Les enjeux sont de taille dans ce chapitre, car il va s'agir pour Dumbledore de préparer Harry au combat final, le jeune sorcier devant accroître considérablement sa maîtrise de la sorcellerie s'il veut avoir la moindre chance contre le Seigneur des Ténèbres. Durant 2H30, il va s'agir dès lors de plonger dans le passé de Tom Elvis Jedusor afin de découvrir le secret de son incroyable résistance, et pour cela le vieux maître va manipuler Horace Slughorn, un ancien collègue et professeur de potions, dont les souvenirs cachent la clé des défenses de l'ennemi. Il faut le reconnaître, le long métrage démarre sur les chapeaux de roues. Après une entrée en matière tonitruante, l'histoire trouve son rythme de croisière et embarque sans peine dans un univers de magie et de sorcellerie, bien aidée il est vrai par un casting haut en couleur qui ne souffre d'aucune fausse note.
A contrario, ce qui aurait mérité d'être poussé ne l'est pas suffisamment, à commencer par le voyage dans les souvenirs de "Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom" qui aurait nécessité un plus grand approfondissement même si l'essentiel, à savoir de nous emmener sur la piste des Horcruxes, est assuré. Même problème pour les batailles, que cela soit l'attaque surprise des Mangemorts dans un champ ou le combat final, particulièrement insipide. Mais s'il y a un personnage qui aurait mérité une plus grande attention, c'est bel et bien celui de Severus Rogue. L'on comprend que les mystères demeurent pour mieux se dévoiler lors du diptyque final, mais c'est au détriment de ce chapitre dont jaillit un cruel manque de profondeur en ce qui concerne la psychologie de plusieurs personnages. La volonté de Yates à mener à la fois trame principale et intrigues parallèles semble trop ambitieuse tant le cinéaste peine à jongler entre divertissement et émotions, bien qu'il soit à n'en point douter un formidable directeur d'acteurs avec une griffe esthétisante indéniable.
En bref : Harry Potter et le Prince de sang mêlé se relève être une frustration tant pour le fan des oeuvres de J.K. Rowling que pour le spectateur lambda. En deux temps, on est d'abord sous le charme de la première moitié prometteuse du film avant que celui-ci ne sombre dans d'innombrables longueurs interminables où rien ne se passe vraiment. Le sentiment de n'être qu'un film préparant aux Reliques de la Mort n'aide en rien l'impression laissée au sortir de la séance, et malgré des effets spéciaux de grande qualité et des acteurs à la justesse remarquable, la déception demeure le sentiment le plus pesant sur notre coeur de cinéphile.
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