[Box Office semaine 17] Dujardin met K.O(SS) Efron et Tautou !  

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Hubert est dans la place, sauve qui peut, OSSecours ! (oui je sais, entrée en matière laconique. C'est bien aussi, le laconisme. Et puis j'aime beaucoup ce mot)


The Top :
  • Jean Dujardin continue d'engranger les billets. Son OSS 117 : Rio ne répond plus caracole en tête du box office et permet au second opus d'une trilogie annoncée de dépasser le million et demi d'entrées. Heureusement que le public n'est pas très regardant sur la qualité des suites de succès !
  • Presque 500 000 spectateurs pour 17 ans encore, c'est un très bon démarrage. Cela permet en tout cas à Zac Efron et Matthew Perry de devancer Audrey Tautou d'une courte tête, qui réussit à réunir avec Coco avant Chanel presque autant de français derrière les écrans.
  • Dans la série "On continue de remplir les salles", Safari, Monstres contre Aliens, La Première étoile, Prédictions et Fast & Furious 4 se posent là. Sortis depuis trois à cinq semaines, ces films restent scotchés aux dix premières places comme le morpion sur la blonde. Oui, je sais. C'est méchant. Justement.
  • Un cran en dessous mais toujours là, Dans la brume électrique et Ponyo sur la falaise font leur bonhomme de route. Avec plus de 500 000 spectateurs chacun, contrat rempli pour deux films dont on ne pouvait espérer davantage en si peu de temps.

The Flop :
  • Celle que j'aime débute timidement, et atterrit à la onzième place du box office avec 114 079 amoureux transis. Si vous vous demandiez "Elie Chourre à qui les sous pour faire une bouse ?", la réponse est "A des oufs".
  • Autre four, La Dernière maison sur la gauche et ses 54 070 hurleurs dans le noir, un énième remake d'un film de Wes Craven. La barbe Wes Craven. La tête de noeud qui a bousillé le film d'horreur dans les années 90 en l'infantilisant avec sa série des Scream, il pourrait aller se faire charcuter par Jason et planter par Freddy qu'au mieux on allumerait un cierge pour compatir.
  • 18ème, 40 178 spectateurs. C'est le résultat de la bombe qu'est Still Walking. Cela se passe de commentaires. Ah si, juste un mot : bande de nazes (pas vous, les exploitants : 54 salles de cinéma le diffusant en France, c'est une honte)
  • Malgré le nombre de copies, Villa Amalia ne décolle pas, et s'enterre gentillement vers les limbes de l'oubli. 228 271 spectateurs en trois semaines, c'est relativement modeste pour un film encencé par la critique. Méchante la critique !

Allez zou, je me barre Incognito songer au spin-off de la saga X-Men qui me pourrit encore à ce jour le cerveau. Ils devraient fournir du GHB à la sortie des séances, cela nous aiderait à nous remettre.

X-Men Origins : Wolverine  

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Premier film d'une longue série annoncée revenant sur les prémices de la saga X-Men, X-Men Origins : Wolverine s'intéresse au passé trouble de James Howlett, plus connu sous le nom Logan / Wolverine (ou Serval, pour une poignée d'entre nous). De son enfance où il découvrit son statut de mutant aux décennies qu'il traversa sans que le temps n'ait la moindre emprise sur lui (pouvoir de régénération oblige), le film s'attarde à nous raconter l'intégration du mauvais garçon au programme militaire "Arme X", dirigé par William Stryker (le même William Stryker interprété par Brian Cox dans X-Men 2, ici incarné par Danny Huston), afin de limer les griffes de son frère Victor Creed, alias Dents-de-sabre, un mutant disposant des mêmes pouvoirs de régénération que lui. Victor ayant tué la seule femme qui soit accro aux poils bestials, le désir de vengeance chez Logan démange autant qu'une armée de puces campant le dos d'un loup sauvage.

Premier soulèvement de sourcil : Wolverine et Dents-de-sabre, frangins ? Pourquoi pas. En tout cas, cela ne dérange guère si l'on fait l'impasse sur le comic book et malgré la non-évocation du lien fraternel dans X-Men premier du nom. Mieux encore, le long métrage s'en trouve dynamisé tant les raisons de la rancoeur pour l'un nous amènent à des confrontations spectaculaires avec l'autre. C'est pourtant là la seule trahison aux comics et à la trilogie instaurée brillamment par Bryan Singer qui soit acceptable, quelque soit le point de vue que l'on arbore. Parce qu'il y a deux façons d'aborder cet X-Men Origins : Wolverine, et dans les deux cas, le spectateur n'en ressortira pas gagnant.

"I'm coming for blood, no code of conduct, no law."

Tout d'abord, il y a le fan du comic-book, celui qui connait l'histoire des X-Men, sinon depuis ses débuts (plusieurs générations se sont succédées depuis la création du mythe par Stan Lee et Jack Kirby en 1963), au moins suffisamment pour constater certaines défaillances scénaristiques peu pardonnables. Et puis il y a ceux qui découvrent l'univers des mutants avec les films, qui auront la désagréable impression d'une tentative maladroite du script à coller au plus près à la trilogie originelle. Une pléthore de déconvenues scénaristiques qu'il serait difficile d'énumérer, mais citons-en quelques unes.

Tout d'abord la multitude de personnages appelés à apparaître : s'il est question de Wolverine, plusieurs personnages phares de Marvel s'invitent dans ce préquel, en vrac Cyclope, Silver Fox, Deadpool, Emma Frost, Bolt, Le Blob, L'Agent Zéro, le professeur Xavier, ou encore Gambit. Si ce dernier se révèle être une bonne surprise, à la fois impressionnant et relativement fidèle au comic-book, la surrenchère de protagonistes convoqués tend irrémédiablement vers la figuration de la majorité d'entre eux. D'autant que certaines apparitions sont autant empruntes de pusillanime que de malhabileté. Certaines étaient dispensables, d'autres mal exploitées, comme celle de Charles Xavier, apparaissant d'on-ne-sait-où, dans une incohérence scénaristique totale, simplement pour (tenter de) faire coller à la trilogie. Il y a des easter eggs que l'on a connu bien mieux amenés.

"Victor Creed : Do you even know how to kill me?
Logan : I'm gonna cut your God damn head off. See if that works."

Et puis, comme pour vouloir respecter un tant soit peu la bande dessinée, il fallait que Logan soit amnésique. Seulement, comment faire perdre la mémoire à un personnage sans couper court au film ? Si chez Stan Lee l'amésie s'explique par la métamorphose de Wolverine en "Arme X" au cours de l'opération visant à recouvrir ses os d'un metal quasi-indestructible appelé adamantium, les auteurs du film se sont contentés d'une simple balle d'adamantium dans la tête, faisant fi des capacités régénératrices du héros. Ben oui, parce que selon le scénariste David Benioff, le cerveau peut régénérer mais pas les souvenirs. Logique. Encore plus "logique" après une introduction du feu de Dieu (l'un des meilleurs génériques qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps) nous présentant Logan et Victor Creed comme deux guerriers ayant participé à tous les conflits majeurs, de la Guerre de Sécession à la Seconde Guerre mondiale, sans qu'aucun des deux ne se soit jamais pris une balle perdue à cet endroit. Admettons. Dur à avaler, tout de même.

