21 séquences inoubliables à travers leur musique  

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La genèse de l'article

Mlle Eddie, dont le blog se trouve à cet endroit, a écrit un article sur les musiques de films qu'elle jugeait indispensables (vous pouvez retrouver cet article en cliquant ici même).
Depuis la lecture de cet article, je me suis maintes fois demandé quelle serait ma liste, et puis je me suis vite rendu compte que je me posais la mauvaise question. Des musiques de légende, il y en a des centaines. On pourrait citer une grande partie des répertoires d'Hans Zimmer, de John Williams, de Danny Elfman, de Max Steiner, ainsi que les innombrables chansons écrites pour l'occasion.
En revanche, il se trouve que ma passion est le cinéma, ce qui ne m'empêche pas d'être un grand amoureux de musique, et celle-ci fait partie intégrante du processus cinématographique puisque depuis 1927 et Le Chanteur de Jazz, le cinéma est parlant, cette révolution ayant entrainée dans son sillage l'écriture de musiques originales, auparavant le cadet des soucis des studios hollywoodiens.

En découle une question : quelles sont les musiques m'ayant marquées lors du visionnage d'un long métrage ? Évidemment, il y en aurait beaucoup à citer, mais j'aimerai répondre à cette question de manière totalement subjective. Il n'est donc pas question de vous parler d'indispensables, Mlle Eddie l'a très bien fait. En revanche, je voudrais vous faire partager les grands moments de cinéma que j'ai vécu à travers une chanson, ou une musique.

Il n'est donc pas question de goûts musicaux, ni de musiques de films, mais d'un émoi cinématographique à travers / à cause d'une musique.

La playlist


Sur un air de classique

Barry Lyndon


Je pense qu'il sera inutile de parler de ce que je considère comme le meilleur film de Stanley Kubrick (je vous avais prévenu, place à ma subjectivité !), porté par la musique de Haendel et Schubert. Si néanmoins vous n'avez jamais vu ce film narrant l'histoire du jeune Redmond Barry à travers l'Europe du XVIIIème siècle, je vous conseille de vous précipiter dans votre vidéo-club et de le regarder au plus vite.

Une grande musique pleine de lyrisme pour un grand film.



John Williams en deux actes : Star Wars & Jaws

Comment ne pas parler de John Williams qui a tant apporté rien qu'avec les B.O. des films de Steven Spielberg et George Lucas. Deux pourtant m'ont particulièrement marqué, pour des raisons très différentes. D'abord le fameux Duel of the Fates de Star Wars : épisode I - La Menace fantôme, qui est sûrement la meilleure chose à prendre du long métrage tant elle personnifie à elle seule Darth Maul. Et quelle personnification ! L'entendre me rappelle ce duel au sommet entre les deux Jedis et le Sith et toute l'excitation que j'ai pu ressentir lorsqu'en 1999 j'étais devant, assis dans une salle de cinéma avec mon ami Loky (peut-être vous en touchera-t'il un mot dans les commentaires à l'occasion !).


Ensuite, comment ne pas évoquer LE film qui me fiche encore la frousse. Peur bleue que j'ai d'ailleurs combattu en faisant de la plongée sous-marine tant ce film m'a profondément marqué, et la musique n'y est pas étrangère.
Spielberg avait d'ailleurs présenté au studio une version de Jaws sans sa musique. Devant un film où l'on voyait peu le requin, les producteurs se sont interrogés sur l'intérêt du métrage, mais leur doute s'est très vite dissipé une fois que l'on a adjoint à la vue subjective la musique désormais célèbre de Williams. C'est dire son impact, cette dernière faisant trembler davantage que le grand blanc lui-même !



Les brutes aussi ont le droit à leur musique !

Arnold Schwarzenegger, de Conan au T-800

On a beau l'oublier, surtout en ce qui concerne la jeune génération, mais Arnold Schwarzenegger, même s'il n'est pas un grand acteur, n'en est pas moins un acteur ayant tourné dans de grands films. Et Conan The Barbarian (1982) de John Milius est l'un d'eux. Plus encore, il est élevé aujourd'hui et à juste titre au rang de film culte, et aucun film plus de 25 ans après, trilogie de Lord of the Rings comprise, n'a fait mieux dans le genre heroic fantasy. Gouvernator incarne un Conan puissant, inoubliable, inégalable, dû en partie parce que le rôle ne nécessitait de lui que présence charismatique mais également grâce à une B.O. magistrale de bout en bout où rien est à jeter. Anvil of Crom est le thème principal et vous plonge de la plus belle des manières dans l'épopée du cimmérien.

On s'accordera à dire que Schwarzy a fait ses meilleurs films avec James Cameron, mais Terminator (1985) a une aura particulière pour moi. Film avec lequel j'ai grandi, qui m'a toujours fasciné et qui éveille en moi tellement de sentiments que je suis au bord des larmes rien qu'en entendant le thème principal du premier opus, pourtant en deçà qualitativement de la remasterisation effectuée pour les besoins de Terminator 2 : le jugement dernier.
Je me revois encore enfant mettre ma vieille VHS dans mon magnétoscope et admirer le générique de début, observant les lettres dessiner les mots.
Un film à jamais dans mon coeur, tellement en avance sur son temps, même si aujourd'hui il a beaucoup vieilli.


Rocky, un rôle sur mesure pour Sylvester

Je pense ne pas avoir besoin de présenter la B.O. de Rocky (1976), aussi légendaire que le film lui-même.
On peut ne pas aimer le long métrage qui apporta la gloire à Sylvester Stallone, mais difficile de nier que le thème du film est connu de tous tant il est singulier et est indissociable des valeurs telles que le courage et le dépassement de soi, encore aujourd'hui.
Ma préférence va à la chanson du groupe Survivor, Eye of the Tiger, thème du troisième opus de la saga. On ne s'y trompe pas d'ailleurs puisqu' "avoir l'oeil du tigre" est une expression intégrée à nos coutumes et moeurs. Un vrai coup de génie qui valu au groupe d'être également l'auteur du thème de Rocky IV, Burning Heart.



Tarantino Connection

Pulp Fiction

Dire que Quentin Tarantino a révolutionné le cinéma contemporain serait un doux euphémisme. Non seulement il réinventa à lui seul (et un peu avec l'aide de son pote Roger Avary) un genre cinématographique, mais en plus il remit au goût du jour un certain genre musical qui fit fureur dans ses longs métrages.
Pulp Fiction (1994) regorge à ce titre de standards mais difficile de passer à côté de la dynamite de Urge Overkill, la très célèbre Girl, you'll be a woman soon. Et l'on repense à Uma Thurman se tortillant devant un John Travolta rescucité dans le rôle de Vincent Vega, et l'on est 14 ans après toujours autant sidéré par la scène où les deux compères dansent lors d'un concours hors norme. Culte, tout simplement.


Kill Bill : volume 1


La Mariée est sans conteste pour Uma Thurman le rôle de sa vie, et l'on peut dire que Tarantino n'a pas fait les choses à moitié pour tenir la promesse qu'il lui avait faite lors du tournage de Pulp Fiction.
Le dyptique Kill Bill est une réussite en tout point, les Tarantino les plus accomplis d'un point de vue esthétique, et comme toujours, la B.O. met à l'honneur le travail du Maître.
Après une séquence incroyablement sanglante et brutale entonne la chanson de Nancy Sinatra, Bang Bang (My Baby shot me down), accompagnant de la plus belle des manières le générique faisant suite. Une leçon de cinéma qu'on aurait tort d'oublier.




Aaaah, l'amûûûûûûr !

Blade Runner

Vangelis, ou comment gamin j'ai appris devant Blade Runner (1982) la signification du mot "sensualité". Le Love Theme que je vous propose dans cette playlist vous paraitra peut-être anodin à l'écoute, mais replacé dans le contexte du film, avec toute cette tension sexuelle entre Harisson Ford et la très belle Sean Young, difficile de ne pas être profondément marqué par l'air divin de l'instrument à vent résonnant dans vos enceintes.
Au delà de sa B.O. très particulière, Blade Runner reste 26 ans après l'un de mes films préférés, sans conteste dans mon Top 3, et dont le charme ne s'estompe pas malgré le poids des années et malgré une récente restauration pour une édition 5 DVD que je vous recommande chaudement. En tout cas, me concernant, elle trône fièrement dans ma DVDthèque.

