There Will Be Blood  

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De Paul Thomas Anderson
Drame américain (2008 France, 2007 USA)
durée : 2h38

avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, Ciarán Hinds

There Will Be Blood nous plonge pendant près de 2h30 dans l’atmosphère inquiétante et austère d’un western crépusculaire qui se déroule dans une plage temporelle de 25 ans (le film commence en 1902 et se termine en 1927, la majeure partie se déroulant en 1911).
La mise à mort de l’Ouest mythique tel que représenté dans l’idéologie du western classique se fait par l’arrivée du pétrole qui modifie le paysage du lieu dans lequel il est exploité par l’installation de puits de forage et des innovations techniques l’accompagnant comme les pipelines.
Il est fascinant de voir évoluer la ville qu’achète Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis), passant de la bourgade perdue, arriérée mais évoluant dans un contexte naturel à la petite ville pétrolière pervertie esthétiquement par le modernisme à l’image des villes pionnières lors de la ruée vers l’or.

Passage du XIXe siècle au XXe siècle ; crépuscule de l’Ouest américain vers une aurore capitaliste ; perversion comme évolution : ceci se traduit notamment au début du film par cette amorce de 15 minutes sans dialogues. Cette scène d’anthologie, soutenue par la B.O de Johnny Greenwood (guitariste du groupe Radiohead), produisant une emphase terrifiante, illustre parfaitement cette perversion, cette mise à mort par le pétrole et son modernisme : des hommes creusent, forent, se couvrent de pétrole et de poussière et la musique décalée illustre un crime abominable.
Cette musique à la fois stridente et hypnotisante rappelle à bien des égards celle de 2001, l’odyssée de l’espace (Stanley Kubrick) lors de la scène d’ouverture d’une quinzaine de minutes sans dialogues, comme ici, où les hommes préhistoriques de retrouvent face au fameux monolithe noir dont l’ombre va permettre à l’un d’entre eux de trouver un os. Os qui symbolise l’outil. Outil qui permettra à l’homme de vaincre son ennemi pourtant plus fort physiquement. Os-outil se transformant en vaisseau spatial et faisant figure symbolique de l’évolution technique de l’humanité. Os ici remplacé par l’or noir.


Cette évolution de noir vêtue nous mène donc du crépuscule d’une époque à l’aube économique d’une autre : l’aube du capitalisme du XXe siècle.
Transporté en 1911, le film nous dépeint le tableau d’une bataille idéologique générant tous les excès : la religion (catholique) poussée au fanatisme risible du prêcheur Eli Sunday (Paul Dano) contre le matérialisme poussé à la folie et incarné par le pétrolier Daniel Plainview (Daniel-Day Lewis), cette bataille figurant comme une allégorie de l’Amérique contemporaine.
Ce combat entre Eli et Plainview est articulé par la vengeance et la dualité :
• revanche de Daniel Plainview en réponse à l’arrogance du jeune Eli qui va jusqu’à l’humiliation d’être roué de coups dans une mare de pétrole.
• Vengeance publique du prêtre lorsque Plainview doit absoudre ses pêchés dans l’église de la troisième révélation pour obtenir le droit de faire passer un pipeline sur le terrain du vieux Brandy.
• Vengeance finale et sanglante de Daniel Plainview sur Eli ou l’on voit ce dernier renier sa propre spiritualité et raison d’être : l’argent est la seule vraie religion à laquelle tout le monde croit. Voila la leçon que donne Plainview au jeune prêtre et qui achève de le plonger dans la folie.
• Dualité de Paul Dano qui incarne Eli et son frère jumeau Paul (il faut d’ailleurs noter que Paul Dano ne devait incarner au départ que le jeune Paul. Il incarne finalement Eli et Paul, Anderson remaniant et enrichissant du coup le scénario pour la cause).
• Dualité de Daniel Plainview entre l’homme du début du film qui inspire confiance et l’homme de la fin dévoré par la folie et la démesure.


A ce titre, la trajectoire du personnage de Daniel Plainview s’inscrit dans une notion d’Hybris.
Cette démesure digne de la tragédie grecque est nourrie par sa soif vaniteuse et son orgueil qui ne cessent de croître tout au long du film.
L’image du self-made man fait ici figure de déshumanisation progressive.
Le personnage nous apparait d’abord comme un foreur courageux et persévérant, un homme généreux qui adopte l’enfant de son collègue abattu par les démons du pétrole, un businessman ambitieux mais évoluant dans une dimension familiale du capitalisme et un orateur convaincant aidé par un accent bourru mais chaleureux.
Daniel Day-Lewis s’est inspiré de John Huston pour cet accent suivant la volonté d’Anderson. Ce film fait, en dehors de ceci, écho à Huston notamment par son sujet de "ruée vers le pétrole" proche de la "ruée vers l’or" illustrée dans The treasure of the Sierra Madre, œuvre adulée par Anderson.
Couverture ou vraie nature ? En tout cas celle-ci glisse lentement tout au long du film pour nous dévoiler un personnage rendu de plus en plus fou par sa quête pétrolière et trahissant ainsi la confiance que le spectateur avait pu placer en Daniel Plainview, protecteur de la fille d’Abel Sunday, image du « bon businessman »…

Dans sa trajectoire d’Hybris, Plainview se renferme sur lui même de manière croissante, s’éloigne du monde réel et des gens qu’il dit haïr de plus en plus à son « frère » qu’il rencontre au milieu du film.
Il devient progressivement étranger aux autres.
Le fait que son fils devienne sourd après l’explosion du puits de forage peut par exemple faire ici figure de métaphore à ce qui arrive à Daniel Plainview tout au long du film et qui a de plus en plus de mal à communiquer avec les autres humains.
La démesure grandissante de la vanité du personnage fait qu’il n’acceptera plus d’égal.

Cette trajectoire fait écho au personnage d’Orson Welles dans Citizen Kane dans lequel le personnage qui rencontre le succès sans arrêt finit, à cause de la démesure de son ambition, seul dans son manoir, Xanadu.
Si Daniel Plainview finit également seul dans son Xanadu personnel, une autre image semble faire également référence au cinéma de Welles, autre idole d’Anderson, lorsque l’on voit, après l’explosion du puits de forage, le visage de Plainview teinté de pétrole et de boue disparaître progressivement dans l’obscurité à la manière d’Othello à la fin de l’œuvre éponyme de Welles.

Charles Foster Kane dans Citizen Kane, une autre figure cinématographique de l'Hybris.


Dans cette inéluctable descente aux enfers, deux personnes vont être les chaines qui relient Plainview au monde réel : son frère Henry avant qu’il ne découvre la supercherie et le lui fasse payer et bien sûr son fils adoptif.
La relation entre H.W Plainview et son père Daniel est par ailleurs complexe.
Difficile de savoir à laquelle des images du fils Daniel tient le plus : l’angelot associé et utile qui le rend riche par sa simple présence ou le fils aimé ?
Malgré le final et la séparation des deux personnages, le renvoi du fils par son père, il semble que le "Rosebud" de Daniel Plainview soit ce fils qu’il ait sans doute plus aimé encore que son obsession capitaliste pétrolière comme le suggère son comportement avec lui tout au long du film excepté la fin notamment le comportement protecteur qu’il arbore à l’égard de la jeune Mary Sunday, futur femme de H.W, voyant que ce dernier se lie d’amitié et au delà avec elle.
Le flashback de fin où l’on voit le père et le fils jouer ensemble, apparaissant après le renvoi du fils à la fin du film, tend à confirmer que le père bienveillant et aimant sommeille au fond de Daniel Plainview comme le petit garçon jouant avec son traineau sommeille au plus profond de Charles Foster Kane.