Le plus beau demeure le traitement réservé au personnage de Deadpool. Doté d'un humour noir à nous faire plier - littéralement - de rire devant ses aventures couchées sur papier, il n'est dans le film qu'une bête de foire commandée par ordinateur, transformée en "Arme XI" cumulant les pouvoirs des mutants capturés par Stryker. Et là, on a envie de rire. Mais jaune.

"If I learned anything about life, it's this : always play the hand your dealt."

Et Gavin Hood dans tout ça ? Hélas transparent. Le réalisateur du très réussi Mon nom est Tsotsi n'arrive pas à insuffler à le souffle homérique que l'on attend d'une production -au moins- divertissante. Un peu pataude, sa mise en scène n'a ni caractère ni griffe ni même mordant. Un comble quand il s'agit de retranscrire à l'écran le plus bestial des anti-héros de l'univers Marvel. Et si l'on se surprend à ne jamais s'ennuyer devant son film, il est regrettable que la copie rendue soit aussi peu convaincante tant les ingrédients inhérents à une bonne production sont là : tout d'abord Hugh Jackman, rempilant pour la quatrième fois dans le rôle de l'homme-loup, avec une rage et une fureur qui font tout le charme du personnage. Liev Schreiber est également dans le coup, comme souvent. Quant au budget, on murmure dans les couloirs de la Fox que 150 millions de dollars ont été déboursés. Si niveau effets visuels, cela se voit, niveau intérêt, on se demande quel prix cela coûterait en plus pour que ce loupé en ait.


En bref : Les vingt premières minutes trahissaient une potentialité certaine concernant X-Men Origins : Wolverine. Vu la qualité intrasèque du film, de l'incohérence du scénario tournant à vide aux personnages sans une once d'intérêt sinon de faire joli sur l'écran, en passant par une mise en scène sans âme ni saveur, on a de quoi être déçu. Reste pour les fans des films d'action sollicitant tant que faire se peu un minimum les neurones de bonnes scènes de baston et pour les demoiselles un défilé de biceps en sueur. Ouf !

Rang : D

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Still Walking  

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S'il ne prétend pas tenter de réhabiliter le drame familial au sein du cinéma japonais, le réalisateur Hirokazu Kore-Eda n'en a pas moins réussi à lier avec magnificence les thèmes de la famille, de la tragédie et du deuil dans Still Walking, oeuvre à la fois crépusculaire et solaire dont les qualités esthétiques et lyriques sont emprunts d'une grâce et d'une subtilité sans nul autre pareil.

Parce qu'il est un cinéaste qui sait mieux que personne raconter des personnages livrés à l'abandon, parce qu'il est un formidable peintre des tourments les envahissant en filmant ceux qui restent après la disparition, Kore-Eda s'inspire du sommeil éternel dans lequel sa mère est plongée pour nous narrer l'histoire d'une famille se réunissant chaque année un jour d'été à Yokohama afin de commémorer la mort du fils aîné. Ce dernier est décédé en tentant de sauver un jeune enfant de la noyade quinze ans plus tôt. Déjà quinze longues années que cette famille se réunit sans relâche, arpentant ensemble le long et douloureux chemin des souvenirs, poussant le vice jusqu'à inviter ce jeune garçon devenu un homme entre temps. Et pourtant, au delà des traditions d'un Japon presque evanescent qui se perd dans les limbes du temps, au delà des souffrances qui soudent les âmes entre elles et forgent la mémoire, Still Walking parle d'une famille éclatée où aigreur, colère et rancoeur se marient avec silence, culpabilité, eurythmie et amour.

Avec une délicatesse extrême, Kore-Eda tel un impressionniste opère par petites touches pour donner corps à chaque membre de cette famille. Le portrait qu'il fait de chacun est une merveille de sensibilité où chaque plan trouve une force et une intensité que l'on n'avait plus vu depuis Ozu et Naruse.


Un personnage comme Ryôta (Hiroshi Abe, monstrueux de retenue et de justesse), grand par la taille, se retrouve comprimé tant dans la maison japonaise ancienne que dans le cadre, appuyant sur l'idée qu'il n'est pas à sa place. Par à-coup, il nous est présenté comme un égoïste ne pensant qu'à ses problèmes de chômage, laissant sa femme Yukari (Yui Natsukawa, l'inoubliable épouse de Hattori dans Zatoichi) porter seule les paquets encombrants. Et pourtant, il est aussi le nouveau père du jeune Atsushi (Shohei Tanaka), orphelin de son vrai père et refusant que la place de celui-ci soit occupée par un autre homme. Une fois encore, en distillant ci et là les séquences où Ryôta tente de se rapprocher de son fils, Kore-Eda apporte une densité émotionnelle chargée de sincérité et d'égocentrisme. C'est ce mélange perpétuel d'antogonismes présent en chaque personnage qui les rend tout autant authentiques que complexes.

Il faut dire que rien n'est laissé au hasard dans la construction des plans, avec un travail impressionnant du directeur de la photographie Yutaka Yamazaki et de son éclairagiste Eiji Oshita sur la lumière, permettant à la forme d'épouser au fur et à mesure le fond, la journée passant, la lueur d'espoir de voir les affres familiales se dissiper s'estompant, le décor jouissant d'une personnalité singulière où zones d'ombre et pièces illuminées se mêlent jusqu'à en devenir un personnage à lui seul, avec son lot de contradictions et de dédales inextricables. En jouant avec les axes de la caméra, en l'excentrant à chaque plan passant des extérieurs vers les intérieurs et vice versa, Kore-Eda insuffle une dynamique permettant de lier intelligemment les plans entre eux tout en conservant de larges horizons visuels sans passer par les traditionnels panoramiques et travellings.


Cinéma minimaliste en guise de trompe-l'oeil, le tableau s'esquisse petit à petit, les pièces du puzzle géant de cette histoire familiale et mémorielle se mettent en place, et à travers de petits gestes se dessinent un grand dessein : celui d'offrir au spectateur une oeuvre profonde et bouleversante, à la fois fragile et mélancolique, oiseuse par excès de subtilité et de formalisme et pourtant irrévocablement nécessaire. Un grand film.


En bref : Le cubisme avait Pablo Picasso et Georges Braque, le fauvisme Henri Matisse et Maurice de Vlaminck, l'expressionnisme Wassily Kandinsky et Edvard Munch. Le Japon a Hirokazu Kore-Eda. Il suffit de poser ses yeux sur Still Walking pour sinon s'en apercevoir, s'en convaincre.

Rang : A

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[Box Office semaine 16] Rio, nid de biftons !  