Closer, entre adultes consentants


Une rue de Londres. Une séquence entière montée sur le principe du ralenti. Natalie Portman débordant de sensualité. Jude Law, beau comme un dieu grec la remarque. The Blower's Daughter de Damien Rice accompagnant la scène. Il la remarque. Elle le remarque. Accident de voiture. Elle fait boum sur le sol, et c'est notre coeur qui fait boum également.

La magie au cinéma, ça existe parfois.





Ghost


Comment ne pas évoquer en entendant Unchained Melody de The Righteous Brothers la scène mythique de poterie dans Ghost (1990) ? Déjà 18 ans nous séparent, cependant Demi Moore et Patrick Swayze restent encore à ce jour l'un des plus beaux couples jamais formés à l'écran.
Une belle réussite pour un film auquel même sa productrice Lisa Weinstein et son metteur en scène Jerry Zucker ne semblaient imaginer possible.
Hélas un des derniers premiers rôles dignes de ce nom pour Pat', qui ira de déconvenue en déconvenue, jusqu'à être un second rôle se faisant plutôt rare à l'écran. Il nous restera de lui des films inoubliables et Ghost en fait parti.


Top Gun

Elle s'appelait Saskia. Elle était la plus belle fille de toute la colo'. Tous les mecs bavaient sur elle. Littéralement. Une chevelure d'or sans pareille et un regard émeraude à vous pétrifier sur place. Un sourire à vous faire tomber par terre et une classe que pouvait lui envier Cindy Crawford.
Tous voulaient sortir avec, et même si je ne me suis pas manifesté, sûrement que moi aussi.
Et puis vint la fête d'adieu, l'été finissant. Sous une chaleur torride et un ciel étoilé, Take My Breath Away de Berlin de mit à retentir. LE slow des 80's & 90's. Et c'est avec moi qu'elle voulu tanguer. Son corps contre le mien à vous damner, et pourtant je tutoyais les anges durant 4,15 mns.
Un rêve éveillé qui trouve sa puissance iconographique dans le film de Tony Scott. Merci Tom Cruise et Kelly McGillis, vous avez rendu une génération éperduement romantique.

Robin des Bois, prince des voleurs

On continue dans la série "slows de légende" non seulement parce que la chanson de Bryan Adams est somptueuse, mais également parce que ce Robin des Bois, prince des voleurs (1991) reste à mes yeux la plus belle adaptation cinématographique du personnage, renvoyant celle d'Errol Flynn aux oubliettes.
Que peut-on repprocher à ce long métrage, tant Kevin Costner incarne avec panache le héros des bois de Sherwood, Alan Rickman nous livrant une prestation anthologique du shériff de Nottingham, et l'invité surprise Morgan Freeman en Azeem, compère et complice idéal du défenseur des opprimés. Everything I do, I do it for you vient parachever ce déluge de réussite, scellant le mariage de Robin et de Marianne.

My Blueberry Nights


My Blueberry Nights
de Wong Kar-Wai est l'un de mes gros coups de coeur de 2007. Difficile de ne pas évoquer au milieu de ce torrent d'onirisme le couple formé par Jude Law et Norah Jones, segment scénaristique m'ayant le plus touché.
J'emploie le mot "touché" parce qu'effectivement je le fus, et je le dois en très grande partie à Cat Power et son The Greatest, musique ne m'ayant pas quitté des mois durant le soir avant de m'endormir, tant elle me rappelait ces séquences douces et apaisantes.

Le romantisme dans sa forme lyrique la plus pure.




Séquence émotions

Meet Joe Black

"Meet Joe Black n'est pas un film que l'on regarde, c'est un film que l'on ressent, car tout en ce film n'est que poésie" [...] "Chaque silence a sa force" [...] "La musique donne une incroyable densité émotionnelle à chaque image que ce film n'aurait jamais été ce qu'il était sans" [...] "elle apporte (...) une autre facette de l'incroyable romantisme qui règne durant 170 minutes".
"J'ai adoré Meet Joe Black, ce film m'a énormément touché, et encore aujourd'hui, il me touche beaucoup. Car outre toutes les pensées philosophiques sur la Mort ou l'honneur, c'est un film d'amour, sur une relation impossible, mais qui au bout du compte, fait tellement rêver..."

Azariel, sur allociné, janvier 2004


Léon



Léon
(1994) est sûrement le meilleur Luc Besson mais également le plus beau rôle de Jean Reno, vibrant de sincérité dans la peau de cet italien immigré tueur à gages se prenant d'affection pour la petite Mathilda (Natalie Portman) dont la famille fut exterminée.
Si la fin vous met au bord des larmes, la musique de Sting, Shape of my heart, finit de vous achever et la larme à l'oeil finit par couler. Comment résister ?





Philadelphia



Philadelphia (1994) est un film majeur même s'il est moins d'actualité.
Réussissant à aborder deux sujets ô combien casse-gueule, le sida et l'homosexualité, et cela sans déraper ni tomber dans les clichés.
Un Oscar pour Tom Hanks fort mérité, et une chanson qui une décennie plus tard continue de marquer notre génération. Streets Of Philadelphia demeure la plus grande réussite de Bruce Springsteen au côté de Secret Garden, la B.O. de Jerry Maguire (1996).




Le Seigneur des Anneaux : La communauté de l'anneau

Difficile de ne pas évoquer la trilogie de Peter Jackson qui est l'une des plus grandes réussites artistiques de ces dix dernières années, et qui prouve qu'avec moins de 100 millions de dollars, on peut faire un film à la fois spectaculaire, passionnant, bourré d'effets spéciaux et esthétiquement impressionnant.
Dans le premier volet, Howard Shore y met également du sien en nous proposant des partitions envoûtantes, il est donc difficile d'en choisir une plus qu'une autre, et pourtant c'est May it Be d'Enya qui me vient immédiatement en tête, ne serait-ce parce que c'est l'un de mes groupes préférés et ensuite parce que la chanson est tout simplement magnifique et incarnait à elle seule les espoirs de la communauté divisée.


Gladiator

...même dilemme avec la B.O. extraordinaire de Gladiator (2000) avec un Hans Zimmer en très, très grande forme. Néanmoins, penser à Gladiator me fait penser à un plan, un seul : la main caressant le blé, et la musique vous portant dans l'univers lyrique de Ridley Scott ne nous ayant pas habitué à y pénétrer.
Lisa Gerrard me rappelle une chanteuse que j'aime beaucoup, Loreena McKennitt, que j'ai connu avec Bonny Portmore. Tant d'émotions au travers de sa voix dans une seule chanson. Now we are free m'a rappelé ce que j'avais ressenti en l'entendant pour la première fois devant Highlander III, à la différence que Lisa Gerrard l'entonne dans un film culte inoubliable.
Je n'ai plus jamais vu le blé de la même manière ensuite.



Deux derniers pour la route

O'Brother


O'Brother
(2000) est l'un de mes films préférés de George Clooney. La scène où il chante I am a man of constant sorrow n'y est pas étrangère parce qu'elle m'a fait mourir de rire, ce qui n'était plus arrivé depuis Wayne's World quand les compères reprennent en coeur Bohemian Rhapsody de Queen.
Cette scène à elle seule résume pour moi toute la loufoquerie et la bonne humeur dans laquelle O'Brother vous met, et je pense que pour un film de notre décennie, il reste celui à la B.O. la plus culottée qu'on ait pu voir.
Une des rares B.O. dont j'ai fait l'acquisition sitôt la sortie du CD.



Casino Royale



J'ai déjà évoqué plus d'une fois la chanson de Chris Cornell, You know my name, B.O. de Casino Royale (2006) de Martin Campbell.
Le film est de loin mon préféré de la saga, et sa B.O. également, dans la mesure où chaque fois que je l'écoute avec mon lecteur MP3 (car oui, elle trône fièrement dans ma playlist) je me sens moi-même espion au service secret de Sa Majesté.
Je n'en attendais de toute façon pas moins de l'ex-leader du groupe mythique Soundgarden, premier groupe avec Nirvana à avoir scellé les goûts musicaux qui sont miens à présent.




