17 ans encore  

Posted by Azariel in

Attention, sujet brûlant : et si l'on avait l'opportunité de revenir à l'âge des premiers choix, et par adéquation, des premières erreurs, que ferait-on ? Que changerions-nous ? Sujet brûlant parce que tout simplement sur toutes les lèvres : il n'est nul besoin d'être emprunt de nostalgie au quotidien pour se poser la sempiternelle question du "Et si..?".

Matthew Perry, lui, se la pose depuis 20 ans. Alors que tout lui souriait et qu'une bourse pour la fac lui tendait les bras grâce à son talent de basketteur, Matt' décida de tout plaquer pour s'occuper de sa petite amie tombée enceinte. Quel homme ! Assumer ses responsabilités est louable. Sauf que le regret l'étouffe. "Si je ne t'avais pas rencontré [..]" qu'il l'assomme sans cesse. Logique qu'après deux enfants et une patience mise à rude épreuve, la dame demande fissa le divorce, et Matt' de regretter le présent autant que le passé. Un coup de baguette magique plus tard, en voulant secourir un p'tit vieux suicidaire (Brian Doyle-Murray, le Noah Vanderhoff de Wayne's World !), le voilà de nouveau jeune et fringuant, sous les traits de Zac Efron. Ni une ni deux, il voit cette sorcellerie comme une chance de repartir du bon pied. Le hic ? Ne pas avoir fait un bond dans le temps, car c'est à l'époque de ses 37 ans qu'il en a de nouveau 17 ! Le double effet Kiss Cool ? Se rendre compte en fréquentant le même lycée qu'eux que ses enfants sont loin d'être ce qu'il imaginait. Plus qu'une chose à faire pour Matthew/Zac : leur venir en aide avec son nouveau/ancien visage.

On l'aura compris, le scénario de 17 ans encore ne brille pas par son originalité mais il occasionne des situations forcément drôles nous poussant à plonger dans cette aventure qu'un Marty McFly ne se refuserait pas. Plusieurs films ont déjà tenté un voyage similaire sans DeLorean sous le bras, avec plus ou moins de réussite : on citera le plaisant 30 ans sinon rien, et (surtout) le bouleversant If Only pour exemples.


Loin d'être désagréable, cette petite comédie signée Burr Steers n'en reste pas moins une demie-déception tant l'on ne retrouve pas toute l'impertinence qui faisait le charme d'Igby, premier long métrage du réalisateur. Cela commence d'ailleurs plutôt mal avec une séquence d'ouverture donnant l'impression de sortir tout droit de High School Musical mais fort heureusement, la comparaison s'arrête là. Sitôt la transformation effectuée, Steers ne fait pas grand chose du caractère humain qui nous anime tous et qui voudrait nous voir profiter d'une pareille seconde chance. Le cinéaste écarte en effet très rapidement cette direction (et toutes les situations hilarantes potentiellement occasionnées par cette possible trame) pour se diriger vers un ton puritain des plus désobligeant. Aux gags relevés et plein d'audace, Steers a préféré opter pour une morale conservatrice dans laquelle l'ode à la famille prend le pas sur la dimension comique et fantastique du concept de base.

Etrangement, l'élément burlesque vient plutôt des seconds rôles, et c'est vers la "touche" Judd Apatow qu'il faut loucher pour la déceler. En effet, avec un Thomas Lennon déchaîné dans le rôle de l'ami d'enfance de Matth'/Zac, complètement geek et décalé, les gags (essentiellement référenciels) fusent de toute part. Pas toujours drôles, les répliques et quiproquos ont le mérite de dynamiser l'ensemble et permettent de rester dans le pastiche sans virer sans cesse au potache. Stars Wars et Seigneur des Anneaux se rencontrent pour le plus grand bonheur des mordus de SF et de fantastique, avec pour apogée une séquence de drague en elfique dans un restaurant pas piquée des hannetons.


On aurait aimé que le script fasse bien moins l'impasse sur la relation des personnages entre eux, certains raccourcis empruntés pouvant mettre à rude épreuve le besoin d'éclaircissement des plus carthésiens d'entre nous (quid du coup de baguette magique, de la relation étriquée entre un père et ses enfants, ou encore de l'incapacité totale de Leslie Mann à reconnaître son époux alors qu'elle l'a connu à l'âge précis auquel il retombe ?). On pourrait également chipoter sur quelques problèmes de raccord visibles comme le nez au milieu de la figure (citons en exemple une main levée puis baissée d'un plan à l'autre durant la bagarre entre Lennon et Efron) mais la coupe est déjà suffisamment pleine pour conclure sur le fait que malgré la bonne énergie et la force du concept, la pudibonderie et le manque de folie de 17 ans encore font que la bombe qu'on était en droit d'attendre tient davantage du pétard mouillé.


En bref : Trop sage, trop lisse, 17 ans encore est un film un brin trop teenager pour s'envoler vers des cieux plus propices à la réflexion inhérente à la vigueur du sujet traité. Ajoutez à cela un propos incapable de se détacher de la morale puritaine typiquement américaine, et l'on se retrouve avec une comédie aux relents de propagande malgré son caractère sympathique et enjoué.

Rang : C

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This entry was posted on 22 avril 2009 at mercredi, avril 22, 2009 and is filed under . You can follow any responses to this entry through the comments feed .

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