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Vous le savez ou vous ne le savez peut-être pas, mais je déteste les mathématiques. Depuis le lycée et ma seconde. J'avais toujours eu jeune enfant une préférence pour les matières littéraires, mais mon entrée au lycée il y a quatorze ans (déjà !) a été une véritable révélation : la biologie, la physique-chimie, et les mathématiques, ce n'était vraiment pas ma came. Pourtant, les statistiques me passionnent. Elles me passionnent parce qu'on peut faire dire ce que l'on veut à des chiffres concrets, et balourder l'idée reçue que les mathématiques sont nécessairement une science exacte. Cela se voit que les gens qui disent cela n'ont jamais mis le nez dans un programme informatique !

J'en viens à vous parler de statistiques parce que les dernières que j'ai consulté sont celles de CinéBlog, et celles-ci m'ont drôlement surpris. Il s'avère en effet que la critique d'OSS 117 : Rio ne répond plus est devenue depuis quelques jours la critique la plus consultée sur le blog depuis sa création. Le record précédent était de 81 lecteurs uniques pour la critiques de Gran Torino en sept jours. Après sept jours, celle d'OSS 117 : Rio ne répond plus a atteint le nombre exact de 116 lecteurs uniques. Un de plus et j'aurai cru à un gag. Reste à remercier nos lecteurs fidèles qui sont de plus en plus nombreux au fil des semaines.

Parenthèse étant faite, parlons d'autres statistiques, ou du moins, de chiffres : ceux du box-office. Let's rock !


The Top :
  • On s'en était évidemment douté, OSS 117 : Rio ne répond plus cartonne et se paie le luxe de dépasser le million d'entrées dès sa première semaine d'exploitation et de faire mieux que le premier opus dans le même laps de temps. Question du jour : qui de Coco ou d'OSS 117 : Rio ne répond plus sera le carton du printemps dans la catégorie "comédie française" ?
  • Malgré une baisse de fréquentation de 59%, Fast and Furious 4 continue sa route pied au plancher et entraîne dans son sillage pas loin d'un million et demi de cinéphiles en deux semaines. Seconde question du jour : quelle est la carrosserie qui attire autant de monde en salles, d'après vous ?
  • Autre belle continuation, Safari et ses 366 252 nouveaux explorateurs de la faune et de la flore africaine. Bizarre tout de même, je ne pense pas que j'aurai choisi Kad Merad comme guide là-bas, sauf si c'est pour éviter de me faire bouffer les fesses par un lion. Car n'oubliez jamais, il y a une règle d'or que tout rôliste connait par coeur : quand on a une bestiole au cul qui veut savoir quel goût vous avez, l'important n'est pas de courir plus vite que le monstre, l'important c'est de courir plus vite que vos potes. A méditer.
  • Jolie entrée en matière pour Dans la brume électrique, une oeuvre solaire malgré son titre tant Tavernier a su s'imprégner de l'ambiance si particulière du livre et de la Louisiane. Electrisant !
  • Si La Première étoile et Prédictions ont réussi à dépasser le million d'entrées, Monstres contre Aliens n'en est plus très loin et devrait sans problème réaliser cette performance dans la semaine qui vient. Qui a dit qu'on avait peur de l'inconnu, d'abord ?

The Flop :
  • Villa Amalia et Chéri ne décollent toujours pas. Après deux semaines à occuper les écrans de cinéma, le premier échoue à la treizième place du classement avec un total de 188 513 spectateurs, le second est seizième pour un total de 140 656 spectateurs. Vu le peu de salles exploitant ces films en France (respectivement 146 et 144), rien de vraiment surprenant.
  • Présent depuis trois semaines, Dragonball Evolution lui n'a engrangé que 307 260 otakus. Au regard du nombre de fans du manga d'Akira Toriyama, la tollé est immense. Bien fait !
  • Le bide de la semaine, c'est sans conteste à Rachel se marie qu'on le doit. Quoique, avec seulement 32 salles (!) exploitant le dernier bébé de Jonathan Demme, peut-on concrètement parler d'un bide ? Il n'empêche qu'avec seulement 25 792 fauteuils occupés et une vingtième place au box-office, Rachel n'aura certainement pas suffisamment de sous pour financer le divorce. Qui s'en plaindra ?

En vous remerciant d'avoir lu cet article (à moins que vous ne vous soyez contentés de regarder uniquement le tableau que je prépare chaque semaine avec amour pour vous ?) et en vous donnant rendez-vous la semaine prochaine pour répondre à cette question : êtes-vous beaucoup à rêver de retrouver vos 17 ans, ou seriez-vous assez vachards pour virer un Coco pour le remplacer par un autre ?

Coco avant Chanel  

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Effet "La Môme" oblige, les biopics se succèdent et aucun ne se ressemble. Coco avant Chanel ne déroge pas à la règle car il a la particularité d'aborder l'histoire de la femme moderne avant sa naissance de manière peu conventionnelle dans la mesure où avant d'être une biographie sur la célèbre Coco Chanel, le long métrage est avant tout un thriller sentimental où se dessinent les premiers émois d'une grande dame encore en devenir.

A la rigueur biographique et à la recherche esthétique formelle, la réalisatrice Anne Fontaine privilégie une approche rigoureusement académique teintée de romantisme dont le cristal de satin raisonne de fragilité avec la spontanéité et la délicatesse d'Audrey Tautou. Sa mise en scène non dénuée d'élégance offre à l'actrice un écrin resplendissant subjuguant un Benoît Poelvoorde aux antipodes de ses rôles passés. Jamais l'acteur n'avait paru autant habité qu'ici, et le voir nager en des eaux moins troubles que la bouffonnerie le caractérisant depuis de nombreuses années convainc et impressionne tout autant. Pourtant, le lyrisme exacerbé émanant de cette oeuvre solidement encrée dans un début de XXème siècle à la fois synonyme de Belle Epoque et de moeurs préhistoriques n'arrive pas à endiguer le manque d'ampleur de l'entreprise. Si l'on comprend la motivation de Fontaine à vouloir montrer par à-coup les évènements et l'environnement qui ont forgé Gabrielle en Coco, on ne peut que regretter le choix de la cinéaste à focaliser son récit sur l'avant-Coco Chanel au point d'éluder le fait qu'elle fut ensuite une femme au tempérament volcanique qui nous rierait au nez si jamais, encore vivante à ce jour, on lui parlerait des 35H.

En somme un film souffrant du même problème que Coluche : l'histoire d'un mec, celui de ne pas nous montrer le plus intéressant de la vie d'une légende, et d'oublier qu'un mythe ne se crée pas uniquement dans son intimité mais aussi dans ses folies et ses grandeurs. Si l'on ne s'ennuie pas, on aurait aimé un portrait plus étoffé et une approche moins étouffée du symbole de la femme libérée. Rien que ça.

Rang : C

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17 ans encore  

Posted by Azariel in

Attention, sujet brûlant : et si l'on avait l'opportunité de revenir à l'âge des premiers choix, et par adéquation, des premières erreurs, que ferait-on ? Que changerions-nous ? Sujet brûlant parce que tout simplement sur toutes les lèvres : il n'est nul besoin d'être emprunt de nostalgie au quotidien pour se poser la sempiternelle question du "Et si..?".