Cette liste reste bien entendu très incomplète, et il y a sûrement des films que j'oublie ou qui me reviendront plus tard. Néanmoins j'espère qu'elle évoquera pour vous de merveilleux souvenirs cinématographiques.

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Quantum Of Solace  

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Après un Casino Royale incroyable et remettant au goût du jour la saga bondienne, c'est peu de dire que ce Quantum Of Solace était très attendu. D'autant que fait inédit, le 22ème opus s'inscrit directement dans la suite de son prédécesseur, l'histoire reprenant là où nous l'avions laissé.

Vesper morte, James Bond (Daniel Craig) veut des réponses, et il commence par en demander à Mr White (Jesper Christensen), membre d'une obscure organisation si profondément infiltrée que même le Mi-6 et la CIA n'en connaissent pas l'existence. Sa croisade emmènera notre agent secret préféré sur les traces d'un certain Dominic Greene (Mathieu Amalric), homme d'affaires oeuvrant pour la fameuse organisation et cherchant à contrôler une des plus grandes ressources naturelles au monde, semble-t'il le pétrole. C'est pourquoi ce dernier manigance avec le général Medrano (Joaquin Cosio) pour renverser le gouvernement bolivien, et cela au nez et à la barbe des américains et des britanniques. Bond trouvera sur son chemin Camille (Olga Kurylenko), pendant féminin dans une quête vengeresse commune.

Scénario à nouveau signé Paul Haggis (à qui l'on doit les scénarios de Million Dollar Baby (2005) et le dyptique Mémoires de nos pères (2006) / Lettres d'Iwo Jima (2007) de Clint Eastwood, de Collision (2005) et de Dans la vallée d'Elah (2007) qu'il réalisera lui-même), autant dire que le bonhomme n'a plus grand chose à prouver et pourtant...
Peut-être est-ce une des conséquences du peu de temps qu'il y a entre les deux opus (un poil plus de 23 mois) mais autant Casino Royale prenait le temps de construire un mythe, un réseau de trames et de machinations se nouant les unes aux autres, autant Quantum Of Solace fait le strict minimum, l'histoire pouvant se résumer à une succession de scènes d'action et d'ennui profond (dialogues sommaires, intrigue quasi-inexistante). Un scénario un peu juste en somme pour un James Bond qui aurait sûrement mérité plus d'attention.


Le pire ne se situe hélas pas à ce niveau, Quantum Of Solace trouvant ses plus vilains défauts dans sa mise en scène.
Marc Forster est le cinéaste à qui nous devons À l'ombre de la haine (2002), film ayant marqué les esprits masculins pour une scène anthologique aillant valu à son interprète Halle Berry l'Oscar de la meilleure actrice (Oscar qui du reste lui monta un peu à la tête, les connaisseurs de la saga X-Men sauront à quoi je fais allusion), ainsi que le très moyen Stay (2006) et le récent Les Cerfs-volants de Kaboul (2008). On se demande dès lors pourquoi les producteurs ont choisi un réalisateur inexpérimenté dans un genre qu'il ne connait pas en lieu et place du très expérimenté Martin Campbell, si ce n'est pour acheter une crédibilité respectable à la saga. L'idée aurait pu être alléchante mais difficile de comprendre un cinéaste déclarant que le thème de son Bond est la confiance quand tout porte à penser qu'il aurait fallu ici traiter de la vengeance.

Certaines scènes d'action sont réellement bien mises en boîte et certains plans fort bien sentis. Que cela soit la scène de poursuite ouvrant le long métrage ou bien celle où James vient au secours de Camille au volant d'un bateau, Quantum Of Solace impressionne par son visuel plus poussé et donc plus jouissif que celui de Casino Royale. Seulement Forster fait deux erreurs majeures, d'abord d'un point de vue artistique et ensuite d'un point de vue comparatif.
En effet, le cinéaste par deux fois use d'un montage parallèle (façon Eisenstein dans La Grève, 1925) mettant en juxtaposition scènes d'action intenses et scènes annexes ayant un rapport sémantique entre elles (James Bond poursuit un vilain, Forster nous montre parallèlement une course de chevaux sensée représenter les deux hommes en pleine poursuite). On y gagne certes d'un point de vue esthétique mais on y perd grandement au niveau de la nervosité de l'action, Forster sabotant lui-même la violence de ces scènes. Un comble quand il s'agit qui plus est des scènes les plus spectaculaires !
Autre point sensible, les scènes de combat et de poursuite s'inscrivent dans la lignée de la trilogie Jason Bourne (ce que Martin Campbell avait soigneusement évité de faire, à juste titre) et il se trouve que Marc Forster n'a pas le quart du talent de Paul Greengrass pour filmer l'intensité d'une bagarre ou la course-poursuite entre Bond/Bourne et son ennemi. La séquence où l'agent 007 poursuit un traître nous rappelle par ailleurs étrangement celle où Bourne (Matt Damon), dans La Vengeance dans la peau (2007), se met à sauter de toît en toît à Tanger pour sauver Nicky (Julia Stiles) du sort que lui réserve Desh (Joey Ansah), jusqu'à ce plan mémorable où Bourne saute d'un balcon à un autre, traverse la fenêtre et s'attaque à son opposant, cela sans la moindre coupe, la caméra allant même jusqu'à accompagner l'acteur dans son élan. Même topo pour l'agent le moins secret au service de Sa Majesté qui va de toît en toît et de balcon en balcon sauf que lorsqu'on passe derrière Bourne avec bien moins de virtuosité, la comparaison n'aide en rien le film de Forster.
En résulte un Marc Forster faisant du Paul Greengrass sans être Paul Greengrass. Et c'est Quantum Of Solace qui trinque.



Autre déception, les acteurs.
J'ai beau avouer que je trouve Olga Kurylenko très belle, force est de constater qu'elle n'arrivera jamais à s'imposer autant qu'Eva Green n'imprègne sur la pellicule sa grande classe. Elle donne certes de la consistance à son rôle de femme dévorée par la veangeance (ce qui n'explique pas par ailleurs les errances du scénario la rendant suffisamment stupide pour s'exposer plus d'une fois : il ne manquait plus qu'à peindre une cible sur ses robes histoire d'enfoncer le clou) mais passer derrière la performance de notre frenchie lui est fort préjudiciable.
Pour rester sur le sujet des James Bond Girls, quid de l'agent Fields (Gemma Arterton) qui ne sert absolument à rien dans le métrage ? Un personnage sans intérêt dont Forster aurait pu nous dispenser pour se concentrer sur les véritables enjeux du film.
Même chose pour René Mathis (Giancarlo Giannini) dont le retour aide à faire avancer l'intrigue mais qui au final aura un impact dérisoire en comparaison de son rôle dans Casino Royale.
Quant à Mathieu Amalric, il souffre du même problème qu'Olga Kurylenko dans la mesure où Mads Mikkelsen avait incarné Le Chiffre de manière magistrale auparavant, tandis qu'Amalric semble autant surjouer qu'il abuse de son regard naturellement inquiétant. Seul hic : un attrait physique ne fait pas le méchant.
Et pour finir Daniel Craig, qui n'apporte hélas pas grand chose au personnage de Commander Bond, et se montre encore plus inexpressif qu'un cadavre.
Je ne parlerai pas de l'homme de main de Greene, Elvis (Anatole Taubman), aussi ridicule qu'inintéressant.
Reste à sauver dans ce désastre Judi Dench qui incarne M avec autant de panache que dans l'opus précédent, se montrant toujours très habile dans ce personnage double vis-à-vis de son agent (préféré ?).

Encore un point qui agace, le générique. Comme je l'avais indiqué dans le Zoom sur Casino Royale, la musique de Chris Cornell faisait merveille, son You know my name collant parfaitement à l'univers Bond. Mais que dire de cet Another way to die d'Alicia Keys et Jack White si ce n'est qu'en plus d'être horriblement inaudible, la chanson a autant sa place dans un générique de James Bond que ne l'avait celle Madonna et son Die another day. À se demander si Amy Winehouse, même shootée au prosac, n'aurait pas fait mieux. Sisi, je vous l'assure.

