le début est extrêmement poussif, la caméra collant aux corps et aux visages des personnages sans que l'on ne sache dans quelle direction nous allons, le premier flashback narrant la rencontre entre Mathilde et Pierre permet à l'objectif de coller aux coeurs. Marie-Josée Croze y est radieuse de beauté, et pourtant il se dégage de son être une aura de mélancolie et de tristesse qui donne la pleine mesure de toute l'intensité entre ces deux âmes déchirées par les sentiments qui les animent. Loin de dessiner le portrait de deux écorchés vifs, Zabou préfère jouer sur l'incandescence des sentiments, avec pour feu dévorant la notion d'engagement qui plus qu'une toile de fond, devient le patriarche des tourmentes incessantes d'un homme qui naquit en aimant et mourut de n'avoir su aimer. Un film aussi chavirant qu'émouvant.

Rang : B

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[Box Office semaine 18] Un coup de griffe sur le box-office !  

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Je sais pas vous, mais j'éprouve bien moins de plaisir à aller au cinéma ces temps-ci. L'été arrivant, chemin faisant, il devient de plus en plus dur d'aller m'enfermer dans une salle alors que je pourrai profiter du beau temps...

...meuh non j'déconne ! Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il fasse beau, le cinéma ça n'attend pas ! Et avec la belle semaine côté programmation que nous vivons avec Star Trek, Good Morning England, Je l'aimais, et Un mariage de rêve, il y a de quoi aller s'enfermer ! La camisole me guette ?


The Top :
  • Pas vraiment une surprise qu'X-Men Origins : Wolverine soit un tel succès : le personnage le plus célèbre de la franchise X-Men méritait bien son spin-off, même si le résultat est très en deçà du résultat escompté. Ma langue au Chat de Chester qu'il triplera la mise sur notre territoire en fin de carrière.
  • Incognito ne se contente pas uniquement des miettes laissées par le film de Gavin Hood : avec 450 026 billets vendus, les débuts de Benabar au cinéma trouvent leur public.
  • La barre des deux millions d'entrées est enfin dépassée par OSS 117 : Rio ne répond plus, témoignant de l'affection des français pour la franchise. En attendant le dernier opus !
  • Continuant sur leur lancée, Coco avant Chanel, 17 ans encore, et Dans la brume électrique dépassent quant à eux les 500 000 spectateurs. Trois films qui font recette malgré la morosité ambiante au box-office cette semaine (plus faible nombre de billets vendus depuis le début de l'année).

The Flop :
  • Le Missionnaire et Romaine par moins 30 ont beau figurer dans le Top 10, les quelques 100 000 intéressés pour chaque font bien pâle figure face aux nouveautés squattant les cimes du box-office. Entre un humoriste trop peu apprécié derrière une caméra et une actrice ne faisant pas très souvent recette lorsqu'elle est en tête d'affiche, on ne s'en étonne guère.
  • Les histoires de bonnes soeurs, ça n'intéresse personne. Pas même quand elles vendent plus de disques qu'Elvis. Ceci expliquant la onzième place avec 82 541 fauteuils occupés de Soeur Sourire et ses 284 copies. Je connais une Cécile qui va tirer la tronche.
  • Il y a donc des psychopathes pour prendre le risque de poser leurs fesses devant Meurtres à la St Valentin ! 67 859 même ! Et ben, je ne savais pas mes compriotes aussi disponibles pour avoir du temps libre à gaspiller. Allez travailler plutôt, paraît qu'on gagne plus après.
  • Still Walking continue de provoquer le désintérêt général à notre plus grand dam. Seulement 70 430 billets vendus après deux semaines d'exploitation, c'est tellement peu pour la bombe en puissance qu'a lâché Kore-Eda sur la planète cinéma...

Sur ces quelques mots, je vous quitte. J'éprouve bien moins de plaisir à écrire sur CinéBlog ces temps-ci. L'été arrivant, chemin faisa[...]. Comment ça, on vous la fait pas deux fois ?

Star Trek  

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Avez-vous déjà tenté de marcher sur des oeufs en essayant de n'en casser aucun ? Jamais ? Y'en a que ça amuse pourtant. J.J. Abrams par exemple : il relève le pari fou de relancer une saga vieille de 43 ans (si l'on part du premier épisode d'une série créée par Gene Roddenberry) avec la ferme intention de séduire les réfractaires à la franchise sans heurter les puristes les plus impatients de retrouver (ou découvrir, pour les plus jeunes) les aventures de James T. Kirk et de l'équipage de l'U.S.S. Enterprise. Impossible, direz-vous ? Probable, sauf que "impossible" n'est pas J.J..