En bref : Paul Thomas Anderson signe ici le film le plus abouti de sa carrière, sa Liste de Schindler, son Taxi Driver, son Citizen Kane comme le décrivait un article avisé d'un journaliste.
Avisé car la volonté stylistique d'Anderson d'établir son chef d'oeuvre est palpable : Grands angles, panoramiques sublimes, portraits de personnages exhaltés par un grand jeu de contraste entre noir et couleurs ternes font de chaques plans un tableau magnifique accompagné par une musique hypnotizante, terrifiante et grandiose.
La performance hallucinante de Daniel Day-Lewis transcende le tout.
Un des films incontournables de cette année.

Rang : A

Présentation d'Astraal  

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Once upon a time in CinéBlog…

Chers lecteurs de CinéBlog,
Comme l’a annoncé il y a quelque jours Azariel, je viens aujourd’hui m’ajouter à l’équipe de prestige des rédacteurs du blog composée d’Azariel et donc euh… et bien de moi.
Je tiens à remercier Azariel pour la proposition qu’il m’a faite de venir écrire sur ce blog et les personnes qui m’ont réservé un accueil sympathique en répondant au commentaire de cette annonce.

L’optique de cette collaboration est donc de donner aux lecteurs de CinéBlog plus d’articles notamment dans des parties qui sont un peu plus délaissées par Az au profit de la critique.
En effet s'il m’arrivera de temps en temps de pondre une critique d’un film d’actualité notamment pour des films qu’Azariel n’aurait pas le temps de faire, je vais vraisemblablement davantage me consacrer à des "Zoom sur..." et des "Stop infos".

La complémentarité est donc le premier but recherché à travers cette association, mais pas le seul : Azariel encourage très régulièrement les gens à le contredire pour lancer un débat d’idée sur une critique de film par exemple. Dans cette optique il nous parait très intéressant de confronter nos divergences sur un film.
De temps en temps, vous pourrez donc lire deux critiques sur un même film d’actualité qui seront construites et argumentées ; le but n’étant bien sur pas que l’un écrive une critique théorique de grande qualité et l’autre de rajouter quatre lignes expliquant que l’article précédant est une connerie, vous en conviendrez.

D’autre part, je tiens à rassurer les amoureux de ce blog que je ne suis pas ici pour le pervertir.
Je m’inscrirais donc dans la dynamique de ce blog que j’apprécie beaucoup et qui a été crée par Azariel et par vous-même : j’utiliserais les mêmes formats d’articles, les mêmes notations et si changement il y a sur le blog il concernera les deux rédacteurs ou aucun.
D’ailleurs, pour ceux qui auraient peur d’un changement brutal sachez qu’il n’en sera rien. En effet si je deviens, par la présente, rédacteur de CinéBlog, il est probable que mes interventions et articles soient également occasionnels ou tout du moins bien plus que ceux d’Azariel.
La rédaction de mes articles pourra également varier : certains articles, comme celui sur There Will Be Blood qui arrivera dès que j’aurais compris comment me servir de la mise en page sur ce blog avec l’aide d’Az, pourront être très théoriques alors que certains autres seront plus critiques ou plus concis.

Pour ce qui est des "Zoom sur...", ils seront construits et développeront une pensée plus approfondie, en principe, qu’une critique simple. Je n’écrirais jamais un "Zoom sur..." sur un film sans y passer un certain temps et une certaine réflexion.
En revanche, j’écrirais surement assez régulièrement dans la partie "Stop infos" sur les news qui me semblent essentielles et les informations à repérer avant les autres.
Ces articles pourront êtres développés (je vais préparer, en principe, un dossier suivi sur les oscars cette année par exemple) ou très concis (quelques phrases pour porter l’attention sur un buzz, un film, une actualité, etc…).
Les critiques de films d’actualité suivront à peu près la norme de celles d’Azariel, pouvant donc varier autant que celles d’Az varient.

Ne soyez donc pas surpris de voir changer la forme ou le ton d’un article à l’autre. (mon style ne variera évidemment pas, je ne suis pas schizophrène).

Une petite chose est importante à noter.
Bien que m'inscrivant dans cette dynamique, reprenant beaucoup de choses d'Azariel, nous avons décidé de nous différencier volontairement sur certaines mises en forme pour qu'il soit plus clair à vos yeux et voir très rapidement de qui provient l'article.
Ainsi mon code de couleur diffère sur ces points à celui d'Azariel : Les noms d'artistes sont en rouge foncé et mes titres de films en gras italique.
Ca parait peut être banal à dire, mais vous verrez, ça forge une différence flagrante.

Une dernière chose, je m'attellerais souvent à écrire des "zoom sur..." notamment sur de grands films.
Vous verrez donc très souvent dans ces dossiers de très bonnes notes affichées à ces films.
Cela ne veut en aucun cas dire que je donne un A à tout film potable qui sort sur nos écrans.
En comparaison rapide avec la notation d'Azariel, il nous est apparu que ma notation était tout autant sévère, sinon plus.
Si vous voyez une note élevée (typiquement un A ou un S) épinglée à la fin d'une critique, ne vous y trompez pas, c'est un très grand film, de mon point de vue en tout cas.


Pour ce qui est de mon profil, je me prénomme Baptiste et suis étudiant en cinéma à Paris 7 avec Azariel. J’ai auparavant suivi une année d’economie/mathématiques/informatique à l’Université Paris Dauphine, avant de me tourner vers des études qui m’intéressaient plus à savoir des études d’Histoire à Paris I Tolbiac. Je me suis tourné vers le cinéma cette année afin de lier passion et travail. (je suis, pour l’instant, toujours des études d’Histoire à coté).
J’ai très vite sympathisé avec Azariel avec qui je partage un nombre assez grand de choses et de gouts en commun.

On me dit dans l’oreillette que je peux faire un profil je vais donc m’arrêter là.
J’espère que cette nouveauté sur ce blog vous plaira.
Bonne lecture chers amis !

PS : Sur la demande d’Azariel qui a trouvé mon Blind test de soundtrack très sympa et accessible je le mets à la suite de cet article.

[Z'insolite] Blindtest !  

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En ce dimanche grisâtre, je vous propose un petit blindtest où vous aurez à retrouver les compositeurs des musiques de film que vous allez entendre. Reconnaître les films, c'est bien, mais connaissez-vous ceux ayant composés ces grands morceaux ?
Evidemment, il y aura des musiques très facilement reconnaissables mais pour ajouter un peu de piquant, j'ai pris parfois des morceaux moins connus de compositeurs pourtant très connus.



Comme je n'aime pas la facilité, je vous préviens qu'il y a trois pièges : tout d'abord, le nom d'un compositeur reviendra par deux fois. Ensuite, il y aura une reprise. Enfin, ce ne sera pas (toujours) le nom d'un grand compositeur américain. Mais vous verrez que l'essentiel s'y trouvera.