C'est Bon(d), t'as fini tes conneries ?

On pourra regretter également l'absence du fameux "Bond, James Bond" nous rappelant les bons vieux automatismes de la saga, ou encore l'absence en fin de séquence introductive du plan où l'on voit 007 tirer plein cadre, lancant ainsi le générique.
Néanmoins Marc Forster assure le minimum en reprenant à son compte les nouvelles règles que Martin Campbell a instauré dans son second film bondien : une fois encore, James Bond ne se sert pas de gadgets plus improbables les uns que les autres, ancrant davantage la saga dans un monde contemporain plus réaliste, ce qui n'est pas pour nous déplaire tant le sujet du film (l'écologie et les ressources naturelles) et un débat plus que d'actualité.
Toujours aussi noir, la nouvelle direction de la saga entamée dans le 21ème opus fait plaisir à voir et bien que plus sombres, les aventures de l'agent secret créé par Ian Fleming n'en demeurent pas moins toujours aussi passionnantes à suivre. C'est d'ailleurs ce qui sauve en grande partie le film.

Marc Forster nous rend donc au final une copie propre mais l'on attendait de lui bien plus, ne serait-ce que tenir la comparaison avec Casino Royale, ce qui hélas n'est guère le cas. En espérant que le réalisateur s'occupant de la 23ème aventure de l'agent britannique soit un peu plus câlé pour ne pas perdre l'essence de la saga nouvelle (vous l'aurez compris, je vote Paul Greengrass).


En bref : De temps en temps décousu, manquant singulièrement de nervosité, doté d'un scénario trop juste, Quantum Of Solace est une déception à plus d'un titre. L'essai n'a pas été transformé et l'on en vient à se demander si plus de deux ans auraient été nécessaire pour parfaire la suite des aventures de notre espion britannique préféré. Ce 22ème opus n'en demeure pas moins un bon film, plaisant à suivre, et dont on aurait tort de se passer. En espérant (beaucoup) mieux prochainement.

Rang : C

Mes stars et moi  

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Laetitia Colombani livre enfin son second long métrage, le premier remontant à 2002 (À la folie, pas du tout) et à ses jeunes débuts après avoir fait l'École Louis Lumière (elle avait 25 ans et dirigeait Samuel Le Bihan et Audrey Tautou, excusez du peu !).

Dans Mes stars et moi, la jeune cinéaste réunit à nouveau un casting quatre étoiles pour une histoire inspirée par des anecdotes auquelles est fut confrontée lors de la promotion d'À la folie, pas du tout. Un fan très envahissant (Kad Merad, l'acteur français en vogue ces temps-ci, après "l'ère Clovis Cornillac") se mêle de la vie de ses stars du cinéma préférées (Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart et Mélanie Bernier) pour le meilleur, et pour le pire.

L'intrigue semble intéressante et le thème de l'obsession un sujet pouvant amener bien des scènes hilarantes, et si Colombani met bien en place les choses au début du long, force est de constater que le filon s'épuise dès la seconde moitié. Audrey Tautou était réellement barge, mais ici on voit surtout un Kad déboussolé par le départ de sa femme, aidant même ces fameuses stars plus qu'il ne les dessert.

Malgré une réalisation peu flamboyante et un scénario totalement improbable, reste à Mes stars et moi quelques scènes comiques (ce n'est pas pour rien que le chat est sur l'affiche !) et des acteurs dans le ton quoiqu'en pleine démonstration. Dommage, le film aurait pu gagner à être plus acerbe et plus piquant. Sa folie aigre-douce reste cependant agréable à suivre et marque bien l'univers fantaisiste dans lequelle Colombani vit et aimer à nous plonger.

Rang : C

[Box Office semaine 43] Mesrine ô féroce !  

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... Pardonnez ce vilain jeu de mots dont je suis pourtant, hélas, un grand adepte, et place aux scores de la semaine passée !



The Top :

Mesrine : L'Instinct de mort tape fort pour sa première semaine d'exploitation et attire 769 242 français dans les salles obscures. Tant mieux, parce qu'avec les blockbusters hivernaux se pointant la semaine suivante, il est toujours bien pour le cinéma français d'engranger quelques biftons.
Autre gros carton de la semaine, High School Musical 3 que j'avoue ne pas avoir vu mais qui semble de ce que j'ai pu en voir aux Halles beaucoup plaire aux jeunes demoiselles. À croire que Disney aime avoir les beaux gosses dans ses rangs ! (oui, je fais bien allusion à Johnny Depp, et qu'on ne vienne pas me contredire sur son statut de joli coeur !)
Vicky Cristina Barcelona continue également son petit bonhomme de chemin et dépasse le million d'entrées, ce qui en fait sans conteste un succès très estimable pour Woody Allen dans nos contrées.


The Flop :

Coluche, l'histoire d'un mec souffre de sa mauvaise pub' et de son trop plein de présence télévisuelle pour les besoins de sa promotion, faisant passer l'envie à plus d'un français d'aller voir la dernière réalisation d'Antoine de Caunes. Et on les comprend... Avec une baisse de fréquentation de 43% dès la seconde semaine d'exploitation et à peine plus de 150 000 fauteuils ayant trouvé preneurs, m'est d'avis que le film disparaitra assez rapidement de nos salles de cinéma.
Autre déception, Tonnerre sous les Tropiques ne fait que 180 377 entrées pour un total de 429 623 entrées ce qui laisse dubitatif tant le film est pourtant une réussite.

Après le triomphe annoncé de Cassel, on parie sur le retour en grâce de l'agent 007 prêt à exploser les compteurs cette année ? (bon certes, les Ch'tis sont à l'abri, m'enfin quand même ! C'est James Bond !)

Hellboy II les légions d'or maudites  

Posted by Azariel in


Faire bien plus avec autant : voilà ce qui impressionne dans cette séquelle d'Hellboy. Car effectivement, pour un budget sensiblement équivalent, Hellboy II les légions d'or maudites (on se demande d'où sort le "maudites", d'ailleurs...) réussit à combler les manques dont le premier Hellboy souffrait sans pour autant donner dans la surenchère.

Guillermo Del Toro a un univers esthétique et artistique très particulier. Lui-même avouera dans un making of qu'il a prêté plus que de raison énormément d'attention aux formes de son long métrage, et qu'on aime ou non, il faut bien là reconnaître l'immense talent du réalisateur mexicain. On pourra surtout lui reprocher de ce point de vue une trop grande tendance à confondre univers fantastique et visuel ocre jusqu'à en filer la jaunisse. C'était déjà frappant dans Blade II, ici, Golden Army ou pas, c'en est presque écoeurant.

Mais qu'importe ! Nous retrouvons donc Ron Perlman dans la peau de "Red", Selma Blair reprenant son rôle de Liz et Doug Jones en Abe Sapien, ainsi qu'un petit nouveau des plus brumeux du nom de Johann Krauss (la voix appartenant à Seth MacFarlane). Ils auront à en découdre avec le Prince elfe Nuada (Luke Goss), désireux de rompre la trêve établie entre le Roi son père (Roy Dotrice) et les humains à la suite d'une guerre ancestrale. Pour se faire, le vilain pas beau (quoiqu'extrêmement habile combattant, maniant aussi bien la lance que je m'efforce de manier les mots) cherche à prendre le contrôle d'une légion de soldats mécaniques indestructibles, contrôlée par une couronne, elle-même divisée en trois parties dont une détenue par la Princesse Nuala (Anna Walton), sa soeur non désireuse de le suivre dans ses manigances.
Vous l'aurez compris, pas de quoi fouetter un chat même si on ne peut pas nier que pour ce genre de film, nous n'en attendons pas forcément davantage côté scénario.