Matthew Perry, lui, se la pose depuis 20 ans. Alors que tout lui souriait et qu'une bourse pour la fac lui tendait les bras grâce à son talent de basketteur, Matt' décida de tout plaquer pour s'occuper de sa petite amie tombée enceinte. Quel homme ! Assumer ses responsabilités est louable. Sauf que le regret l'étouffe. "Si je ne t'avais pas rencontré [..]" qu'il l'assomme sans cesse. Logique qu'après deux enfants et une patience mise à rude épreuve, la dame demande fissa le divorce, et Matt' de regretter le présent autant que le passé. Un coup de baguette magique plus tard, en voulant secourir un p'tit vieux suicidaire (Brian Doyle-Murray, le Noah Vanderhoff de Wayne's World !), le voilà de nouveau jeune et fringuant, sous les traits de Zac Efron. Ni une ni deux, il voit cette sorcellerie comme une chance de repartir du bon pied. Le hic ? Ne pas avoir fait un bond dans le temps, car c'est à l'époque de ses 37 ans qu'il en a de nouveau 17 ! Le double effet Kiss Cool ? Se rendre compte en fréquentant le même lycée qu'eux que ses enfants sont loin d'être ce qu'il imaginait. Plus qu'une chose à faire pour Matthew/Zac : leur venir en aide avec son nouveau/ancien visage.

On l'aura compris, le scénario de 17 ans encore ne brille pas par son originalité mais il occasionne des situations forcément drôles nous poussant à plonger dans cette aventure qu'un Marty McFly ne se refuserait pas. Plusieurs films ont déjà tenté un voyage similaire sans DeLorean sous le bras, avec plus ou moins de réussite : on citera le plaisant 30 ans sinon rien, et (surtout) le bouleversant If Only pour exemples.


Loin d'être désagréable, cette petite comédie signée Burr Steers n'en reste pas moins une demie-déception tant l'on ne retrouve pas toute l'impertinence qui faisait le charme d'Igby, premier long métrage du réalisateur. Cela commence d'ailleurs plutôt mal avec une séquence d'ouverture donnant l'impression de sortir tout droit de High School Musical mais fort heureusement, la comparaison s'arrête là. Sitôt la transformation effectuée, Steers ne fait pas grand chose du caractère humain qui nous anime tous et qui voudrait nous voir profiter d'une pareille seconde chance. Le cinéaste écarte en effet très rapidement cette direction (et toutes les situations hilarantes potentiellement occasionnées par cette possible trame) pour se diriger vers un ton puritain des plus désobligeant. Aux gags relevés et plein d'audace, Steers a préféré opter pour une morale conservatrice dans laquelle l'ode à la famille prend le pas sur la dimension comique et fantastique du concept de base.

Etrangement, l'élément burlesque vient plutôt des seconds rôles, et c'est vers la "touche" Judd Apatow qu'il faut loucher pour la déceler. En effet, avec un Thomas Lennon déchaîné dans le rôle de l'ami d'enfance de Matth'/Zac, complètement geek et décalé, les gags (essentiellement référenciels) fusent de toute part. Pas toujours drôles, les répliques et quiproquos ont le mérite de dynamiser l'ensemble et permettent de rester dans le pastiche sans virer sans cesse au potache. Stars Wars et Seigneur des Anneaux se rencontrent pour le plus grand bonheur des mordus de SF et de fantastique, avec pour apogée une séquence de drague en elfique dans un restaurant pas piquée des hannetons.


On aurait aimé que le script fasse bien moins l'impasse sur la relation des personnages entre eux, certains raccourcis empruntés pouvant mettre à rude épreuve le besoin d'éclaircissement des plus carthésiens d'entre nous (quid du coup de baguette magique, de la relation étriquée entre un père et ses enfants, ou encore de l'incapacité totale de Leslie Mann à reconnaître son époux alors qu'elle l'a connu à l'âge précis auquel il retombe ?). On pourrait également chipoter sur quelques problèmes de raccord visibles comme le nez au milieu de la figure (citons en exemple une main levée puis baissée d'un plan à l'autre durant la bagarre entre Lennon et Efron) mais la coupe est déjà suffisamment pleine pour conclure sur le fait que malgré la bonne énergie et la force du concept, la pudibonderie et le manque de folie de 17 ans encore font que la bombe qu'on était en droit d'attendre tient davantage du pétard mouillé.


En bref : Trop sage, trop lisse, 17 ans encore est un film un brin trop teenager pour s'envoler vers des cieux plus propices à la réflexion inhérente à la vigueur du sujet traité. Ajoutez à cela un propos incapable de se détacher de la morale puritaine typiquement américaine, et l'on se retrouve avec une comédie aux relents de propagande malgré son caractère sympathique et enjoué.

Rang : C

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Celle que j'aime  

Posted by Azariel in

Elie Chouraqui est un homme de passions. Contrairement aux égoïstes et aux cultivateurs de jardins secrets, il aime à partager ses coups de coeur. Le dernier semble trouver ses racines dans la beauté émanant de la sublime Barbara Schulz, tant Celle que j'aime (titre révélateur ?) insiste sur les scènes de nudité de la belle. De là à virer à la déclaration d'amour, il n'y a qu'un pas. Mais que reste-t-il au final pour le spectateur ? Pas grand chose, hélas.

S'il est plaisant de voir une ravissante jeune femme se montrer libérée et au-dessus de tout concept de moeurs (après tout, toutes les mamans devraient se ballader sans soutif devant leurs enfants, c'est dans l'air du temps, faut croire), il est en revanche moins plaisant de suivre un récit bourré de clichés sur le thème en vogue de la famille recomposée. Difficile de croire à une histoire de chérubin capricieux menant la vie dure à son futur beau-père quand le beau-père en question facilite la tâche du jeune garçon en tendant à chaque fois le bâton qui servira à le battre. De quoi rendre Oedipe vert de jalousie. On veut bien croire à l'amour, le vrai, mais de là à danser avec le diable au clair de lune pour une hystérique négligeant les tenants inhérents aux aboutissants, il y a de quoi concurrencer Le Penseur de Rodin en matière de perplexité. Bref, le problème étant que les personnages sonnent horriblement faux, tout aussi sympathique que cette comédie soit.

Trop naïve, la démarche de Chouraqui aurait gagné à aborder avec moins de légèreté les rapports entre les protagonistes. Sa mise en scène est atteinte du même syndrôme, même s'il est moins rebutant de suivre la caméra virevolter à travers les décors urbains. Certains plans bénificient d'une très belle composition et permettent au film de trouver une esthétique relativement séduisante, mais c'est se satisfaire de bien peu quand tout le reste apparaît comme brouillon et poussif.

