A la rigueur biographique et à la recherche esthétique formelle, la réalisatrice Anne Fontaine privilégie une approche rigoureusement académique teintée de romantisme dont le cristal de satin raisonne de fragilité avec la spontanéité et la délicatesse d'Audrey Tautou. Sa mise en scène non dénuée d'élégance offre à l'actrice un écrin resplendissant subjuguant un Benoît Poelvoorde aux antipodes de ses rôles passés. Jamais l'acteur n'avait paru autant habité qu'ici, et le voir nager en des eaux moins troubles que la bouffonnerie le caractérisant depuis de nombreuses années convainc et impressionne tout autant. Pourtant, le lyrisme exacerbé émanant de cette oeuvre solidement encrée dans un début de XXème siècle à la fois synonyme de Belle Epoque et de moeurs préhistoriques n'arrive pas à endiguer le manque d'ampleur de l'entreprise. Si l'on comprend la motivation de Fontaine à vouloir montrer par à-coup les évènements et l'environnement qui ont forgé Gabrielle en Coco, on ne peut que regretter le choix de la cinéaste à focaliser son récit sur l'avant-Coco Chanel au point d'éluder le fait qu'elle fut ensuite une femme au tempérament volcanique qui nous rierait au nez si jamais, encore vivante à ce jour, on lui parlerait des 35H.
En somme un film souffrant du même problème que Coluche : l'histoire d'un mec, celui de ne pas nous montrer le plus intéressant de la vie d'une légende, et d'oublier qu'un mythe ne se crée pas uniquement dans son intimité mais aussi dans ses folies et ses grandeurs. Si l'on ne s'ennuie pas, on aurait aimé un portrait plus étoffé et une approche moins étouffée du symbole de la femme libérée. Rien que ça.
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