L'intérêt d'Hellboy II les légions d'or maudites se situe ailleurs. Tout d'abord, Guillermo Del Toro, afin de parfaire l'univers dont il s'inspire librement du comic book, invente une faune rendant l'univers d'autant plus immersif qu'il gagne en cohérence. On est clairement dans un univers heroic fantasy où se mêlent gobelins, elfes, humains, trolls et autres créatures fantastiques, chose que Del Toro n'avait pu développer dans le premier opus, faute de moyen et surtout de liberté artistique et créative. Que dire par exemple de l'Ange de la Mort, sublime annonciateur des évènements à venir dans un hypothétique Hellboy III, dont la beauté plastique n'a d'égale qu'une ou deux créatures du Labyrinthe de Pan.

Ensuite, pour combler les amateurs du genre, il faut de l'action, et il est certain qu'ici, nous n'en manquons pas puisque le premier Hellboy s'est déjà chargé de poser les bases du personnage amateur des "Ça m'gonfle !" mais là où l'opus précédent distillait quelques scènes comiques au compte-goutte, le second opus donne davantage dans la boutade et déborde d'humour. [SPOILER]Il est d'ailleurs dommage que la paternité évoquée dans le long métrage ne soit pas davantage exploitée tant elle aurait pu amener quelques situations amusantes en tirant mieux avantage d'une telle déconvenue pour le géant rouge.[/SPOILER]

Mon précieeeux ! (prévision de Bilbo The Hobbit)

Ce film n'est cependant pas à mettre entre toutes les mains et risque de diviser. Autant le dire avec des mots simples, Hellboy II les légions d'or maudites est surtout un film pour garçons, et a peu de chance de plaire aux demoiselles et encore moins aux allergiques de l'univers si particulier de Guillermo Del Toro. Ne pas avoir aimé le premier opus vous fera encore moins apprécier le second, et là où un Spider-Man de Sam Raimi avait pour vertue d'être destiné à un large public, Hellboy II les légions d'or maudites plaira avant tout aux fans de comics.


En bref : Guillermo Del Toro réussit un véritable tour de force en améliorant la recette du premier Hellboy avec pourtant autant de moyens. Plus libre de ses choix artistiquement, le metteur en scène originaire de Guadalajara nous expose un bestiaire des plus impressionnants mais en oublie quelque peu son personnage d'Hellboy, cantonné ici au simple rôle de super-héros casseur de monstres. Un choix peu préjudiciable pour une oeuvre plastiquement irréprochable. À réserver toutefois aux inconditionnel(le)s du genre.

Rang : B

W. - L'improbable Président  

Posted by Azariel in

Divertissant mais peu passionnant, et c'est bien là où le bât blesse lorsqu'on s'attend à voir un film d'Oliver Stone, habitué des pamphlets et porte-parole d'une Amérique qui n'a pas la langue dans sa poche.

Non pas que W. - L'improbable Président soit un film raté, loin de là. Tout est parfaitement filmé, et les divers cuts pour passer d'une scène à une autre renforcent même cette impression de maîtrise de la part du metteur en scène, qui a suffisamment de bouteille pour ne plus rien avoir à lui redire sur l'esthétique de ses longs métrages. Certaines images d'archive viennent agrémenter le docu/biopic et l'on s'amuse à voir la véritable Hilary Clinton, Dominique de Villepin ou Saddam Hussein, tout comme l'on rit de la conversation téléphonique entre Jacques Chirac (je n'ai vu que la V.O., on parie qu'un imitateur des Guignols s'occupe de la V.F ?) et George W. Bush. Josh Brolin y est par ailleurs hallucinant, reproduisant à merveille les gestes, les intonations, et jusqu'aux tics faciaux du 42ème président des États-Unis.

Mais comment faire un film où tout prête à ce qu'il soit à charge (il est tout de même question de l'accession d'un alcoolo' peu mordu par la politique au poste de président du plus puissant pays au monde) quand l'intention première d'Oliver Stone est de comprendre l'homme et son parcours ? Cela pourrait s'avérer intéressant s'il ne s'agissait pas justement d'Oliver Stone derrière la caméra, et si l'on ne pouvait pas s'empêcher de penser que l'on est davantage dans la supposition des faits que dans la vérité absolue (difficile de nous assurer que la relation somme toute fascinante entre Bush père et fils soit ce qu'elle est à l'écran tant cette famille est réputée pour ne pas parler d'elle). D'autant que certaines pistes politiques fort passionnantes à exploirer ne sont ici qu'évoquées et au final le long métrage ne nous apprend rien de plus que ce que nous savons déjà.


Néanmoins là où le film intéresse le plus, c'est lorsqu'il montre l'avant et l'après-guerre d'Irak sauce 2003. Tout d'abord parce qu'il informe les plus véhéments d'entre nous, s'en donnant à coeur joie à taper sur le bonhomme, qu'un homme seul ne décide pas, et qu'au delà de Bush, il y a l'administration Bush. Autant un homme est le siège de ses erreurs, autant Stone trouve bon de rappeler qu'ici, il n'y a pas qu'un seul fautif et qu'un système à lui seul peut broyer n'importe qui, même un président.

Ces considérations politiques ne seront cependant pas le souci premier d'Oliver Stone, or c'est peut-être ce qui aurait pu être le plus judicieux à creuser. Du cas Colin Powell (Jeffrey Wright) en désaccord avec ses collègues au personnage Condoleezza Rice (Thandie Newton), bien des personnages auraient mérité que l'on s'attarde davantage sur eux tant ils ont eu une influence sur les décisions et la politique de Bush Jr. Reste James Cromwell en George Bush Sr., donnant le change à Brolin de fort belle manière et nous donne à penser qu'un autre Bush pourrait tout aussi bien avoir un biopic pour lui.

Divertissant mais peu passionnant.


En bref : Oliver Stone nous revient deux ans après son ennuyeux World Trade Center dans un genre qui a fait sa renommée : la figure présidentielle. Néanmoins, l'homme a vieilli et se montre hélas bien trop sage que du temps de JFK et Nixon, se contentant de brosser le portrait d'un homme qu'on aurait jamais pu imaginer en président s'il n'avait pas eu un père pour le remettre en selle à la moindre dérive. Aucune prise de position, et c'est bien tout ce que l'on peut repprocher au film qui, même s'il ne nous apprend rien, permet tout de même de rappeler certains faits que beaucoup ont tendance à occulter.

Rang : C

[Mon mois de...] Novembre 2008  

Posted by Azariel in

Novembre, période (avec Décembre) généralement bénie des Dieux du Cinéma puisque lieu de rencontre des longs métrages devant rapporter des pepettes aux studios, autant que la période estivale réservée également aux blockbusters américains. Autant dire qu'à partir de Novembre, les bons films commencent à pointer le bout de leur museau.

Alors ? Le Père Noël est-il passé avant l'heure cette année ?

T'as les Crowe Russell ? (Mensonges d'État)

Le 05 novembre 2008, encore une date à marquer d'une pierre blanche pour votre humble serviteur, car tout juste un an après la sortie d'American Gangster, mon réalisateur préféré Ridley Scott nous revient avec en tête d'affiche Leonardo DiCaprio (criez pas les filles...) et Russell Crowe (là vous pouvez crier) dans Mensonges d'État, qu'évidemment je ne peux pas ne pas aller voir, même en cas de fin du monde. À cette même date sort pour les amateurs de sensations fortes Saw 5 qui est toujours distrayant pour qui rêve secrètement de torturer son conjoint quand il laisse la vaisselle en plan. La Très très grande entreprise, prochain film de Pierre Jolivet, semble prometteur et puis ce sera pour nous l'occasion de retrouver Roschdy Zem. En dessert, je me laisserai bien tenter par un petit Mon espion préféréAntonio Banderas et Meg Ryan se feront face.

Trois films auront mes faveurs dans la semaine du 12/11 : tout d'abord je me précipiterai sur L'Échange de Clint Eastwood, l'une des révélations du dernier Festival de Cannes. Ensuite j'irai voir l'adaptation cinématographique du jeu vidéo à succès Max Payne même si ce sera surtout pour moi prétexte à retrouver la belle Olga Kurylenko (désolé Camille !). Enfin et parce que je sais que mon ami Loky5 est follement amoureux d'elle, j'accompagnerai ce dernier voir le dernier film de Keira Knightley, The Duchess, accompagnée par le trop rare Ralph Fiennes.