Alors, serez-vous relever le défi et atteindre le haut du classement ?
Bonne chance !

[Mon mois de...] Décembre 2008  

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Novembre dernier fut un mois répondant à toutes mes attentes. De Mensonges d'État à Two Lovers, nous fûmes gâtés avec des films de grande qualité et les quelques déceptions (Max Payne, The Broken) n'entachèrent pas ce constat. Fort heureusement, décembre s'annonce tout aussi palpitant.

La preuve en quelques lignes...

One kiss, one night, one life

Dès le 03/12, je fonce m'installer devant Le Prix de la loyauté, qui semble dans la veine de La Nuit nous appartient. J'ai hâte ! Le même jour, Pour elle sort sur nos écrans ce qui nous permettra de voir le très bon Vincent Lindon dans un autre registre qui est habituellement le sien. Et si comme moi vous avez des petits frères et des petites soeurs, les emmener voir Madagascar 2 ne serait pas une mauvaise idée !

La semaine du 10/12 frappe fort, très fort : d'abord le film des frangins Coen Burn After Reading où nous verrons Clooney et Pitt dans un univers délirant : ça promet ! Ensuite, Le Jour où la Terre s'arrêta nous permettra d'apprécier Keanu Reeves dans un remake très attendu, la sublime Jennifer Connelly lui donnant la réplique. Puis Secret Défense semble un très bon divertissement à l'américaine, de quoi profiter un peu d'un cinéma français qui depuis trop longtemps peine à se renouveller. Suffisamment rare pour être souligné, un film italien passe nos frontières, et le très grand acteur Nanni Moretti sera à l'affiche de Caos Calmo, que je ne manquerai pas d'aller voir. Pour finir, Francis Veber réunit Patrick Timsit et Richard Berry dans L'Emmerdeur. Espérons que le film ne soit pas emmerdant.

Tomer Sisley prendra les traits de Largo Winch le 17/12, choix audacieux qui espérons-le s'avèrera judicieux. Le même jour, Le Bon, la brute et le cinglé proposera une relecture du western, et avec Kim Jee-Woon en chef d'orchestre, ce film coréen peut largement prétendre au titre du meilleur film de l'année. À ne surtout pas manquer, donc.

Le 24/12, à la veille de Noël, pendant que certains seront bien au chaud devant leur sapin, moi j'irai retrouver Baz Luhrmann, le réalisateur de Moulin Rouge, nous proposant un Australia de toute beauté. Autre film attirant mon attention, L'Oeil du mal qui aura mis du temps à sortir chez nous nous proposera d'apprécier la ravissante Michelle Monaghan aux côtés de Shia LaBeouf, la tête de noeud qui osa pourrir par sa seule présence le dernier Indiana Jones (oui, je sais, c'est très subjectif comme point de vue... et alors ? :P)

On termine sur la semaine du 31/12 avec en point d'orgue le très attendu The Spirit de Frank Miller, qui aux côtés de Rodriguez nous avait déjà bluffé dans l'adaptation cinématographique de Sin City. Vient ensuite le remake américain de Rec., intitulé En quarantaine, où la très jolie soeur de Dexter Jennifer Carpenter tiendra le rôle de la journaliste qui fera le reportage de sa vie.

Novembre est mort, longue vie à décembre !
N'oubliez pas de sortir couverts, et joyeuses fêtes de fin d'année à toutes et tous.

(Liste non exhaustive et ne regroupant que les films m'intéressant de prime abord)

Double anniversaire pour CinéBlog !  

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Petite parenthèse au milieu de cet océan de critiques de film, CinéBlog fête deux évènements en cette fin de mois de novembre :

Tout d'abord, CinéBlog fête ses trois mois d'existence. On est encore loin de la première bougie à souffler, mais néanmoins voilà déjà un trimestre que le blog a vu le jour, et fait son bonhomme de chemin.
En trois mois, le blog aura connu quelques changements conséquents, particulièrement dans sa forme avec un nouveau template qui semble faire l'unanimité, mais également avec l'arrivée d'un nouveau rédacteur, qui devrait participer périodiquement à l'élaboration d'articles dans Zoom sur... ainsi qu'une surprise que nous vous réservons début de l'année prochaine.

Autre évènement, la critique du film Le Transporteur 3 est la cinquantième à voir le jour sur CinéBlog ! 52 critiques en 3 mois, une moyenne de 17 critiques de films à l'affiche par mois, voilà qui est encourageant et même flippant du fait que les cours à l'université (et le travail qu'il y a derrière) me laissent peu de temps pour aller autant au cinéma que je le voudrais : qui a dit que seul le jeu vidéo était addictif ?

Cela étant dit, au rayon des déceptions, la rubrique Zoom sur... ne comporte que 3 articles, faute de temps. Cette rubrique me tient à coeur car elle me permet de vous parler de films n'étant pas à l'affiche, le cinéma ne se résumant pas à l'actualité. L'actualité ayant néanmoins la priorité ici, je vous promets cependant quelques articles à venir sur de très grands films, pour ne pas dire mes préférés, ainsi qu'à quelques portraits de mes réalisateurs fétiches.
Astraal sera donc d'une aide précieuse pour vous faire découvrir ou redécouvrir de grands films à ne pas manquer (ou éventuellement certains à éviter comme la peste !).

Je termine cette petite digression en vous remerciant pour vos commentaires et vos messages d'encouragement. Ils me sont très précieux.

Longue vie au cinéma, longue vie à CinéBlog !
Azariel.

The Broken  

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La Vie devant ses yeux et The Broken, même combat ! Ou comment tourner un court et le faire passer pour un long en resservant au spectateur une dizaine de fois les mêmes séquences, au plan près.
Une différence majeure, cependant : à la barre du second, ni plus ni moins que Sean Ellis, le cinéaste derrière l'incroyable Cashback (2007) !

C'était donc peu de dire que The Broken était attendu tant Cashback était une claque, Ellis imposant dans chacun de ses plans sa riche expérience de photographe d'art qui lui donne un sens du visuel difficilement égalable. De ce côté là, son nouveau film ne déçoit pas : effets de surcadrage oppressants, panoramiques inquiétants, photographie soignée, sens de l'esthétique délectable. Ellis arrive même à rendre Londres vu du ciel totalement différent de ce dont on a l'habitude, et l'on avait plus vu cela depuis 28 jours plus tard (2003) de Danny Boyle.

Sa mise en scène ne se contente pas d'être élégante, Ellis arrive à créer par son seul talent une atmosphère crépusculaire que beaucoup, dont Alexandre Aja et son Mirrors (2008), devrait lui envier. Nul besoin de scènes d'horreur (même si celle de la douche aura de quoi faire frémir certains d'entre nous) pour susciter l'épouvante et provoquer des pics d'angoisse, chez Sean Ellis la forme a toujours un rapport avec les ressorts psychologiques de ses personnages, ce qui en des temps de surenchère du gore est admirable et mérite d'être souligné.

Pourquoi est-ce qu’on vous regarderait l’œil ? Qu’est-ce qu’il a, hein ?! En plus il marche mal votre œil bizarre !