Le créateur des séries à succès Felicity, Alias et Lost, les disparus n'en est pas à sa première tentative lorsqu'il s'agit de reprendre le flambeau puisqu'en 2006 il réalisa Mission : Impossible III, donnant suite aux films de Brian De Palma et John Woo. Le meilleur de la trilogie diront certains. Et comme si le curriculum vitae n'était pas déjà suffisamment éloquent, Abrams est aussi l'heureux producteur de la grande réussite que fut Cloverfield, réalisé parait-il par un certain Matt Reeves. Pour un peu qu'on lui en retire la paternité du film tant ce dernier transpire la patte d'Abrams, il n'y a qu'un pas. Histoire de mettre les points sur chaque "i", rappelons qu'il est également scénariste (à l'origine du script de Forever young de Steve Miner) et compositeur ! (de la musique de Nightbeast, une série Z de science-fiction, aux thèmes de Felicity, Lost, les disparus, et Fringe) En somme, il est à la charge d'un génie de l'entertainment et d'un passionné de fantastique de faire revivre le mythe Star Trek. Bonne pioche ?

Sisi, je vous assure : c'est bien Star Trek, pas Star Wars !

Ils sont tous là : Kirk, Spock, Scotty, McCoy, Sulu, et même Uhura, un rôle qui marqua l'histoire de la télévision américaine pour être l'un des premiers de cette importance qui soit tenu par une Afro-Américaine. Il était important de retrouver tous les personnages qui ont fait la renommée de la saga, même si les rôles de Kirk tenu par William Shatner et Spock interprété par Leonard Nimoy (présent dans ce Star Trek) ont toujours toujours eu une importance plus accrue. Dans une note d'intention, J.J. Abrams demande d'ailleurs à son équipe : "Aussi fascinants soient-ils, les vaisseaux ne seront jamais aussi importants que leurs équipages. Si l'action et l'aventure sont palpitants, c'est parce que vous vous prenez d'affection pour les personnages." Il lui fallait donc un casting de qualité, ce qui est le cas et assurément l'un des points forts du long métrage : de Zachary Quinto (le vil Sylar de la série Heroes) en Spock à Simon Pegg en Scotty, de Karl Urban en McCoy à Eric Bana en Nero (sisi, c'est bien Bana !), chaque acteur est dans le coup et aucun ne s'impose plus qu'un autre. Une bonne chose.

En revanche, c'est avoir une vision quelque peu biaisée de l'univers Star Trek et plus généralement du space opera que d'attacher autant d'importance aux personnages au point de sacrifier les batailles de vaisseaux spatiaux. Alors certes, l'U.S.S. Enterprise est bien là, de même que le scénario ne se prête pas vraiment à ce qu'une bataille haletante ait lieu. Mais ce rapport de force déséquilibré entre le vaisseau des romuliens et ceux de la Fédération empêche d'injecter de l'intérêt et du suspense aux joutes spatiales. Pire encore, l'on se retrouve avec le vaisseau phare de la flotte humaine totalement démythifié, pourtant le plus sophistiqué de leur histoire. Star Wars avait su conjuguer et marier à merveille les deux, ce n'est pas le cas de Star Trek version J.J. Abrams.

Non, ce n'est pas l'U.S.S. Enterprise : vous ne savez pas lire ?!

Que nous reste-t-il dans ce cas ? L'exploration de planètes inconnues ? Pas vraiment. Une rixe dans un bar, quelques courses-poursuites, une séquence de parachutage palpitante, une baston à l'épée, au pistolaser, bref, une majorité des ingrédients nécessaires pour faire d'un space opera une belle réussite. Un peu cliché quand même. Passons. D'autant que le script s'attache avant tout à développer l'amitié naissante et indéfectible entre Kirk et Spock, de manière totalement inédite. Il n'en demeure pas moins qu'il plane une impression constante de "premier d'une nouvelle série", Star Trek ne ressemblant scénaristiquement qu'à une gigantesque bande-annonce bourrée d'effets spéciaux de ce qui va potentiellement suivre (Star Trek 2 est par ailleurs déjà annoncé). En somme un stand-alone qui ne se suffit pas à lui-même, mais qui par un ingénieux (quoiqu'un brin trop facile) erase & rewind permet l'air de rien de faire un reboot complet de l'épopée. Et l'on comprend la nécessité de la présence de Leonard Nimoy : "Nous voulions Leonard Nimoy pour établir un lien avec la série originale, mais nous savions que c'était risqué parce qu'il avait dit qu'il ne jouerait plus jamais dans un seul film Star Trek" dixit le producteur Damon Lindelof. Le reboot (très en vogue en ce moment aux Etats-Unis) n'en gagne que plus de crédit et passe ainsi comme une lettre à la Poste. Très astucieux.