Rang : D

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Dans la brume électrique  

Posted by Astraal in

Bertrand Tavernier est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands cinéastes français contemporains.
On se souviendra à cette occasion que sa carrière brillante de cinéaste vint à la suite de celle d'un cinéphile professionnel qui officia comme journaliste dans les années 60 dans des publications comme "Les Cahiers du Cinéma" ou" Positif" et qui fut l'auteur d'un certain nombre d'oeuvres littéraires dont le sujet est principalement le cinéma américain (50 ans de cinéma américain, en collaboration avec Jean-Pierre Coursodon, étant d'ailleurs souvent cité comme la "bible" française sur le sujet).
Le nouveau film de ce spécialiste du cinéma américain fait ainsi figure de véritable passage à l'acte.
En mettant en scène l'une des enquêtes d'un des plus fameux héros du roman policier américain contemporain, Dave Robicheaux, il réalise ainsi son premier film outre-atlantique dans le paysage spécifique de la Nouvelle Orléans actuelle.
Robicheaux est le personnage principal de 17 romans de l'écrivain James Lee Burke dont Heaven's Prisoners qui fut adapté à l'écran en 1996 par le réalisateur Phil Joanou avec Alec Baldwin dans le rôle principal.
Dans la brume électrique est donc l'adaptation de In the Electric Mist with Confederate Dead publié en 1993, l'un des romans les plus fameux de Burke.
Tommy Lee Jones prend cette fois-ci les traits de l'inspecteur Robicheaux tandis que le reste du casting rassemble bon nombre d'acteurs américains émérites tels que John Goodman, Peter Sarsgaard ou encore Ned Beatty.

La volonté première de Tavernier est de retranscrire avec le plus de fidélité possible l'univers particulier du roman de Burke. Il s'agit pour lui de transposer aussi bien l'ambiance mystique et métaphysique du roman que d'y inscrire un réalisme moderne qui sied au lieu dans lequel se déroule l'action.
Pour ce faire il s'imprègne de l'atmosphère de la Louisiane en compagnie de Burke qui le guide et lui fait rencontrer les gens du coin.
Il va même jusqu'à prendre le shérif, son adjoint et le coroner de New Iberia, lieu où se déroule le tournage et l'action, comme conseillers techniques sur le film tant le souci de crédibiliser l'histoire est présent dans la pensée du réalisateur.
Dans la même veine, un grand soin est apporté quant à la création de la trame sonore du film afin de retranscrire avec perfection la musicalité du bayou de Louisiane, ses chants d'oiseaux, ses bruits marécageux, ses bruits d'animaux, et de participer ainsi à l'émotion et au rythme du film.

Toujours dans cette optique, Tommy Lee Jones propose rien de moins que Buddy Guy, l'un des plus grands guitaristes de blues du monde et natif de Louisiane, avec lequel il est ami de longue date pour incarner "Hogman", un personnage clé de l'histoire également musicien de blues rendant l'immersion dans ce pays encore plus sensible.
Pour illustrer visuellement cet univers, Tavernier fait appel à Bruno de Keyser, chef opérateur français avec qui il avait déja travaillé sur La vie et rien d'autre en 1989 où encore Un dimanche à la campagne en 1984 ce qui valut d'ailleurs à ce dernier respectivement une nomination et une victoire aux Césars.
C'est encore Tavernier qui en parle le mieux : "Je voulais travailler avec un chef opérateur français et cela faisait longtemps que j'avais envie de refaire appel à Bruno de Keyzer. Cela l'excitait beaucoup de tourner un polar dans les Bayous et de préserver cette notion de luxuriance et de couleurs saturées, tout en créant une atmosphère de film noir en Scope. On a donc préalablement défini la lumière pour chaque scène, même si on a ensuite dû s'adapter aux changements constants de luminosité de la Louisiane".
En résulte un travail d'image magnifique autant pour ce qui est d'accompagner le paysage marécageux, sa "brume électrique" et sa beauté sauvage que pour se plonger dans une atmosphère lugubre et noire liée à la trame narrative.

Bertrand Tavernier et Tommy Lee Jones entourés de l'équipe de tournage.

D'autre part, pour adapter de manière fidèle ce roman il était important d'attacher un soin particulier à l'interprétation du personnage principal.
C'est une performance admirable de Tommy Lee Jones qui permet principalement à ce pari d'être relevé. L'acteur parvient à nous faire passer aisément toute l'ambiguïté de son personnage. Robicheaux est un homme de principe, de compassion, cultivé mais qui est également traversé par des accès de rage et de violence et dont l'intelligence n'a d'égale que l'ironie.
C'est donc une palette de jeu importante que doit déployer l'immense acteur pour rendre crédible ce personnage romanesque.
Pour exprimer les états d'esprit de Dave Robicheaux à la manière du roman, Tavernier prend le parti d'utiliser la voix off de Tommy Lee Jones en tant que narrateur conducteur de pensées, réfléxions et états d'esprit plus que de l'histoire ce qui nous amène irrrémediablement à faire un rapprochement avec No Country For Old Men des frères Coen où déja Tommy Lee Jones faisait de même.

On suit donc Robicheaux qui se lance à la poursuite d'un tueur de femmes en série à travers New Iberia et son entourage.
Il soupconne très vite Julius "Baby Feet" Balboni, interprété par John Goodman, parrain de la mafia locale mais également un de ses amis d'enfance, d'y être pour quelque chose.
Celui ci vient d'investir dans une production Hollywoodienne ayant pour sujet la guerre de sécession et qui se tournera dans le coin.
Elrod Sykes, personnage de Peter Sarsgaard, est la star qui tient le premier rôle de la production.
Sur le tournage Sykes découvre les restes d'un ancien détenu noir qui s'évada du pénitencier voisin en 1965.
Robicheaux va donc mener deux enquêtes en même temps invitant ainsi les énigmes du passé à résoudre celles du présent.

Meurtre dans le Bayou de Louisiane.

C'est doucement mais sûrement que l'intrigue principale va être mise au second plan, tout comme dans le roman, au profit des relations entre personnages et de la dimension mystique du lieu.
C'est à partir de la rencontre entre Dave et Elrod que va se dessinner la dimension irrationnelle et énigmatique du film.
les deux personnages ont en commun d'être visité par des visions hallucinatoires de ces "Dead Conferedates", ces soldats confédérés morts depuis plus d'un siècle, et particulièrement celle récurrente du vieux général John Bell Hood interprété par Levon Helm (batteur du groupe The Band, proposé pour le rôle par Tommy Lee Jones tout comme Buddy Guy).
C'est avant tout sur ces échanges entre l'inspecteur et le vieux général confédéré que Tavernier va tabler pour mettre en scène l'atmosphère "électrique" de manière à rendre cette relation comme cinématographiquement brumeuse et paranormale.
Cette relation va amener le personnage de Dave à tirer profit de ses propres hantises du passé et réfléchir à la manière de défendre ses principes moraux et le monde dans lequel il a grandi aujourd'hui qui est attaqué par des êtres cupides et malfaisants.
C'est donc une sorte de croisade qu'entreprend le personnage de Tommy Lee Jones afin de faire régner la loi dans un univers qui est désormais corrompu de toutes les manières possibles.
Tavernier avait déja abordé ce thème dans Coup de torchon en 1981 et le cinéaste lui même n'hésite pas à le mettre en relation avec son nouveau film.

John Goodman est il véritablement un homme bon ?

