Quizz du jour : si je vous dis Légendes d'automne (1995), Le Dernier samouraï (2004), ou encore Blood Diamond (2007) ? Et oui, vous ne vous trompez pas en pensant au réalisateur Edward Zwick, brillant chef d'orchestre donc chaque note est une ode à la beauté tant l'esthétisme de ses films est soigné.
Avec Les Insurgés (Defiance dans la langue de Shakespeare, ce qui a, il faut l'avouer, bien plus la classe), Zwick ne trahit pas l'image que l'on se fait de lui, même si le sujet ne se prête pas à des décors fabuleux et que sa mise en scène se révèle moins flamboyante que dans ses précédentes productions. Il y avait pourtant matière à magnifier son récit, tiré d'une histoire vraie qui raconte le combat des frères Bielski dans une Biélorussie sous le joug du nazisme hitlerien puisque l'action se situe en 1941, l'Europe étant mise à genoux par une Allemagne alors à son apogée.
Les trois frères en question sont interprétés par Daniel Craig (Casino Royale, À la croisée des mondes : la boussole d'or), Jamie Bell (King Kong, Mémoires de nos pères), et Liev Schreiber (666 la malédiction, Le Voile des illusions). Autant dire, des acteurs qui ont les reins solides pour assurer dans une pareille production. Et non seulement c'est le cas, mais l'on se rend compte que si la griffe de Zwick est discrète, c'est pour mieux servir son propos : ici, l'action ne prend jamais le pas sur les personnages, car Les Insurgés parle avant tout de l'Homme à travers le thème de la vengeance, de la mise en place d'une communauté, de sa part d'ombre et du héros qui sommeille en chacun de nous. Des thèmes essentiels dans le contexte historique du film qui doivent beaucoup et surtout à ce trio d'acteurs, tout simplement prodigieux.
À ce titre, Daniel Craig impressionne tant son regard glaçant vous paralyse l'échine lorsque la caméra capte la détermination teintée de doutes et de peurs dans ses yeux. Une interprétation convaincante où l'on sent le rôle investi par l'acteur qui nous ferait presque oublier sa belle performance dans les deux James Bond auquel il a participé.
Il ne manquera au final qu'un véritable souffle épique pour faire des Insurgés un très grand film, mais la volonté de s'inscrire dans un réalisme aux antipodes d'une production hollywoodienne typique permet de rester concentré sur le combat de ces trois frères, prêts à donner leur vie pour la communauté juive persécutée, et se permet même un brun d'humour lorsqu'il est question de leur religion (réplique délectable du vieux professeur parlant de Moïse devant un marécage mortel). De même, l'utilisation du montage parallèle lorsqu'un frère se bat aux côtés des russes et l'autre se démène pour la survie du camp vient ici souligner, sinon sublimer, la bataille que ces hommes mènent. Plus que l'histoire de quelques hommes, c'est l'Histoire qui se dessine sous nos yeux. Et c'est déjà beaucoup durant une période où il est toujours bon de rappeler aux hommes les atrocités commises par le passé.
En bref : Edward Zwick nous conte dans Les Insurgés une histoire tragique à travers la quête de trois héros à qui on se devait de rendre hommage. Bien que la mise en scène manque singulièrement d'inventivité, cette sobriété permet au cinéaste de concentrer l'impact de son propos dans la performance de ses acteurs, brillants et inspirés. Un petit mal pour un grand bien quand il s'agit de nous parler de l'homme et pas de la Seconde Guerre Mondiale. En un mot sublime.
Rang : B
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