Le 19/11 nous permettra de clore la saga Jacques Mesrine avec la sortie de Mesrine : L'Ennemi public n°1 (je vous renvoie d'ailleurs à ma critique sur le premier volet). Guy Ritchie sera également à l'honneur avec Rock'NRolla, porté par le charismatique Gerard Butler (aucun lien de parenté avec Rhett Butler, si vous vous posez la question). Autre retour attendu, celui du duo James Gray / Joaquin Phoenix dans Two Lovers, en espérant que cette collaboration soit aussi fructueuse que celle qui fut la leur dans La Nuit nous appartient. J'irai dormir à Hollywood semble être un documentaire burné et c'est bien pour cela que je ne le manquerai pas.

On termine avec les sorties du 26/11 et celle du Transporteur 3 qui nous permettra de retrouver Jason Statham dans un film d'action musclé mis en scène par Olivier Megaton. Un dernier mot sur le prochain film de Sean Ellis, The Broken, qui me permettra de retrouver le réalisateur de l'incroyable Cashback, court métrage exceptionnel transformé en long début 2007.

Si avec tout ça, vous ne trouvez pas votre compte, je ne peux plus rien faire pour vous !
Bonnes séances à tous, sortez couverts.


(Liste non exhaustive et ne regroupant que les films m'intéressant de prime abord)

[Box Office semaine 42] Barcelone, destination préférée des français.  

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Coluche ? Stiller ? Frot ? Who is the winner this week ? Et bien... nobody !


The Top :

La France a toujours aimé Woody Allen et elle lui montre. J'étais étonné d'ailleurs de voir dernièrement Le Rêve de Cassandre remplir autant la salle de cinéma dans laquelle je me trouvais tant le cinéma d'Allen est un genre particulier, ne plaisant pas à tous, n'étant pas fédérateur. En tout cas, Vicky Cristina Barcelona occupe le haut du classement pour sa seconde semaine d'exploitation et fait même la nique (expression que j'emprunte à la VF de Roméo + Juliette de Baz Luhrmann) aux nouvelles sorties de la semaine. Chapeau bas monsieur Allen !
Il n'empêche que Le Crime est notre affaire suit à quelques longueurs, et devance même Coluche, l'histoire d'un mec et Tonnerre sous les Tropiques ! Amusant, j'aurai plutôt parié sur le dernier. Bougez-vous chers lecteurs, allez voir cette semaine la dernière réalisation de Ben Stiller (en même temps que Mesrine : l'Instinct de mort), vous ne le regretterez pas !
Faubourg 36 en profite pour passer le cap du million, et même si l'on est loin du succès des Choristes, cela reste une belle réussite en ces temps de disette.


The Flop :

Course à la mort malgré les quelques commentaires que j'ai lu sur mon blog ou ailleurs fait moins de 100 000 entrées, le box office me donnant au final raison. Le cinéma ne se conçoit pas comme le jeu vidéo malgré les passerelles que l'on peut faire entre les deux, et aussi distrayant que soit la dernière réalisation d'Anderson, il serait bien que ce dernier en prenne conscience.
Moins de 500 000 entrées pour La Loi et l'ordre, c'est certes un bon score mais loin de ce que l'on pourrait attendre de la réunion de deux monstres sacrés du cinéma hollywoodien. C'est dire de la qualité médiocre du film d'Avnet, et de l'efficacité du bouche à oreille, même lorsqu'il s'agit de démolir un film. Et avec 46% de baisse de fréquentation, difficile d'imaginer une carrière plus longue pour ce long métrage dans notre métropole.

Rendez-vous la semaine prochaine pour voir assurément le triomphe de Vincent Cassel !

Le Crime est notre affaire  

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51 ans au compteur et pourtant toujours aussi belle et pétillante. Autant dire que Catherine Frot fait pour Le Crime est notre affaire ce qu'elle sait faire de mieux : rendre une comédie savoureuse et chatoyante.

En revanche sa performance est un peu passe-partout, et mis à part son rôle dans Odette Toutlemonde, où une pointe d'onirisme montrait le bout de son museau, les rôles se suivent et se ressemblent pour la française, rendant les surprises de moins en moins surprenantes. On connait sa verve, on connait son humour acerbe ainsi que l'efficacité de sa répartie.

Dussollier n'en est pas moins un parfait compagnon de jeu pour Frot et leur complicité fait plaisir à voir tant elle porte le film à elle seule.

Au final, seul le ton et la fin ne sont pas à mettre au crédit du long métrage.
En effet, entre thriller et comédie, le film balance entre les deux et le mariage n'est pas parfait, la sauce tourne même parfois au vinaigre. Comment croire à une ambiance criminelle quand tout prête à sourire ? Quant au "Deus Ex Machina" venant clore Le Crime est notre affaire, il est des plus déplaisants et donne à penser que le cinéma français a bien du mal à sortir du carcan comique dans lequel son cinéma se noie parfois.

Rang : C

Mesrine : L'Instinct de mort  

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Écran noir. Bruit des journaux posés, de téléphones portables coupés, de pop-corn mâchouillés, de derrières se calant sur les sièges, de râclements de gorge.

Image. Musique. Distributeur, sociétés de production. À nouveau un écran noir.
Puis un message, une simple phrase nous annoncant que le film est affaire de point de vue, qu'il n'est pas LA vérité sur Jacques Mesrine, mais qu'il s'en inspire autant que possible.

Premiers plans.
Sylvia (Ludivine Sagnier) promène son toutou. Multiples split screen ou plutôt multi-images d'une même scène mais tournée de diverses façons : la phrase du début prend tout son sens, car nous n'avons pas affaire à un multi-angles de la même scène, mais une idée de ce qui aurait pu se passer, tel qu'on pourrait se l'imaginer. Jacques Mesrine (Vincent Cassel) se passait-il la main dans les cheveux lorsqu'il attendait le signal de Sylvia ? Était-il proche d'elle lorsqu'il la suivait ? Le montage donne dès lors un écho à ce fameux avertissement en dévoilant diverses possibilités, insistant sur l'idée qu'au-delà du simple biopic, il y a une part de suppositions, d'incertitude. Magnifique mise en abîme. La séquence en devient passionnante.

Jean-François Richet nous revient trois ans après son remake du classique Assaut (1976) de John Carpenter, lui-même inspiré de Rio Bravo (1959) d'Howard Hawks. Cette entrée en matière des plus virtuoses et des plus brutales démontre que Richet a beaucoup appris avec Assaut sur le central 13, et la suite du long métrage ne me fera pas démentir.
Très efficace, soignée, évitant toute esbroufe visuelle, sa mise en scène bien que dénuée de toute virtuosité dépeint autant l'homme que le monstre, sans complaisance.


Hélas, l'objectif reste concentré sur Mesrine, sur lui et rien d'autre. Minceur du scénario ou choix délibéré, plusieurs axes intéressants de l'époque et de ceux entourant Mesrine sont à peine effleurés. La piste politique n'est pas creusée (particulièrement en ce qui concerne l'OAS), les ennemis du gangster originaire de Clichy ne sont pas ou peu montrés (et la police alors, que faisait-elle ?). Quant aux seconds rôles, de Gérard Depardieu (pourtant vibrant de justesse dans le costume de Guido) à Gilles Lellouche (Paul) en passant par Cécile de France (Jeanne Schneider), ils ne tiennent pas la comparaison une seule seconde face à un Cassel possédé, retrouvé, et surtout dans ses cordes.