Ce n'est donc pas la trame narrative qui va primer mais bien l'ambiance, les personnages et les relations qu'ils tissent.
Le passé vient s'incruster dans le présent pour rappeler que les erreurs commises antérieurement sont liées à des erreurs actuelles si on cherche à les oublier.
Ceci vaut pour la conscience de l'inspecteur Robicheaux mais également pour la partie plus politique du film.
Ainsi le meurtre du détenu noir et surtout l'omniprésence sous-jacente de la guerre de sécession viennent rappeler que la naissance des Etats Unis est issue d' un conflit meurtrier doublé d' un problème racial,et que l'Amérique d'aujourd'hui reste divisée en quartiers et ghettos baignant dnas une ambiance souvent meurtrière.
D' un point de vue purement politique, Bertrand Tavernier met un point d'honneur à montrer les ravages encore visibles du passage de l'ouragan Katrina en 2005. Travellings et plans sur ces maisons éventrées et ces quartiers dévastés sont mis en oppositions avec le confort dans lequel vit le mafieux Balboni montrant ainsi comment la Mafia locale a pu détourner les aides publiques et s'enrichir sur le dos de tous ces pauvres gens en critiquant au passage la gestion désastreuse de ce fléau par le gouvernement Bush.
Le film suggère d'ailleurs particulièrement bien l'inefficacité de l'Etat par rapport à la reconstruction de la Nouvelle Orléans en montrant des particuliers comme Bootsie, la femme de Dave, oeuvrer pour la bonne cause.
C'est la principale divergence avec le roman écrit en 1993 et un point essentiel de la mise en scène de Tavernier : Dans la brume électrique est aussi un film sur la Nouvelle Orléans.

Buddy Guy et Tommy Lee Jones.
La Louisiane ? Un pays pour le vieil homme ?


Malgré tout ceci et la qualité évidente de son film, Bertrand Tavernier a subi les pressions de la production américaine comme il n'y a pas si longtemps Mathieu Kassovitz qui a même été jusqu'à renier son propre film, Babylon A.D., tant il trouvait que les producteurs américains l'avaient gaché.
Cependant, à l'inverse de Kassovitz, Tavernier est parvenu à un accord avec le producteur Michael Fitzgerald : il y aura deux versions du film.
La première amputée d'une bonne vingtaine de minutes afin de correspondre à un rythme plus fort,convenant mieux au public américain, et la deuxième de 117 minutes, la director's cut, pour le reste du monde.
Aux Etats Unis le film est finalement sorti directement en DVD et s'est placé dans les meilleures ventes rapidement.
Les critiques américaines vantent notamment le travail de Tavernier et reprochent à Fitzgerald cette version amputée qui inhibe la poésie mélancolique du film créée par la mise en scène.


En bref : Tavernier signe ici un film intelligent et une adaptation maitrisée du roman de James Lee Burke.
La beauté de la photographie, l'aisance de la mise en scène et l'utilisation soignée de la bande sonore permettent à la Louisiane d'aujourd'hui de littéralement imprégner l'oeuvre cinématographique de manière hypnotique.
Le film contient ainsi plusieurs niveaux de lecture et une dimension politique critique importante.
L'interprétation des acteurs et en particulier la performance impeccable de Tommy Lee Jones permet au film de se tenir de bout en bout et de captiver malgré les longueurs.

Rang : B

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OSS 117 : Rio ne répond plus  

Posted by Azariel in

Ou lorsque la surenchère vient altérer notre plaisir...

Trois ans après le succès d'OSS 117, Le Caire nid d'espions, une suite s'imposait. OSS 117 : Rio ne répond plus déboule sur nos écrans avec la ferme intention de faire plus fort, d'aller plus loin, et de renouveler la franchise en situant l'action douze ans plus tard. La nouvelle mission d'Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117, l'espion français le plus célèbre qui soit *ahem*, consiste à faire équipe avec la ravissante Dolorès, lieutenant-colonel du Mossad, afin de mettre la main sur un dénommé Von Zimmel, un maître chanteur nazi détenant un microfilm prouvant l'implication de hauts dignitaires français quant à leur collaboration avec le régime nazi durant la Seconde guerre mondiale. Une mission à haut risque qui entraînera l'agent le plus maladroit de la planète en Amérique du Sud, des plages dorées de Rio aux verdoyantes forêts amazoniennes.

La presse est unanime, ce second volet de la saga des OSS 117 est supérieur en tout point à son aîné. C'est peut-être faire trop d'honneur à un film dont les défauts sont aussi nombreux qu'ils sont conséquents, mais dont les qualités sont tout autant indéniables et salutaires. À commencer par son esthétique soignée, preuve d'un effort considérable pour nous plonger dans l'ambiance des sixties, avec des références visuelles à foison qui témoignent d'une véritable volonté à jouer avec les codes du cinéma d'époque. Le directeur de la photographie Guillaume Schiffman a dû s'en donner à coeur joie, et son travail s'en ressent. Moins brillant, le rendu visuel du Christ du mont du Corcovado, entièrement reconstitué infographiquement en studio à Arpajon. Le budget, estimé aux alentours de 20 millions d'euros, n'a semble-t-il pas été suffisant pour offrir des effets spéciaux de qualité.


Autre point réussi, assurément le point fort du long métrage, ses dialogues savoureux et irrévérencieux à souhait. Le personnage est plus raciste et misogyne que jamais, souvent à son propre insu. Chinois, juifs et femmes sont rhabillés pour l'hiver et l'on sent un malin plaisir des dialoguistes à jouer sur le politiquement incorrect, avec un humour débridé qui flirte souvent avec le quinzième degré. Mais là où ils font forts, c'est en appuyant le propos politique bien plus que dans le premier volet. Le Général de Gaulle se fait également tailler un veston sur mesure. Cela a pour effet, outre de dénoncer un point obscurci depuis de nombreuses années, de renforcer l'encrage du film à son époque de manière aussi irrésistible que talentueuse.

Mais tout ceci ne serait qu'un château de cartes sans le génie comique de Jean Dujardin, véritable chef d'orchestre avec le don de transformer l'inacceptable en burlesque, avec cette gestuelle décousue, malicieusement proche du pantomime, et son sourcil ravageur en guise d'arme secrète. On sent l'acteur à l'aise avec son personnage, avec un réel plaisir à enchaîner avec une précision chirurgicale les gags désopilants et les bourdes monumentales, sans pour autant tomber dans la répétition des manies convulsives comme ce fut le cas dans le premier opus. Ses mimiques sont toujours autant OSSiennes, mais elles participent à l'impression de déjà-vu à laquelle peu de suites arrivent à échapper. En somme, on retrouve le même Hubert Bonisseur de la Bath, la surprise en moins.


Pourtant, c'est dans la mise en scène de Michel Hazanavicius qu'OSS 117 : Rio ne répond plus trouve ses plus grandes faiblesses. Si l'usage du split screen s'avère perspicace pour entraîner le film dans une fureur pyschédélique, son utilisation à outrance amène à penser que le réalisateur semble très vite à court d'idées pour diversifier la dimension totalement barrée qu'il chercher à insuffler. Une réalisation loin de confiner au génie sans pour autant être déplaisante, qui tend vers une surenchère d'effets alors que certaines bourdes, notamment au niveau du montage, hérissent le poil. Quelques coupes brutales viennent s'immiscer dans le rendu final, tandis que certaines séquences auraient mieux fait d'être écourtées tant elles empêchent le film de trouver une dynamique nécessaire. La séquence du bal par exemple vient plomber le rythme de l'ensemble, et l'on en viendrait presque à regretter de ne pas avoir une zapette à côté de soi pour passer au chapitre suivant. Sisi.