Ce qui va justifier la mauvaise note que je vais mettre se trouve plutôt du côté du scénario : le film est certes beau, visuellement impeccable, mais cela n'en demeure pas moins un film, et qui dit film dit histoire à raconter. Vous allez rire (quoique moi pas trop du coup) mais de vous dire qu'il est question de reflets belliqueux sortant des miroirs suite au décès accidentel d'un confrère, les doubles supprimant les originaux afin de prendre leur place, c'est vous avoir résumé (spoilé ?) l'ensemble du film. Il suffira pour le jeune réalisateur de recracher toutes les 15 minutes les mêmes séquences, les mêmes plans, les mêmes panoramiques, les mêmes flashbacks pour faire tenir son métrage sur la longueur. La surprise finale n'en étant même pas une, on rappelera que la poétique n'est rien sans la poésie, et que les alexandrins ont beau rimer avec élégance, un vers creux n'a que trop peu d'éclat pour briller à nos yeux.

Notons toutefois pour terminer sur une note postive que pour son premier grand rôle au cinéma, Lena Headey, l'ex-femme du roi Leonidas dans 300 (2007) s'en sort avec les honneurs, sa composition étant plus que convaincante. Même constat pour Richard Jenkins, père de famille à la fois sombre et modèle.

On se refait la scène de l'oeil amoché dans Terminator ?

En espérant beaucoup mieux la prochaine fois de la part de Sean Ellis, qui semble plus doué dans le maniement de la caméra que celui de la plume !


En bref : Sean Ellis n'a pas son pareil pour donner un grain pictural à ses films. Plastiquement irréprochable, The Broken arrive à inquiéter par sa seule mise en scène, véritable tour de force de nos jours. S'il peut espérer avec le temps et l'expérience approcher le talent d'un Kubrick réalisant Shining, Ellis devra cependant éviter de construire ses longs de la même manière qu'un court, surtout sur le plan scénaristique. Un joli raté, mais un raté tout de même.

Rang : D

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Hunger  

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Plus qu'un film, une expérience.

Pas de musique, elle n'est pas nécessaire : ce sera chaque son hors champ qui instaurera l'ambiance noire et inquiétante de la prison de Maze.
Peu de dialogues, ils ne sont pas nécessaires : le propos tenu par Bobby Sands (Michael Fassbender) au père Dominic Moran (Liam Cunningham) durant un long plan séquence interminable n'en sera que plus poignant.
Pas de compromis, ils ne sont pas nécessaires : Steve McQueen nous invite au coeur du quartier où sont détenus les prisonniers politiques de l'IRA au début des années 80 qui après avoir entamé le "Blanket and No-Wash Protest" décident d'en venir à une grève de la faim drastique afin d'obtenir gain de cause : un statut de prisonnier politique et non de droit commun.

Un conseil : ne mangez pas avant d'aller voir Hunger, ce n'est pas nécessaire : la dernière demie-heure est à ce point dérangeante qu'elle vous prendra aux tripes et vous en ressortirez difficilement indemne.

Rang : -

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Le Transporteur 3  

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Frank Martin is back !
Aussi précis qu'une horloge, un nouveau volet voit le jour tous les 3 ans, faisant de l'ensemble une trilogie frenchie made in EuropaCorp louchant très sérieusement du côté des productions américaines. Un film ayant le goût des USA, parlant l'USAsien, ressemblant aux USA, mais 100% de chez nous : diantre ! Est-ce possible ? Certes oui, puisqu'il y a du Luc Besson dans l'air...

Exit Louis Leterrier, le bonhomme est parti vérifier si le maïs donne l'effet qu'on lui prête dans les publicités parlant d'un géant tout vert (pour un peu, on pourrait presque lui confier l'adaptation cinématographique de Popeye). Bienvenue à Olivier Megaton donc, dont le nom j'en suis sûr ne vous dit absolument rien : pour brosser son portrait en un coup de peigne, nous rappelerons qu'il est celui qui réalisa La Sirène rouge (2002) et qui mit en boîte les scènes d'action de Hitman (2007) de Xavier Gens, deux films ne décoiffant pas tant que ça.

S'il y en a un en revanche qui n'a nullement besoin de soins capillaires, c'est bel et bien Jason Statham qui malgré ses trois poils sur le caillou continue de faire tourner les têtes (autant qu'il les décolle à grands coups de mandales, du reste). La preuve, après Shu Qi puis Amber Valletta, c'est au tour de Natalya Rudakova (Valentina) d'en pincer pour notre James Bond national, qui change de smoking comme de compagne.

On va la tomber, tomber la chemiiiiseuh !

Elle campe ici une jeune ukrainienne se retrouvant on-ne-sait-pas-pourquoi dans le véhicule (une chouette Audi A8 W12) de Frank, obligé de délaisser ses parties de pêche avec Tarconi (François Berléand) pour faire à nouveau le transporteur, de Marseille à on-ne-sait-où. Dans son coffre, on-ne-sait-pas-quoi doit arriver à destination, l'opération étant supervisée par l'embaucheur (embauché lui-même par on-ne-sait-qui) répondant au doux nom de Johnson (Robert Knepper, réussissant à s'échapper le temps d'un film du naufrage Prison Break).
Scénario presque bateau s'il n'y avait pas un peu de piment pour rendre le plat, étonnamment, plus digeste : Frank et Valentina ne peuvent s'éloigner de plus de 30 mètres de l'Audi sous peine d'imiter les kamikazes d'Al Qaïda à cause du joli bracelet bon chic bon genre fixé à leur poignet. Précaution pour Johnson, des scènes délectables pour nous, comme celle obligeant Frank à cavaler après sa voiture.

Il faut dire que pour qui va voir Le Transporteur 3, on ne demande pas plus que notre quota de bastons et de course-poursuites, et de ce point de vue là, le long métrage de Megaton remplit parfaitement son cahier des charges : l'inspiration manquant cruellement à Cory Yuen (attention, ne pas confondre avec le chorégraphe des deux premiers opus Corey Yuen !), les combats seront pourtant passionnants à suivre grâce au montage épileptique de Camille Delamarre et Carlo Rizzo. Ajoutez à cela un humour particulier (de moins en moins français, pour le coup) à la saga se ressentant jusque dans les coups portés par Frank, un rien narquois face à ses adversaires, et l'on assiste à du grand spectacle bien poilant.

Fraîcheur de vivre, Hollywood chewing-gum

Si le spectateur en prend plein les mirettes, l'intensité du film se perd néanmoins très rapidement au fil des minutes, et l'on sent déjà un sacré coup de frein en pleine ligne droite arrivé à la seconde moitié du long métrage. De moins en moins spectaculaire, de moins en moins osé esthétiquement, Le Transporteur 3 se pare d'une histoire d'amour invraisemblable qui n'a absolument aucun intérêt, ni pour nous, ni dans le scénario. On ne sent que trop bien qu'elle est là parce que justement elle doit être là (film américanisé jusqu'au bout des ongles, mhm ?) et la demoiselle ne manquant certes pas de charme, côté talent d'actrice on repassera.

Autre reproche d'ordre formel, l'emballage made in USA va jusque dans certains raccords, outrageusement pompés dans le cinéma de Tony Scott. N'est cependant pas Tony Scott qui le veut, d'autant que celui-ci est capable du meilleur comme du pire. Et si sa patte sur les raccords faisait merveille dans Man on Fire (2004), on se souvient que cela en devenait écoeurant dans Domino (2005). Megaton tend davantage du côté du premier que du second fort heureusement, mais avec hélas bien moins de virtuosité.