Il est certain qu'Abrams réussit à respecter les codes de la saga tout en insufflant un vent de modernité, dépoussiérant le mythe sans jamais le trahir. Aucun temps mort n'est à déplorer, la conduite narrative est rythmée, le spectacle bien rôdé. Et pourtant, la superficialité de l'oeuvre, commerciale par essence, laisse dubitatif. S'il est clair que Star Trek est un solide divertissement, il n'est hélas rien de plus. Du point de vue de la mise en scène, Abrams n'a pas la virtuosité d'un Ridley Scott ni l'inventivité d'un Lucas, et bien que passionnée, la copie rendue paraît un poil arrogante. L'univers revisité aurait mérité un peu plus de considération et de profondeur, et le spectateur davantage amené à faire travailler ses neurones. C'est aussi ça, la bonne SF.

Vous en faites pas : il va y avoir des tas de mondes à explorer prochainement !


En bref : Il est indéniable que Star Trek est un solide divertissement, rythmé et ébouriffant, doublé d'une ingénieuse excuse pour faire prendre un nouveau démarrage à la saga. Pourtant, tout paraît trop facile : du scénario avec ses paradoxes temporels tirés à quatre épingles, à la mise en scène, conventionnelle et superficielle. En résulte un blockbuster comme on en voit souvent, plaisant mais convenu. On a vu des films de commande avec plus de caractère que celui-là.

Rang : C

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Un mariage de rêve  

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Il est beau, jeune, avec un charme fou, et de bonne famille. L'homme idéal. Elle est belle, aventurière, un tempérament de feu, et elle sait tenir un volant. La femme idéale. Une course gagnée, un regard croisé, et ni une ni deux John tombe follement amoureux de Larita, l'épouse, et la ramène en Angleterre pour la présenter à ses parents. Une étape que tout le monde craint, à juste titre concernant Larita : si le père semble sous le charme derrière le masque de l'aigreur mélancolique, la mère, une anglaise autoritaire tout ce qu'il y a de plus détestable, ne cache pas son aversion pour la jeune femme. S'en suit une guerre de piques vâchardes et de coups bas viscieux dont le vainqueur ressortira avec le gros lot : John.

Les choix musicaux donnent tout de suite le ton : exit la gentille bluette sage et solidement attachée à suivre les conventions d'un genre qui se veut par essence attendu au tournant quand il s'agit de reconstitution historique et d'histoire d'amour romanesque. Stephan Elliott n'a pas repris sa caméra dix ans après l'avoir laissé pour faire comme tout le monde. Il ne serait pas le réalisateur de Priscilla, folle du désert, sinon. Un mariage de rêve, c'est un tango permanent, un protocole cinématographique dynamité pour mieux le dynamiser à mille lieues du marasme accablant les comédies françaises. La touche so british, avec cette pincée d'humour noir et de dialogues aussi percutants qu'incisifs, n'est pas étrangère à cette réussite. Et si l'on aurait aimé la guerre plus dévastatrice entre les deux femmes, si la révélation du passé de Larita, incarnée par une Jessica Biel épousant à merveille son rôle (après tout, elle est la seule américaine de l'équipe de tournage) et ses robes (n'en déplaise aux messieurs), ne fait pas suffisamment mouche bien que cela ait le mérite d'emmener le script quelque part, il n'en demeure pas moins que cette adaptation d'une pièce de Noël Coward séduit par son audace et sa verve acerbe.

Rang : B

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Incognito  

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Si vous vous demandiez si Bénabar est meilleur acteur qu'il n'est chanteur, Eric Lavaine propose de répondre à cette question en faisant de lui la vedette d'Incognito. Cette comédie marque donc les débuts du thiaisien devant la caméra, qui pour l'occasion est également scénariste et compositeur de l'intégralité de la bande originale. Comprendre "allergiques à Bénabar s'abstenir". Il incarne avec peps et mordant un jeune contrôleur de la RATP qui se rêvait chanteur jusqu'au jour où le carnet de chansons d'un ami qu'il croyait disparu l'amène sur les sentiers de la gloire.