Mais le plus désagréable, c'est de constater très rapidement qu'il n'y a pas que le cinéaste qui se répète : les vannes aussi. Si OSS 117, Le Caire nid d'espions mêlait habilement comique de geste au comique de situation, vannes sexistes et grotesque assumé, OSS 117 : Rio ne répond plus ne se lasse pas de taper toujours au même endroit, avec une alternance presque caricaturale entre blagues racistes et vannes politiques. Il n'y a que ça ! Les autres gags paraissent factices tant ils ne sont que ponctuels, à croire qu'à trop vouloir enfoncer le clou de la dérision raciale, les auteurs ont totalement négligé le fait qu'une bâtisse filmique est constituée d'une multitude de clous à fixer sous peine de la voir s'effondrer. Nous n'en sommes heureusement pas là, mais le mal est pourtant fait.


Répétitivité de la mise en scène, répétitivité de la teneur des vannes, mais également répétitivité du ressort comique employé : si laisser un long silence entre une bourde et une réaction fait son effet au début, la récurrence du procédé finit par agacer, avec cette idée presque saugrenue qu'un interstice est laissé au spectateur pour prendre le temps de rire. Il ne manque que le sous-titre "allez-y, riez" pour définitivement donner au film un cachet un rien prétentieux. Ce n'est évidemment pas le but recherché, mais tout cela témoigne à la longue d'une constance trahissant le manque de diversité sur tout un tas de points qui à la longue nourrissent notre envie de couper court à la loufoquerie.

Dujardin sauvant les meubles, ce n'est pas le cas de ses compagnes de jeu, fades et infiniment insipides. Louise Monot et Reem Kherici font en effet bien pâle figure comparées à Bérénice Bejo et Aure Atika, ces dernières réussissant à renvoyer avec véhémence la balle à leur partenaire quand les deux premières ne sont tout au plus que de simples faire-valoir pour l'ex-Brice de Nice. On en revient aux travers de certains James Bond dont le film veut cette fois se démarquer, mais à force de s'éloigner du premier élan de générosité qui voulait parodier un certain genre de cinéma, l'on tombe dans le pastiche d'une imitation burlesque, ce que la série des Austin Powers avait intelligemment réussi à éviter. Le débile ne suffit pas toujours, mais OSS 117 ne meurt jamais.


En bref : Quand un film très attendu dérive vers la parodie de la parodie, le résultat ne peut forcément pas être exempt de défauts. OSS 117 : Rio ne répond plus manque singulièrement de contenance et tend à se répéter avec une constance qui frise le poil quand on s'attend plutôt à avoir les zygomatiques en feu. Loupé, rire aux mêmes vannes, même si elles sont déclinées sous plusieurs formes, ça lasse avant tout. Heureusement que Jean Dujardin est là pour nous sauver de l'ennui complet.

Rang : C

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[Box Office semaine 15] Fast and Glorious, 4th impact  

Posted by Azariel in

Lors de la rédaction du dernier article consacré au box office, j'avais déjà évoqué la possibilité que Fast and Furious 4 soit préféré à Ponyo sur la falaise. Dans le mille Émile. Je pourrai ressortir mon vieux couplet sur les mauvais goûts des français, mais en même temps, pourrait-on leur en vouloir de préférer un film où sont à l'affiche des poupées comme Michelle Rodriguez et Jordana Brewster ? Même les demoiselles sont comblées, Vin Diesel et Paul Walker étant de beaux morceaux de viande. Fast and Furious, future saga pour teenagers en chaleur ?


The Top :
  • Fast and Furious 4, plein gaz. Première semaine d'exploitation, déjà le million d'entrées. Une pole position qui n'étonne guère avec le retour des personnages du premier opus. Dommage que Rob Cohen n'ait pas fait son retour aussi, car malgré son loupé avec La Momie : la tombe de l'Empereur Dragon, il n'a pas son pareil pour passer de la 2nde à la 6ème en un temps record.
  • Safari dépasse également le million d'entrées, et se positionne en seconde position du box office cette semaine, avec une baisse de fréquentation peu importante. L'effet Kad ?
  • Prédictions suit le rythme et se maintient dans le haut du panier, même si le film d'Alex Proyas est loin de faire l'unanimité. En espérant beaucoup mieux de lui la prochaine fois.
  • Les vacances scolaires permettent à Monstres contre Aliens de garder le cap, avec quasiment le même nombre de spectateurs d'une semaine à l'autre. Avec 628 431 jeunes zouaves, le film de DreamWorks fait un bon parcours même s'il est très loin des chiffres des plus grands succès du studio sur notre territoire.
  • De bons débuts pour Erreur de la banque en votre faveur malgré la concurrence de poids (Coco pour ne citer que lui) et malgré un résultat en deçà de celui obtenu par Ah ! Si j'étais riche, première réalisation de Michel Munz et Gérard Bitton.
  • Avec ses 248 029 rêveurs, Ponyo sur la falaise est dans la lignée des autres résultats obtenus par les longs métrages estampillés Miyazaki. Un score plus qu'honnête au regard du peu de salles exploitant le film en France (251 en total)

The Flop :
  • Petite entrée en matière pour Villa Amalia, dont les critiques dithyrambiques n'ont pas suffi à attirer davantage les foules. Nous ne l'avons pas encore vu à CinéBlog, mais ceci n'est qu'une question de temps !
  • Sacré bide pour le dernier Frears, Chéri et ses 133 modestes copies n'ont pu convaincre que 90 899 spectateurs de venir constater à quel point Michelle Pfeiffer est du haut de ses 51 ans une femme toujours aussi radieuse. C'est Astraal qui ne va pas être content ! (Miaouuuu !)
  • Juste derrière, à la quatorzième position, Dragonball Evolution et ses 87 609 malades mentaux pour un total de 264 373 fous à lier. Triste adaptation pour le plus grand manga de tous les temps. On dit merci qui ? Merci Oncle Sam !
  • Les enfants sont peut-être en vacances, mais ils ont l'air d'avoir beaucoup mieux à faire que d'aller voir La Véritable histoire du Chat botté (16ème) ou Le Monde merveilleux d'Impy (18ème). Perso', je les comprends ! (on a toujours plein de devoirs en plus, durant cette période...)

Et c'est ainsi que je vous quitte pour cette semaine, je m'en vais de ce pas rédiger la critique d'OSS 117 : Rio ne répond plus pendant qu'Astraal finit de rédiger celle de Dans la brume électrique. Elle est pas belle la vie ?