Le Transporteur 3 n'en demeure pas moins un film qui réussit ce pour quoi il a été conçu : nous divertir de bout en bout. Et ça, c'est déjà la grande classe.


En bref : Le Transporteur 2 montrait quelques problèmes de boîte de vitesse, Le Transporteur 3 appuie de nouveau sur le champignon. Si la pointe de vitesse atteint des sommets, on aurait aimé que le chemin soit quelque peu plus sinueux afin de rendre la performance plus impressionnante, foncer en ligne droite étant une prise de risque minime. Au quatrième épisode, chiche qu'on enlève les rétroviseurs ?

Rang : B

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J'irai dormir à Hollywood  

Posted by Azariel in


Documentaire burné d'un type poilant, voilà qui pourrait résumer fort bien J'irai dormir à Hollywood.

Antoine de Maximy n'en est cela dit pas à son coup d'essai puisqu'il s'invite régulièrement chez nous dans l'émission J'irai dormir chez vous diffusée sur Canal + et Voyages. Série d'un format d'une cinquantaine de minutes, notre globe-trotter national décide ici dans un documentaire d'1h40 de conquérir les États-Unis avec le pari osé de réussir à, sinon dormir, manger avec une star hollywoodienne chez elle.

Y arrivera-t'il, y arrivera pas, là n'est pas la question, car cela sera surtout prétexte à (re)découvrir les terres américaines et sa (grande) plurarité ethnique.
Ses rencontres seront toutes particulières, tantôt bouleversantes, tantôt inquiétantes, et très vite c'est la seconde option qui dominera. Tout se joue au montage dans un documentaire, et l'on aurait pu penser que de Maximy privilégierait les rencontres joviales, heureuses, fortuites. Au lieu de cela, il nous montrera un américain tenant des propos affligeants sur l'islamisme, un quartier de la Nouvelle Orléans angoissant à l'extrême, un barge voulant que le chat soit viré de sa cuisine, des indiens pourtant hospitaliers qui ne verront pas d'un bon oeil que le français roule dans un corbillard, des flics jouant davantage aux cow-boys qu'à maintenir l'ordre...

Le rêve américain est ici épinglé, glorifié à tort par son cinéma, et l'on ressort de la salle de cinéma avec un malaise certain nous donnant à réfléchir quant à la nature humaine. C'est à la fois la force et la faiblesse de ce documentaire, dont on attendait certainement un voyage initiatique dans un pays où la route 66 a mythifié le road trip par excellence.

Rang : C

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Nouveau rédacteur à CinéBlog !  

Posted by Azariel in

Chers lecteurs, CinéBlog a le plaisir d'acceuillir un nouveau rédacteur dans ses rangs !
Souhaitons donc la bienvenue à Astraal, qui ne tardera pas à se présenter lui-même d'ici peu, le temps pour lui de se familiariser avec les outils.

J'imagine aisément la surprise qui est la vôtre quant à la venue d'un nouveau rédacteur, je n'en avais à aucun moment parlé (excepté à Loky5) sur le blog. Et pourtant ! Dès sa création, j'envisageai déjà d'ouvrir les portes de CinéBlog à quiconque me paraissant apte à construire, apporter sa pierre à l'édifice, qui soit autant passionné de cinéma que moi, avec qui j'aurai une réelle complémentarité, une certaine complicité, voire même des joutes philosophiques, théoriques et critiques sur un film.
Jugez plutôt, je me cite : "CinéBlog est un blog écrit (pour l'instant) par Azariel[...]". Je pense que le "pour l'instant" étaye à merveille les propos tenus ici-même.

Beaucoup concoivent le bloging comme une activité personnelle, proche du journal intime, ce que je conçois clairement. Seulement je pense que cela dépend également des ambitions et de la ligne éditoriale du blog. Vous l'aurez constaté, je ne parle que de cinéma, non de moi (excepté dans quelques rares articles où je vous parle de ma vie d'étudiant). En ce sens, il m'apparait clairement que CinéBlog, même si cela demeure ma création, est votre propriété, à vous, chers lecteurs. C'est pourquoi un rédacteur ne sera pas de trop pour vous faire partager la passion qui est la nôtre, d'autant que les cours à l'université me laissent à peine le temps de vous écrire les critiques des films actuellement à l'affiche.
Je ne laisse pas cependant les clés à n'importe qui, et même si sa façon de rédiger, vous le verrez, diffère totalement de la mienne, ses analyses n'en sont pas moins pertinentes et méritent votre attention.

Deux rédacteurs, davantage d'articles pour vous, davantage de plaisir pour nous.
CinéBlog reste à l'écoute des doléances et tente le pari fou d'être en perpétuelle évolution, de viser, sinon l'excellence, une constante progression.

Bonne lecture à tous,
Azariel.

P.S. : Que pensez-vous de l'apparition des bandes annonces à la fin de chaque critique ?

RockNRolla  

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Deux points gênent concernant RockNRolla :

En premier lieu, Guy Ritchie, cinéaste davantage connu pour avoir réussi à supporter aussi longtemps La Ciccone que pour la qualité de ses derniers longs métrages, ne semble renouer avec un genre qui a fait sa gloire que pour revenir dans la course, l'histoire devenant très vite un prétexte. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus grave, mais le film durant 1H54, cela devient vite rébarbatif.

C'est justement là que se trouve le second couac : film choral de gangsters oblige, plusieurs protagonistes sont à présenter, et même si l'on avance sûrement dans l'intrigue, on avance surtout lentement. Le film aurait gagné à être amputé d'une bonne vingtaine de minutes, car même s'il ne bascule jamais dans l'ennui profond, l'on sent néanmoins le précipice non loin de nos pieds.

Ne boudons cependant pas notre plaisir, RockNRolla reste un très bon film dans la veine des Arnaques, crimes et botanique (1998) ou autre Snatch (2000), qui ravira les Tarantinisés (dont je fais parti) autant que les amateurs de polar, sauce humour noir british en plus. Des situations équivoques, des dialogues bien crus, des acteurs en forme et mettant les formes, au final on espèrera qu'un jour Ritchie sache renouveller un peu le genre, car tout ceci est du déjà vu.


Rang : C

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Two Lovers  

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Il y a des gens qui ont tout compris, et James Gray en fait assurément parti !

Plongeant Joaquin Phoenix (Leonard Kraditor) dans la tourmente d'une rupture aussi profonde qu'insurmontable, James Gray pose sa caméra devant cet écorché vif qui ne se relèverait pas si un ultime coup de poignard au coeur venait à sonner le glas. Cette possibilité sera vite envisageable dès lors qu'un triangle amoureux qui s'ignore se formera, avec Gwyneth Paltrow (Michelle) et Vinessa Shaw (Sandra).
Une tentative de suicide, c'est déjà beaucoup dira-t'on. Alors quand on apprend que Two Lovers s'ouvre sur la seconde, on comprend que toute la puissance du personnage vient autant de sa déchirure que de son ambiguïté.