Cependant ce Mesrine : L'Instinct de mort n'en est pas moins dénué de qualités esthétiques et filmiques impressionnantes. Le Paris des années 60-70, même s'il n'est qu'une toile de fond, est autant immersif qu'il inquiète, et l'on imagine fort bien que la reconstitution du Canada d'antan respire la même fidélité.
Plus encore, de la même manière qu'Olivier Dahan l'avait fait avec La Môme (2007), au delà de la légende et du mythe, Richet s'attache à filmer l'homme, et distille les scènes où le talon d'Achille de Mesrine indique déjà ce qui causera sa perte : son égo. Jamais dans un film de gangsters la tragédie du génie d'un être dévoré par son "moi" n'avait à ce point bouffé la pellicule et éclairé un long métrage de toute l'humanité d'un monstre. Ici, on ne cherche ni à glorifier ni à déprécier la légende Mesrine, mais seulement à comprendre l'homme et ses choix. Un excercice qu'un film comme Coluche, l'histoire d'un mec (2008) d'Antoine de Caunes va passer à côté, et qui témoigne de la grande difficulté à trouver le juste équilibre entre biopic et cinéma.


On pourrait reprocher à ce premier chapitre de n'être qu'une succession de séquences faisant l'apologie de la violence ou brossant dans le sens du poil "l'esprit banlieue" propre à Richet, mais pour qui connait l'histoire de Jacques Mesrine, on ne peut que constater qu'ici la forme épouse à merveille le fond.

"Dehors ou mort". Cette ultime phrase prononcée par Cassel ne nous donne plus qu'une envie : savoir comment le second élément permettra de stopper le fauve qui depuis longtemps a refusé d'être mis en cage.


En bref : Outre la brillante performance de Vincent Cassel, Mesrine : L'instinct de mort est d'autant plus passionant qu'il est frustrant. En étant l'un des meilleurs films de gangsters français de ces vingt dernières années, il nous amène à songer qu'il y a une suite et l'on devient obsédé dès lors par une seule pensée : vivement la suite !

Rang : B

Casino Royale  

Posted by Azariel in

Réalisé par Martin Campbell
Film d'action américain (2006)
Durée : 2H18

Avec Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench

Sortie française au cinéma : 22 Novembre 2006

Synopsis : Pour sa première mission, James Bond affronte le tout-puissant banquier privé du terrorisme international, le Chiffre. Pour achever de le ruiner et démanteler le plus grand réseau criminel qui soit, Bond doit le battre lors d'une partie de poker à haut risque au Casino Royale. La très belle Vesper, attachée au Trésor, l'accompagne afin de veiller à ce que l'agent 007 prenne soin de l'argent du gouvernement britannique qui lui sert de mise, mais rien ne va se passer comme prévu. Alors que Bond et Vesper s'efforcent d'échapper aux tentatives d'assassinat du Chiffre et de ses hommes, d'autres sentiments surgissent entre eux, ce qui ne fera que les rendre plus vulnérables.


Son nom est Bond, James Bond. Après quatre ans d'absence sur nos écrans, le plus connu des agents secrets revient sous la houlette de Martin Campbell, réalisateur néo-zélandais déjà à la tête de GoldenEye en 1995 mais également des deux dernières adaptations cinématographiques du héros masqué Zorro, à savoir Le Masque de Zorro (1998) et La Légende de Zorro (2005).

Retour sur un film qui à plus d'un titre restera comme l'épisode marquant le renouveau du chouchou de sa Majesté et certainement l'un des meilleurs James Bond de la saga.


C'est qui Daniel Craîîîgue ?

On a déjà tout dit ou presque sur Casino Royale. Mais le plus amusant fut sans conteste tout le tapage bien avant le début du tournage, lorsque les producteurs des films basés sur l'oeuvre de Ian Fleming annoncèrent le nom du successeur de Pierce Brosnan dans le costume de l'agent secret, ce qui n'est pas sans nous rappeler celui occasionné par le choix contesté de Sean Connery pour le même rôle, il y a plus de quarante ans.


Daniel Craig. Qui connaissait jusque là le nom de cet acteur anglais, dont la carrière était pourtant déjà bien remplie avant qu'il ne soit consacré Commander Bond ? Ce n'était pas mon cas, même si j'avais auparavant vu Craig dans deux films du début des années 2000, tout d'abord dans Lara Croft : Tomb Raider (2001) puis dans Les Sentiers de la perdition (2002).
Mon père est un amoureux transi de la saga. Autant dire que je suis tombé dedans lorsque j'étais petit tant les films consacrés à James Bond passaient fréquemment sur notre écran de télévision. Je me souviens de notre première réaction lorsque Daniel Craig fut présenté à la presse et au public comme nouvelle incarnation de Bond : "Mais il est blond !?!" suivi d'un "Aucune classe ce type !".
C'était donc sans grande conviction que nous attendions le prochain volet de la saga, déjà plombée par des épisodes précédents à la qualité plus que discutable.


Faire du neuf avec du vieux

Au début des années 90, la saga connait déjà un premier coup d'arrêt : Timothy Dalton n'arrivera jamais à s'imposer dans le rôle de l'espion britannique, et malgré la présence derrière la caméra de John Glen, déjà réalisateur bondien du temps de George Lazenby (Au service secret de sa Majesté, 1969) et de Roger Moore (Rien que pour vos yeux, 1981 ; Octopussy, 1983 ; Dangereusement vôtre, 1985), Tuer n'est pas jouer (1987) et Permis de tuer (1989) seront deux échecs cuisants.
Il aura fallu attendre six ans et l'arrivée à la barre du capitaine Martin Campbell avec en premier matelot l'irlandais Pierce Brosnan pour que la franchise soit relancée dans ce que je considère comme l'un des meilleurs opus de la saga, à savoir GoldenEye.

Double paire de zéro : la banque saute !

À l'époque, Campbell avait fait ses armes dans le registre de l'action avec le très réussi Absolom 2022 (1994), mettant en scène un Ray Liotta des grands jours dans un univers futuriste des moins réjouissants.
Quant à Brosnan, il s'est fait surtout connaître sur le petit écran dans la série mettant en scène Les Enquêtes de Remington Steele, sa carrière sur grand écran n'étant jalonnée essentiellement que de petits rôles dont un dans Madame Doubtfire (1994) de Chris Columbus, son rôle le plus marquant restant sans conteste celui du Dr Lawrence Angelo dans Le Cobaye (1991) de Brett Leonard.

Hélas, les opus qui suivront GoldenEye ne permettront pas de confirmer le nouvel élan que Campbell insuffla à la saga. Demain ne meurt jamais (1997) de Roger Spottiswoode souffrira du manque de génie de son script, Le Monde ne suffit pas (1999) de Michael Apted sera des plus conventionnels et ses personnages des moins crédibles, et pour conclure, Meurs un autre jour (2002) de Lee Tamahori sera une hérésie non pas à la saga, mais au cinéma en général. D'ailleurs, non seulement le vingtième opus se fourvoie totalement en étouffant le long métrage de gadgets bondiens tous plus rocambolesques les uns que les autres, mais surtout je crois bien que jamais une bande originale ne fut autant indigeste que celle de Meurs un autre jour, avec en point d'orgue le fameux Die Another Day de Madonna, qui pourtant avait déjà signé une très bonne chanson pour les besoins d'un Austin Powers (Beautiful Stranger).

Un retour aux sources s'imposait donc pour une série dont l'image était plus que ternie après plus de quarante ans d'existence dans le paysage cinématographique.


Campbell, ce héros

Petite anecdote, il fut un moment question que le 21ème opus soit dirigé par Quentin Tarantino himself, ce qui était loin de déplaire à Brosnan (ni aux fans de Tarantino dont je fais parti) qui demandait à ce que le projet aboutisse. Hélas la proposition de QT ne fit pas l'unanimité au sein de la prod', et le projet avorta.
Quoiqu'il en soit, logique que l'on appelle à la rescousse le dernier réalisateur ayant permis à Bond d'avoir un opus digne de ce nom, d'autant que le réalisateur néo-zélandais avait depuis frappé fort avec son Masque de Zorro, aidé en cela par un Antonio Banderas des grands jours, un Anthony Hopkins toujours au top et une Catherine Zeta-Jones que le public découvrira mâchoire décrochée jusqu'au sol, moi le premier.

Il sera question dès lors de reprendre le mythe instauré par Ian Fleming depuis le commencement, à partir du moment où James Bond obtiendra son fameux permis de tuer, inhérent à sa condition d'agent double zéro.
En somme, un James Bond plus jeune, moins aguerri, et surtout plus brut du décoffrage : voilà le nouveau pari des producteurs de la saga pour rendre le film tout simplement plus contemporain.