Rachel se marie  

Posted by Azariel in

Il est des douleurs que le temps et les longues séparations n'estompent pas. Des tragédies que l'on tente d'ignorer, une souffrance que l'on mêle à son quotidien jusqu'à en mimer le bien-être quand tout n'est que poussière et cicatrices profondes. La famille de Rachel vit avec le poids d'un drame qui toumente les âmes et déchire les coeurs. À l'extérieur, c'est une heureuse famille recomposée avec le retour à la maison de Kym qui s'apprête à fêter un heureux évènement. Mais à l'intérieur, tout n'est que désolation et tristesse, les conflits latents se manifestent jusqu'à pointer vers un unique évènement. Un accident que l'on évite soigneusement d'évoquer, mais pas Kym qui, après avoir connu des mois d'enfermement en suivant une cure de désintoxication, en a assez de ce silence pesant où tous conspirent à sourire quand tout ne se prête qu'à maudire.

Il n'y aura pas de Deus Ex Machina, c'est au forceps que les non-dits seront arrachés, tantôt du bout des lèvres, tantôt dans un flot de hurlements. Parfois dans les larmes. Et le spectateur dans tout ça ? Jonathan Demme prend bien soin de lui laisser le temps de comprendre ce qui ronge cette famille malheureuse réunie pour un instant de bonheur, un mariage qui prend très vite des allures de règlements de compte. Au centre de toutes les vicissitudes, une Anne Hathaway bouleversante de vulnérabilité dont la nomination aux derniers Golden Globes et aux Oscars n'est pas déméritée. Elle livre une prestation étonnante, interpétrant un personnage explosif au caractère à fleur de peau qui refuse que l'on éponge sa peine à sa place. Elle veut parler, elle veut qu'on l'entende. Elle aime, elle souffre, elle vit avec le pêché et les remords, elle veut que cela se sache, mais personne ne l'écoute. Ni son père, protecteur et gardien du sceau familial, ni sa soeur, cachant derrière ses doléances logorrhéiques une haine pleine de tendresse.


Demme veut que le spectateur soit totalement immergé dans la complexité des émotions qui touchent cette famille en l'empêchant de sombrer dans une quelconque indolence. La nébuleuse mise en place exige un effort de réflexion et d'appréhension qui mue le spectateur en témoin, grâce à cette approche expérimentale qu'ont le cinéaste et son chef-opérateur Declan Quinn, avec cette caméra portée de manière constante, immersive et intrusive, omnisciente et impuissante. Nous transformer en invités n'est pas sans conséquence néfaste, car si la mise en scène ne manque pas d'audace, les longueurs interminables sont inhérentes à la participation au mariage in extenso. L'inexorable est à ce prix, car les ruptures brutales permettent tout autant de se laisser convaincre que le malaise n'est pas que sur l'écran de cinéma. Il nous gagne, nous gêne, nous émeut, nous révolte.

Un vertige oppressant qui n'a pas que du bon, surtout quand il s'agit de reposer ses yeux à force d'être bousculé par les multiples heurts de la caméra à l'épaule, qu'on aimerait trop souvent plus contemplative et moins dirigiste. C'est ce manque de contraste entre l'hystérie ambiante et l'énergie constante insufflée par la réalisation qui empêche un décalage nécessaire entre l'observation et le ressenti, au point que les scènes prononcées de pathos en deviennent salvatrices et trop vite écourtées par ce besoin constant d'aborder avec virtuosité une simple prise de vue d'un mélodrame grandeur nature où se mêlent besoin d'ataraxie des uns et avulsions des autres. L'ennui ne peut donc être écarté de la liste des invités et les noces, réellement rebelles cette fois-ci, s'en retrouvent dynamitées avant d'être dynamisées. L'idée était là, le résultat par moment déçoit.


En bref : Porté par la prestation étourdissante d'une Anne Hathaway émouvante, Rachel se marie ne manquait pas d'audace dans sa façon d'inviter le spectateur à plonger dans l'ampleur du drame qui étouffe une famille. Mais l'aplomb de la mise en scène à immerger n'arrive pas à se défaire des maladresses que le script semblait éviter, avec une forme exagérée pour un fond qui se serait suffit à lui-même.

Rang : C

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Fast and Furious 4  

Posted by Astraal in

Il est de notoriété publique que la franchise Fast and Furious soit l'un des apports culturels les plus important de ces dernières années.
Vin Diesel, poète des temps modernes, fait donc son come back dans ce nouvel opus et porte à bout de bras un scénario d'une grande complexité : Vin Diesel est recherché par la police; il conduit des voitures; il n'est pas content.
Et là vous me direz que ça ne change pas beaucoup de d'habitude. Et bien en effet, vous n'aurez pas une grande surprise en découvrant ce film qui est tout à fait dans la lignée des trois autres.
Au niveau de l'histoire, de l'absence d'histoire ou des deux, il semblerait que Fast and Furious 4 se situe après le 2e opus et avant le 3e et je dis bien semblerait parce que ce point reste bien flou.

Pour ce qui est des points négatifs du film, est-il réellement nécessaire et possible de tous les passer en revue ? De la mise en scène ultra-clippée qui rend nombre de scènes d'action peu compréhensibles à l'histoire ultra-simpliste qui parvient malgré cela à être parfois brouillonne, du jeu des acteurs souvent inexistant à la persistance des "auteurs" à nous infliger des images vues et revues comme des gros plans et travellings sur des arrière-trains bien carrossés de jolies filles et de belles voitures, il est clair que les producteurs de la série prennent une nouvelle fois le parti de divertir de la manière la plus bête et basique qui soit sans autres préoccupations artistiques que celle de rapporter des sous !

Baboulinet pas content ! Quoi ? vous ne connaissez pas Mozinor !

Malgré tout, il subsiste quelques bonnes choses qui pourraient probablement faire de Fast and Furious 4 le meilleur de la série après le premier (est-ce bien difficile ?) à commencer par le fait qu'une fois la barrière de stupidité inhérente au film franchie, on se surprend à être happé par le déroulement de l'histoire.
La faute à Vin Diesel qui, avec un rôle taillé sur mesure, est impressionnant dans le rôle de la brute vengeresse qui fout des tatanes à tout va, baffes au passage que l'on sent bien passer grâce notamment à un son de grande qualité.
Du coup on se retrouve très souvent dans la peau du gamin qui attend que son héros favori casse des bonhommes en deux pour pouvoir ensuite se dire : "Vin, il est vraiment énervé !"
Sur ce point le film remporte son pari et les scènes de tension qui précèdent le moment où Vin Diesel casse tout sont efficaces.
Ajoutez à ceci quelques scènes très spectaculaires et bien faites visuellement malgré leur invraisemblance comme celle du camion qui fait des tonneaux au dessus de la voiture de nos héros que l'on peut apercevoir dans cette bande-annonce.

En bref : on ne change pas une équipe qui rapporte de l'argent gagne.
Fast and Furious 4 ne déroge pas à cette règle même si il n'atteint pas le sommet de nullité installé par Fast and Furious : Tokyo Drift.
Si on s'en tire avec un film d'action qui a au moins le mérite de na pas être trop ennuyeux, préférez voir ou revoir un bon Dirty Harry ou un bon Die Hard à la place !
Je sais ce que vous allez me dire, il n'y a pas Michelle Rodriguez dans ces deux franchises...
Soit !

Rang : D

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