Parce que oui, l'amour, ça fait mal. Surtout quand il se termine. Et ça, James Gray, réalisateur du brillant La Nuit nous appartient, nous le rappelle à travers la prestation bouleversante de fragilité d'un Joaquin Phoenix qui n'avait plus été aussi bien dirigé depuis Ridley Scott et son Gladiator.

Ce qui frappe en premier lieu dans la mise en scène est l'ambiance crépusculaire propre au cinéma de Gray. La Nuit nous appartient et Two Lovers ont beau être deux films totalement différents, on ne peut pas ne pas reconnaître la patte du cinéaste new-yorkais, d'autant qu'instiller un côté sombre à cette histoire d'amour sur fond de crise de soi permet à la forme d'épouser à merveille le fond. Ce n'est pas un film d'amour noir, c'est un film noir d'amour, la nuance fait à la fois la force et en même temps l'originalité du métrage.

"I love you", ces paroles... "I love you", sont des mots qui volent...

D'un script relativement modeste (rajoutez trois lignes à mon synopsis du second paragraphe et vous aurez le résumé complet du scénario), Gray arrive à nous tenir en haleine deux heures durant, sans que rien ne soit à jeter. Certaines scènes sont poignantes, d'autres électrisantes, et la photographie sublime l'ensemble. Deux heures durant lesquelles un chef d'oeuvre se construit sous nos yeux.

Si la prestation de Joaquin Phoenix est profondément émouvante, les femmes sont ici également à l'honneur, chaque rôle semblant avoir été taillé dans le marbre, de Michelle aussi paumée que Leonard à la mère de ce dernier (Isabella Rossellini). C'est entre chacune de ces femmes que Leonard aura à naviguer, oscillant entre passion et raison.

On récapitule : bouleversant, profond, puissant, émouvant, électrisant.
Il y a des cinéastes qui ont tout compris au cinéma, je pense néanmoins que James Gray a surtout tout compris à la vie.


En bref : Filmé comme un polar sans en être un, Two Lovers affiche un classicisme trompe-l'oeil sous lequel se cache un chef d'oeuvre qui figure parmi les plus beaux films du genre. S'il apparaitra ennuyeux et mou du genou pour les férus d'action, en revanche il ne fait aucun doute qu'il sera des plus parlants pour qui connait l'ivresse de l'amour et la fragilité qui découle de sa perte.

Rang : A

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Mesrine : L'Ennemi public n°1  

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Suite et fin du biopic consacré à Jacques Mesrine, entamé il y a un mois avec Mesrine : L'Instinct de mort.

Les différences sont notables, à plus d'un niveau : la mise en scène de Jean-François Richet tout d'abord, qui perd en virtuosité ce qu'elle gagne en nervosité. L'on sent des ambitions artistiques moindre que dans le premier volet mais outre les fusillades (à se demander comment avec un tel arsenal Mesrine et ses compères n'arrivent pas à descendre, ou ne serait-ce que toucher un de leurs opposants), le film démontre clairement un souci de réalisme accru. La réalisation, plus efficace, est esthétiquement plus sobre et devient même parfois trop sage, donnant un réel sentiment de film à deux temps, tantôt (trop) posé, tantôt (extraordinairement bien) rythmé. À ce titre, la séquence finale dispose d'une tension dramatique à couper le souffle alors que l'on connait pourtant déjà le dénouement ! Chapeau l'artiste.

Le long métrage de Richet est puissant, le personnage de Mesrine aussi, qui gagne même en épaisseur, Vincent Cassel nuancant cependant moins son interprétation qu'auparavant, passant du Tartuffe devant Orgon chez Molière à Electre devant Clytemnestre et Egisthe chez Sophocle.
Il faut bien admettre que le script ne l'aide en rien, la politisation des actions de Mesrine n'étant pas ce qu'il y a de plus intéressant lorsque l'on brosse le portrait d'un des plus célèbres gangsters que la France ait connue. Peut-être y aurait-on gagné à travaillé davantage sur l'ambiguïté de son discours.

"Alors, Olga ? Comparée à Ludivine ? Raconte."

Toujours égoïstement centré sur le personnage de Jacques Mesrine, il ne reste pour les autres que quelques miettes. C'est d'autant plus dommageable que ni Mathieu Amalric (François Besse) , ni Gérard Lanvin (Charlie Bauer), ni Samuel Le Bihan (Michel Ardouin), ni Ludivine Sagnier (Sylvia Jeanjacquot) n'arrivent à imprimer autant la pellicule que ne l'avait fait auparavant Depardieu, Dupuis, ou Cécile de France. Le premier doit composer avec peu de dialogue, le second ressemble davantage à un pastiche, le troisième offre une prestation suffisante mais peu convaincante, et la quatrième remplit admirablement le rôle lui étant confié : faire friser les cils masculins à en vouloir s'appeler Jacques (ce n'est que 10 secondes à l'écran, mais quelle scène torride !) et apporter sa touche post Swimming pool de femme désirable et séductrice. C'est quand même bien moins classe que la prestation de Cécile de France.

Certaines qualités de Mesrine : L'Instinct de mort demeurent, comme la reconstitution du Paris des années 70, des plus immersives. La forme épouse toujours à merveille le fond, et la montée en puissance de la folie de Mesrine est en parfaite adéquation avec le dynamisme et la violence de certaines scènes, le meurtre du journaliste de Compiègne en tête.

Ce qui gênera le plus au final, c'est cette tendance de Richet à embrasser "l'esprit banlieue" récurrent dans ses films et un peu trop visible dans Mesrine : L'Ennemi public n°1, sa fascination pour le gangster étant ici, peut-être malgré lui, trop présente. S'il ne fait pas l'apologie de la violence, nous n'en sommes pourtant pas loin, et il aurait parfois été bon de recentrer quelque peu le débat, chose qu'il avait très bien fait dans Mesrine : L'Instinct de mort en montrant un homme aveuglé son propre égo. Ici, Mesrine apparait davantage comme un super-héros, ce qui gêne quelque peu.

Un flingue vaut mieux que deux tu l'auras (proverbe célèbre)

Des défauts que n'avait pas le premier opus, des qualités déjà présentes dans ce dernier mais exacerbées dans celui-là, le second film de la saga Mesrine est plus puissant, plus drastique, autant que le scénario gagne en minceur, à notre grand déplaisir. Un bon film pour un saga qui même si elle ne restera pas gravée dans légende, n'en demeure pas moins l'une des plus grandes épopées de gangsters dans le cinéma français de ces vingt dernières années.


En bref : Le moins dans le plus, le encore plus dans le déjà plus. Mesrine : L'Ennemi public n°1 est une bonne suite qui souffre de quelques fausses notes mais qui conclut néanmoins la saga Jacques Mesrine en beauté. Un très bon film que l'on aurait tort de bouder.

Rang : B

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L'Échange  

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Je lisais récemment dans un magazine de cinéma spécialisé que Clint Eastwood déclarait, concernant Angelina Jolie, qu'elle lui rappelait les grandes actrices de l'âge d'or d'Hollywood, citant Katharine Hepburn et Greta Garbo. Même venant de la bouche du Maître Eastwood, qui n'a jamais été autant en forme qu'en ce nouveau siècle (exception faite d'Impitoyable), je ne pouvais être que sceptique tant Angelina Jolie est capable d'alterner les grandes (Un coeur invaincu) et les mauvaises performances (Taking Lives) dans de grands (Wanted) ou de mauvais films (Tomb Raider).