Pour lui donner la réplique, Jocelyn Quivrin et Franck Dubosc. Les deux compères s'avèrent devenir de très bons compagnons de jeu qui apportent chacun à leur manière une dynamique, lié aux quiproquos et à la dérision pour l'un, au burlesque voire au rocambolesque pour l'autre. Les duos se font, se défont et se refont au gré d'un scénario qui, s'il ne brille pas pour sa vraisemblabilité, n'en est pas moins propice au comique de situation. Seulement voilà, malgré la présence de ces trois acteurs, Incognito sent bon l'éternelle délectation morose. D'abord du point de vue de sa mise en scène, sans surprise ni folie, un peu comme le ton du film, qui se contente au mieux de montrer de temps en temps les fesses de Dubosc. Maigre consolation. Et puis, si certains dialogues font mouche, c'est parce que le minimum d'intrigue que l'on exige d'un film a été sacrifié sur l'autel de la satire un brin trop tapageuse et pas suffisamment pernicieuse pour que cocasse et critique acerbe fassent un mariage dont la robe de mariée ne soit pas uniquement cousue de fil blanc. Et malheureusement, ce genre de défaut ne passe pas incognito.

Rang : C

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Le Missionnaire  

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Si l'on oublie le dialogue politique sous-jacent bien gauchiste inhérent aux productions Besson (se souvenir de Banlieue 13 Ultimatum), il y a du bon dans Le Missionnaire. A commencer par Jean-Marie Bigard et David Strajmayster.

Le premier, dans un rôle à la Jean Reno, arrive à concilier son entrain pour la boutade vacharde et le langage poétique afin de les mettre au service d'un humour qui se veut très décalé : imaginez un taulard se planquant dans les habits d'un curé pour échapper à ses ex-associés et qui, par la force des choses, devient la coqueluche du petit village de l'Ardèche dans lequel il s'est réfugié. C'est peu commun ! Dommage que le scénario n'aille pas plus loin que cela, finissant par tourner à vide passé la première demie-heure.

Le second, dans la droite lignée de ses compositions de folle furieuse dont nous avons l'habitude depuis la série Samantha, Oups !, incarne un prêtre (un vrai cette fois), le frère de Bigard de surcroît. En étant tenté par le malin, Doudi apporte cette touche d'humour nécessaire pour ne pas voir le long métrage de Roger Delattre devenir un one-man show calibré pour ne faire rire essentiellement que les fans de l'humoriste français à la verve et au verbe léché. C'est tout de même "légèrement beaucoup" le cas, cependant.

Quant à la mise en scène, elle est à l'image du reste : sans prétention, mais suffisante pour faire tenir la route à ce Missionnaire, évitant de nous faire tomber dans le monotone et empêchant le grotesque de tenir la comparaison à la vulgarité bigarienne. Pas la comédie de l'année, mais pas la plus désagréable qui soit.

Rang : C

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[Mon mois de...] Mai 2009  

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Vous êtes habitués à la formule. Vous en êtes fan. Ou pas. Quoiqu'il en soit, notre rendez-vous mensuel est une tradition chez CinéBlog à laquelle on n'échappe pas. Et toc.

Star Trek : le retour attendu de J.J. Abrams.

  • Je n'ai jamais aimé la série. Ni les films. Et pourtant, un simple visionnage de la bande annonce du Star Trek de J.J. Abrams, et je sais déjà quel est ma priorité le 06/05. Evidemment, Good Morning England de Richard Curtis sera mon autre priorité. Un petit tour vers Je l'aimais et Un mariage de rêve pour finir la semaine en beauté.
  • J'ai bien aimé Da Vinci Code. Sûrement parce que je me moque royalement du livre de Dan Brown. Quoiqu'il en soit, j'irai voir sans hésiter Anges et démons le 13/05, que ça plaise aux fans du bouquin ou non. En parlant de bouquin, l'adaptation de Millénium sort le même jour. Astraal l'a déjà vu en avant-première, il vous réserve une critique dans les prochains jours.
  • Riche programme que celui du 20/05 : tout d'abord La Nuit au musée 2, pour en rire. Ensuite Les Enfants invisibles, par curiosité et pour Ridley. Puis Etreintes brisées, parce que Penélope Cruz et Pedro Almodovar. Et enfin, le meilleur pour la fin, le Vengeance de Johnnie To. Parce que c'est l'un de mes cinq réalisateurs préférés depuis de nombreuses années.
  • Jusqu'en enfer ouvre le bal de la semaine du 27/05. En espérant que Sam Raimi remette le film d'horreur sur les bons rails. Looking for Eric pourra compter sur moi, le concept original me plait d'avance. The Other Man également, pour des raisons que j'évoquerai le jour où je rédigerai sa critique. Pour le moment, je me garde le droit de me taire sur mon envie de voir (du moins "revoir", héhé) ce film. Le mois de mai se termine sur un film d'animation japonais du nom de Sword of the Stranger. Rien que pour mes yeux.

Sur ces quelques mots, mon lit m'attend. C'est qu'il est déjà 2H du mat' et demain, un boulot colossal m'attend. Grumbl.


(Liste non exhaustive et ne regroupant que les films m'intéressant de prime abord)