Vendredi 13
"Aaaah... Jason ! He's back ! Mouhahahaha ça va défourailler dans les chaumières ! Des têtes vont voler ! Des femmes vont hurler ! Du sang va immaculer l'écran ! Ça va être jouissif ! Ça va être gore ! Vite, vite, je fonce !"
...ai-je immédiatement pensé en remarquant il y a quelques décades que sortait cette semaine un remake de Vendredi 13, saga horrifique culte des années '80 qui n'a pas son pesant de cacahuètes pour faire sursauter les âmes sensibles devant un écran. Après un Jason X pitoyable et un Freddy contre Jason risible, reprendre le mythe du tueur à la machette depuis le commencement n'était pas une mauvaise idée en soi, à condition de revenir à l'essence-même du premier film qui a fait son succès. Encore faut-il que la démarche soit faite dans cet état d'esprit, ce dont on peut douter quand on connait le système hollywoodien actuel, plus regardant sur le porte-monnaie et de moins en moins sur la qualité.
Alors quoi ? Comment savoir ? Vais-je de nouveau frissonner en craignant chaque apparition du tueur au masque de hockey ? Vais-je trembler de plaisir lorsque les têtes rouleront sur le sol quand la lame de Jason viendra caresser les nuques de ses victimes ? C'est que je suis un peu sadique par moments, il me faut ma dose d'épouvante ! Premier réflexe à avoir pour trouver la réponse à ces questions : dénicher le nom du réalisateur et du producteur. [...] Outch ! Marcus Nispel à la barre, auteur du peu convaincant Pathfinder, et Michael Bay pour le produire. Ça démarre plutôt mal. Tant pis, en route pour la salle de cinéma, sait-on jamais.
1H37 plus tard, dans le mille Émile, je pestifère. Scénario de pacotille, mises à mort interdites aux plus de 12 ans, travelling latéral avec effet de dévoilement répété inlassablement, effet "dark voyeur" mythique dans l'opus originel utilisé maladroitement ici, public toujours hilare et jamais effrayé (je n'ai jamais vu les gens autour de moi autant rire devant un film d'horreur), Vendredi 13 version 2009 n'avait donc pas seulement l'odeur du nanard, il en a aussi le goût.
Pire encore, l'on se perd parfois dans le film érotique pour adolescents à la recherche d'émois aussi intenses qu'une Kim Basinger dans 9 semaines et demies ou bien qu'une Sharon Stone dans Basic Instinct procuraient en leur temps. Alors oui, je suis le premier à dire que le corps nu d'une femme est la plus belle merveille de la Création. Et bien que lisses, les charmes dévoilés des actrices dans ce long métrage sont très agréables à contempler. Leur chevelure soyeuse claquant chaque atome d'oxygène autour d'elles. Leurs hanches sinueuses à vous en faire perdre la tête. Une poitrine à se crever les yeux de peur d'aller en enfer à trop les regarder. [...] Vous avez l'impression que je vous parle d'un film à caractère pornographique ? C'est bien le problème !
Pourquoi ce besoin sempiternel de mélanger horreur et sexe si ce n'est pas pour tirer parti avec intelligence et adresse d'une bipolarité qui fait merveille entre les mains d'un Cronenberg ou d'un Verhoeven ? C'est le film d'horreur qui y perd, et malgré la tentative (concluante) de Neil Marshall de remettre le genre sur les bons rails en 2005 avec The Descent, la peur viscérale quitte peu à peu les salles de cinéma. Finis les moments où votre belle compagne venait s'accrocher à votre bras, cherchant réconfort et protection. Maintenant, on rigole devant un film d'épouvante. Ou alors on fantasme. Manquait plus que ça.
Et l'héritage des Friedkin, des Romero, des Raimi, qu'en faisons-nous ? Et bien on lui dit "au revoir" et on fait comme si on n'avait rien appris des maîtres du genre, comme si le génie de leur mise en scène au service de la frayeur instillée dans leurs films n'avait servi à rien. Quel dommage.
En bref : Ce remake de Vendredi 13 est une véritable réussite. Assurément le film comique le plus drôle sorti cette semaine. [...] Quoi ? Un film d'horreur ? Vraiment ? Ah bon.
Rang : E
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