L'Échange ne pouvait que me mettre d'accord avec le réalisateur bientôt octogénaire : madame Brad Pitt est tout simplement désarmante de justesse et d'intensité, composant merveilleusement avec ce rôle de femme persuadée que le fils que la police lui rend suite au kidnapping du sien n'est pas le fruit de ses entrailles. L'histoire en soi, dont le scénario puise sa force dans le simple fait qu'il soit tiré d'une histoire vraie, aide certes à rendre vibrant d'émotions le personnage de Christine, mais la perfomance de Jolie n'en demeure pas moins exceptionnelle, et on ne peut dès lors pas concevoir comment l'Oscar lui échappera d'ici quelques mois.

Dire de la mise en scène de Clint Eastwood qu'elle est classique serait la réduire à sa plus simple définition, tant ici elle est élégante, maîtrisée, irréprochable, et au service de l'histoire.
Sa caméra se pose et caresse autant les décors somptueux du Los Angeles d'antan qu'elle ne capte chaque instant de grandeur avec une souplesse et une discrétion qui font d'Eastwood un réalisateur mettant sa sensibilité au service de ses longs, et jamais l'inverse.

L'un des plus beaux films de cette année, dont la critique du pouvoir nous rappelle néanmoins que la menace est toujours actuelle, et que l'on aurait tort de croire que cela n'arrive qu'aux autres.

Rang : A

The Duchess  

Posted by Azariel in


Attention, critique 100% trash !

Keira Knighley a cela d'énervant que non seulement sa bouille ne me revient pas, cet air condescendant et son caractère à la con vous donnant envie de lui fracasser la tête tous les trois mètres le long de la Grande Muraille de Chine (la miss a par exemple porté plainte l'an dernier contre un magazine qui évoquait un possible cas d'anorexie : taillée comme elle est, nommée par mes bons soins "la planche à repasser", faudrait peut-être qu'elle arrête d'appeler "diffamation" ce que le bon sens voudrait qu'on appelle "évidence"...), mais en plus elle fait toujours les mêmes films, évitant la moindre prise de risque puisqu'étant sûre de retrouver son public, en se cachant derrière un goût prononcé pour le film d'époque.

L'ennui, c'est qu'en plus, ça marche !
Les longs métrages où la demoiselle porte un costume cartonnent au box office (Le Roi Arthur, Pirates des Caraïbes) ou sont de vraies réussites (Orgueil et préjugés, REVIENS-MOI). The Duchess continue donc dans cette lignée et ce n'est pas plus mal, parce que vu la daube que fut Domino (2005) de Tony Scott, ils se font rares les films contemporains où la chouchou de Loky5 se révèle bonne actrice. À dire vrai, il n'y aura que sa prestation dans Love Actually (2003) de Richard Curtis qui m'aura marqué.

Bref, Keira, je l'encadre de moins en moins, et pourtant, tout comme dernièrement dans REVIENS-MOI (2008) de Joe Wright, Keira se montre particulièrement lumineuse dans The Duchess de Saul Dibb, cinéaste à qui l'on doit Bullet Boy, un long de 2004 n'ayant même pas atteint nos contrées.


Néanmoins je n'ai pas envie de vous dire à quel point elle est brillante dans ce long métrage, je n'ai pas non plus envie de vous évoquer à quel point ce film souligne brillamment le prix à payer pour réussir, ni les qualités esthétiques immenses déployées pour rendre compte d'une époque où les traditions étaient respectées mais pas forcément respectables, et j'ai du coup encore moins envie de vous dire que l'étude des moeurs ici est particulièrement fine et aiguisée. Tout cela, je m'en fiche éperdument ! Le film est bon, à n'en point douter, ça ne change pas le fait que je n'encadre toujours pas l'actrice principale !

En revanche je vais m'attarder sur Ralph Fiennes, incarnant un Duc du Devonshire touchant, tourmenté par son incapacité à livrer ses sentiments, se réfugiant dans les bras de sa maîtresse Lady Bess Foster (Hayley Atwell) plutôt que d'affronter le regard de celle qu'au final il craint. Il veut un fils, il tient à sa réputation liée à sa condition d'artistocrate. Seulement, il tient encore plus à Georgiana et il faut au moins tout le talent de Fiennes pour nuancer la dualité de ce personnage. Sacrée performance pour un acteur que l'on voit hélas trop peu sur nos écrans.


Bref, pour moi, The Duchess, c'est l'occasion pour vous faire l'éloge de ce grand acteur, son regard triste et profondément mélancolique, cette présence malgré son rôle bien moindre que celui de Keira.

Cela dit, j'ai beau ne pas blairer la jeune anglaise, j'ai beau trouvé ce long métrage bien en dessous de REVIENS-MOI, il n'empêche que The Duchess m'a plu et c'est bien là un moindre mal !


En bref : Keira, je te hais. Keira, tu m'énerves. Keira, t'es pas ce que je peux appeler une femme désirable. Keira, tu me fais pitié. Mais bon dieu Keira, arrête de faire des films qui me plaisent que je puisse arrêter à mon tour de venir voir ta tronche sur grand écran !

Rang : B

Max Payne  

Posted by Azariel in


On peut prendre Max Payne de deux façons différentes : soit l'on y voit un film d'action mi-polar noir mi-fantastique, et l'on est déçu par son scénario creux et très mal fichu, une sorte de melting pot des légendes nordiques et du film d'action américain typique pour décervellés. Soit l'on y voit l'adaptation du célèbre jeu vidéo de Take 2, sorti en 2001 sur nos bécanes, et l'on est déçu par la pauvreté et la rareté des scènes d'action tant le jeu est un modèle du genre, nerveux et efficace, avec des scènes anthologiques et des ralentis post-Matrix du plus bel effet.

Vous l'aurez compris, dans les deux cas, nous sommes déçus. Est-ce suffisant pour dire de ce Max Payne est à nouveau une adaptation cinématographique sentant le pissenlit par la racine ?

À priori oui, d'autant que John Moore n'en est pas à son premier film relativement passable, ni En territoire ennemi, ni Le Vol du Phoenix, ni 666 la malédiction n'avaient été des chefs-d'oeuvre. D'autant que ni Mark Wahlberg ni Olga Kurylenko (dont le rôle ici est très minime) ne nous offrent des prestations mémorables, la seconde étant particulièrement ridicule et me laisse à penser qu'elle n'est qu'un joli visage cachant ses piètres talents d'actrice derrière un physique de rêve.

"C'est bien une pyjama party, n'est-ce pas ?"

Seulement voilà, on ne peut imputer à Max Payne son incroyable visuel, tant le long métrage est une réussite d'un point de vue artistique. Soignée, harmonieuse, l'esthétique permet de donner une véritable identité formelle et graphique à l'oeuvre, celle-ci se rapprochant beaucoup d'un graphic novel de Frank Miller. Des formes épurées et une ambiance noire, dont la neige instille une ambiance d'autant plus picturale que l'on pourrait voir dans Max Payne une succession de tableaux ambitieux et pénétrante. La présence d'Andrew M. Stearn ne doit pas être étranger à cela, le bonhomme ayant déjà travaillé comme directeur artistique pour Dark Water (2005) de Walter Salles, dans lequel le caractère visuel était déjà conséquent.