Un choix des plus judicieux...


Déconstruire le mythe...

Casino Royale a cela de formidable que malgré le radical changement d'orientation qu'il donne à la saga, il reprend pourtant une grande partie des codes nécessaires à l'identité filmique d'un opus de James Bond.

Tout d'abord les James Bond Girls, tout du moins ici une seule : Eva Green, déjà présente dans Kingdom of Heaven (2005) de Ridley Scott, impose sa classe et son immense talent dans le rôle tragique de Vesper Lynd, seul véritable amour de notre cher espion britannique.
Tenant la comparaison avec Craig/Bond, elle sera loin de l'image de greluche en bikini dont on demande d'être belle et d'avoir une scène d'amour avec l'agent secret pour suivre la tradition (car oui, il ne suffit pas de tenir un flingue et d'être une pseudo-action woman pour se démarquer, n'est-ce pas Miss Halle - bikini orange - Berry ?). Intelligente, avec de la répartie, le rôle de Vesper sied à merveille à la jeune actrice française.

Ensuite, un vilain des plus charismatiques : acteur danois jusque là méconnu du grand public, Mads Mikkelsen incarne Le Chiffre, méchant pas comme les autres dans la mesure où pour commencer, cet homme n'est qu'un pion et pas qu'un simple mégalomane voulant dominer le monde. Certes il n'en est pas moins banquier à l'affût du moindre dollar à amasser quitte à organiser des attentats lui-même, mais le distinguo ici est important car l'intelligence classique que l'on donne aux ennemis de Bond est ici justifiée : Le Chiffre sait ce qu'il fait et où il va. Il sait contre qui il se bat, et n'hésitera pas à employer la ruse pour vaincre Bond à son propre jeu. Plus qu'un méchant, il devient le héros tragique de sa propre réussite, et sa mort posera les jalons de la probable future organisation du Spectre.
Bref, Mikkelsen interprête un méchant des plus atypiques, et cela participe au renouveau de la saga de fort belle manière, d'autant que la présence de l'acteur perceptible et importante, surtout durant les parties de poker où les dialogues sont peu nombreux.

T'as les jetons, hein Bond ?!

Outre les acteurs, dont on oubliera pas de dire que Judi Dench incarne dans ce Casino Royale une M bien plus intéressante et convaincante que dans les opus précédents, les gadgets font également leur retour.
Sauf qu'ici, pas de super satellite envoyant des rayons laser de l'espace, pas de voiture high tech capable de devenir invisible, pas de téléphone capable de vous piloter comme si vous étiez Alain Prost votre BMW, rien de tout cela... Juste un GPS et un kit de secours. Et honnêtement, ce n'est pas plus mal !
Les producteurs ont semble-t'il compris les reproches que l'on faisait à Meurs un autre jour et nous ont écouté. En mettant la pédale douce sur les gadgets improbables, Casino Royale gagne en crédibilité tout autant que la saga gagne en maturité. Cette dernière prenait une tournure des plus déplaisantes en lorgnant du côté de la science fiction, et ce n'est clairement pas ce que nous attendons de Bond.

À ce titre, outre le plaisir de retrouver certains codes, il était tout autant nécessaire d'en gommer quelques uns pour humaniser et encrer James Bond dans notre siècle, chose que Casino Royale eut la brillante idée de commencer...


... Pour mieux le reconstruire !

Dans un premier temps, l'élément qui frappe le plus est la disparition pure et simple du côté beau parleur et décontracté du personnage.
En effet, Daniel Craig incarne dans Casino Royale un James Bond froid, irracible, et même violent. Mieux encore, James Bond a un défaut : il n'aime pas perdre. Que cela soit en courant après un fabriquant de bombes (Sebastien Foucan) ou aux cartes, Bond ici est mauvais perdant, grogne, râle. Il est humain en somme.

Au delà de cette humanisation, Craig dépoussière le mythe en le rendant vulnérable. D'abord physiquement, et ensuite sentimentalement.
Jamais je n'avais vu dans un opus un Bond aussi malmené et blessé. L'introduction en noir et blanc (choix judicieux s'il en est) nous dévoile déjà un James Bond brutal et marqué, mais cela se confirme par la suite : lorsqu'il se met à courir après Mollaka, ce dernier esquivant les obstacles dressés sur son chemin grâce à une agilité presque féline, Bond lui trébuche, passe à travers les murs, se blesse, hésite. Campbell nous rappelle ici que Bond n'est pas un super-héros doté de super-pouvoirs, et qu'il a des limites.
James n'en sera pas pour autant dénué de son célèbre sens de l'humour, la scène où il se fait torturer permettant de montrer un Bond qui, même au bord de la rupture, parvient à lâcher tout en riant un : "le monde saura que vous serez mort en me grattant les couilles !". Culte !



Mieux encore, l'espion va tomber amoureux. Ce n'est pas la première fois que la possiblité est exploitée, mais c'est la première fois qu'elle ouvre des possibilités grandioses, comme la possibilité d'aborder le thème de la vengeance (un des axes que se propose d'explorer le futur Quantum of Solace), chose encore inimaginable dans un film bondien il y a une dizaine d'années.

D'ailleurs, nouvelle entaille aux codes de la saga, Casino Royale ne se suffit pas à lui-même et pour la première fois, un opus aura une suite directe. Peut-être est-ce là un des effets post-Jason Bourne, la trilogie ayant démontré que l'on pouvait raconter une histoire passionnante même quand il s'agissait d'un film d'espionnage mâtinée d'action brute et contemporaine, mais voilà une excellente nouvelle qui permettra à la franchise d'explorer réellement de multiples facettes du personnage, en ayant un suivi chronologique (et surtout logique) de lui.

La mise en scène prend également un coup de fouet, et l'on sent que Martin Campbell commence à avoir de la bouteille et un sacré don pour diriger ses acteurs. Plus nerveux, plus maîtrisée, la réalisation de Casino Royale n'en est pas pour autant un vulgaire copier/coller de la sauce Paul Greengrass, elle a la qualité de ne pas prendre en otage le film et de se faire oublier tout en étant exemplaire. Un talent au service du script, et non l'inverse. C'est la grande différence que l'on peut faire entre les deux opus réalisés par le néo-zélandais, qui démontre donc qu'il est un réalisateur sous-estimé et sur qui l'on devrait davantage compter.


Pour conclure

Encore deux points à aborder.
Tout d'abord, la V.F. que je vous conseille vivement d'éviter, surtout si vous ne voulez pas gâcher le plaisir de découvrir ce Casino Royale. En effet, autant la voix doublant Daniel Craig, Judi Dench ou Jeffrey Wright (Felix Leiter) assurent, autant celle doublant Mads Mikkelsen est une horreur, et l'on perd beaucoup par rapport à l'accent danois et aux intonations de l'acteur dans la V.O. Je ne saurais trop vous conseiller donc de découvrir Casino Royale dans la langue de Shakespeare ! Évidemment, je ne mentionne pas le doublage d'Eva Green, puisque c'est elle-même qui l'assure.

Ensuite, je voudrais mentionner le fait que la B.O. de ce James Bond, intitulée You know my name, est interprétée par Chris Cornell, chanteur du groupe Audioslave mais surtout ex-chanteur de Soundgarden, l'un des quatre plus importants groupes du mouvement musical grunge, au côté de Nirvana, Pearl Jam, et Alice in Chains. Autant dire qu'elle dépote, et pas qu'un peu. À l'image du long métrage, en somme !


Casino Royale ouvre une brèche, il permet à la série de prendre un nouvel envol (au bout de 21 films, il serait temps...) et annonce une nouvelle épopée, plus contemporaine, plus brutale, plus sombre, qui dépoussière et transcende la saga.

Espérons que si Casino Royale montre le chemin, Quantum of Solace (22ème et prochain opus) enfonce définitivement la porte et confirme qu'il faudra dès lors à nouveau compter sur l'espion britannique dans notre clivage cinématographique.


Rang : A