Autre point technique à mettre au crédit du film de John Moore, l'utilisation efficace des contre-plongées, donnant aux immeubles de New-York une autre vision de celle à laquelle nous sommes habitués. Les plans d'ensemble et de demi-ensemble eux caractérisent les bas-fonds de la ville, et l'on ne peut pas nier que les effets spéciaux sont ici parfaitement intégrés, ne prenant jamais le pas sur les prises de vue réelles. Les fameuses valkyries nous rappellent d'alleurs quelque peu l'univers déjà présent dans Constantine (2005) de Francis Lawrence.

"Chié ! Ou qu'Aile est ?!" (dans l'texte)

Côté raccords en revanche, on repassera. Certaines bourdes sont flagrantes et donnent à penser que le pire côtoie un peu trop souvent le meilleur. Si vous n'avez pas encore vu le film, faites particulièrement attention au moment où Max retrouve son ex-coéquipier devant le Police Station, vous comprendez à quoi je fais mention.

Soyons toutefois indulgents et laissons à Max Payne le droit d'exister, le film étant tout de même à l'origine du manque à gagner de W. - L'improbable président aux USA, qui n'en demeure pas moins un Oliver Stone, mine de.


En bref : Un film qui ne doit son salut qu'à ses grandes qualités esthétiques, mais dont le scénario, confus et indigeste, rendra les moins patients d'entre nous désireux de voir davantage de scènes d'action. Manque de chance, ce sera dans le jeu vidéo et non dans le film que vous en trouverez qui soient dignes de ce nom. Max Peine fait de la Payne, mais accrochera sûrement les amateurs des Hitman et consor.

Rang : D

Les libellés : changements !  

Posted by Azariel in

Dans un soucis de réorganisation, quelques changements ont été opérés concernant les libellés.

En premier lieu, la catégorie "Critique express" disparait et fusionne avec la catégorie "Critique de film". Vous retrouverez dès lors toutes mes critiques, qu'elles soient développées ou concises, en cliquant sur "Critiques" dans le Top Menu.
À contrario, la catégorie "Stop infos" se voit amputée des billets consacrés au résultat des films au Box Office. Une nouvelle catégorie a été créée à cet effet, afin de vous permettre rapidement et en un clic d'accéder à des articles vous intéressant semble-t'il beaucoup d'après les feeds. Je vais donc nourrir la catégorie "Stop infos" de davantage de news, de trailers, etc.

Je laisse pour l'instant la catégorie "DVD" en place, même si je ne m'en occupe absolument pas. Non que cela ne m'intéresse pas, mais malheureusement je n'ai absolument pas le temps de m'y consacrer, le reste du blog me prenant déjà un temps conséquent (sans oublier le fait que je consulte aussi vos blogs !). La priorité et la raison d'être de CinéBlog étant la critique de film, forcément j'ai des priorités quant aux articles que je publie, en fonction du temps dont je dispose (temps très minime du fait du travail imposant nécessaire dans le cadre de mes études de cinéma).

Habituellement la catégorie "Informations générales" ne permet pas les commentaires, mais l'exception faisant la règle, je vous laisse la possibilité de réagir à ces changements et pourquoi pas d'apporter vos idées.
CinéBlog est un blog en constante évolution, et il sera amené à changer souvent pour votre confort de lecture avec toujours plus d'efficacité.

Mensonges d'État  

Posted by Azariel in


Alien, le huitième passage en 1979, Blade Runner en 1982, Thelma et Louise en 1991, Gladiator en 2000, Les Associés en 2003, Kingdom of Heaven en 2005, American Gangster en 2007...

Bientôt 30 ans que le réalisateur, 71 ans au compteur et originaire de Grande-Bretagne, nous fait rêver. Et c'est peu dire que Ridley Scott est, et de loin, mon réalisateur préféré, non seulement pour des raisons esthétiques, mais également des raisons historiques.
On ne peut pas nier que Scott (aussi bien Ridley que Tony, d'ailleurs) est un réalisateur très inconstant, capable du pire (1492 : Christophe Colomb (1992), Lame de fond (1996) et À armes égales (1997) en tête) mais souvent du meilleur. En effet Alien, le huitième passage et Blade Runner ont fait de lui un cinéaste aussi visionnaire et révolutionnaire que George Lucas dans le domaine de la science-fiction il y a presque trente ans. Gladiator a remis au goût du jour le peplum, genre oublié de tous jusqu'à ce que Russell Crowe ne vienne clamer qu'il est Maximus. Et aujourd'hui, s'il n'est plus un précurseur, il n'en est pas moins un magnifique faiseur.

J'admets apprécier moins le Ridley Scott qui s'intéresse à notre époque (comme ce fut le cas dans La Chute du faucon noir en 2002) que celui qui s'inscrit dans un univers futuriste ou médiéval, ces derniers épousant à merveille les qualités artistiques du cinéaste.
Néanmoins, dire donc que j'attendais Mensonges d'État est au bas mot un euphémisme. Le danger réside dans le fait de trop en attendre, de la même manière que j'attendais de Quantum Of Solace de se hisser au moins au niveau de Casino Royale.

Verdict ?

Are you listening to me ? (Twisted Sister inside)

Pour Russell Crowe, c'est déjà la quatrième avec le metteur en scène (Gladiator en 2000, Une grande année et American Gangster en 2007) mais pour Leonardo DiCaprio, c'est une grande première, d'autant qu'il tient le premier rôle, celui de l'agent de la CIA Roger Ferris qui aura à traquer en Jordanie un dangereux terroriste sous les ordres d'Ed Hoffman (Crowe) et en coopérant avec le chef des services secrets Hani Salaam (Mark Strong). Le problème pour le jeune et fougueux agent est qu'il va très vite se rendre compte que ses alliés ne sont pas toujours ceux en qui il devrait avoir le plus confiance.

Surfant sur la vague de films traitant du sujet délicat des services de renseignement américains (tel Raisons d'État de Robert De Niro, sorti l'an dernier) et de la guerre contre le terrorisme dans une Amérique post 9/11, Mensonges d'État est un film relativement peu accessible et difficile à appréhender. Proche de The Kingdom (2007) dans sa mise en scène, le long métrage de Ridley Scott perd en spectaculaire ce qu'il gagne en complexité, ce qui n'est pas pour nous déplaire (sauf si vous creuser 2H durant les méninges pour comprendre tous les enjeux et articuler les évènements dans votre esprit n'est pas votre conception du cinéma).

Incroyablement efficace, la mise en scène est exemplaire. Ne cherchant ni l'esbroufe visuelle ni le tour de force en emballant le rythme par des cuts indigestes, Ridley Scott filme mieux que personne la solitude d'un agent livré à lui-même, il lui donne autant corps qu'il ne donne de l'esprit à sa réflexion sur un système qu'il épingle sans fustiger.


En bref : American Gangster était très bon, mais Mensonges d'État est encore meilleur. Le témoignage que Ridley Scott tient la grande forme. Leonardo DiCaprio aussi d'ailleurs, dont la performance mériterait à mon humble avis une jolie statuette. Vivement le prochain !

Rang : A