Bronson  

Posted by Azariel in

La trilogie Pusher avait permis à Nicolas Winding Refn de se faire connaître, Bronson va grandement l'aider à marquer les esprits. Bien loin des sentiers maintes fois battus du biopic, le cinéaste danois vogue en des terres autrement plus kubrickiennes pour raconter la rage d'une bête sauvage qui fait de simples barreaux de prison son sanctuaire inaliénable. Et c'est la caméra qui s'en retrouve asservie par un homme qui asphyxie la mise en scène en point d'en devenir l'unique pilier, grâce à une interprétation dantesque d'un Tom Hardy machiavéliquement charismatique sous les muscles furieux de Michael "Charles Bronson" Peterson.

L'antre de la folie devient un ballet théâtral où se chevauchent violence sublimée par une esthétique oppressante et fissures de la pensée sous le poids de la raison mercantile, à mille lieues des passions de ce personnage abîmé par ce désir obséquieux de la liberté à travers cette incapacité à fondre dans un cadre social. C'est pourtant le cadre qui vole en éclat dès que Bronson l'habite, faisant de l'oeuvre éponyme un véritable film coup-de-poing qui envoie au tapis âmes sensibles et sages d'esprit.


Rang : B

Plus d'infos sur ce film

This entry was posted on 15 juillet 2009 at mercredi, juillet 15, 2009 and is filed under . You can follow any responses to this entry through the comments feed .

6 commentaires

Re-damned. ;)

16 juillet 2009 à 10:29

@ Sylvaine : Celui-là, je doute qu'il reste longtemps à l'affiche, par contre ! L'essentiel est que t une rates pas Public Enemies, cela dit ;)

17 juillet 2009 à 16:35
Anonyme  

J'ai encore du mal à comprendre comment des journalistes spécialisés dans le cinéma (du moins je ne l'espère pas pour eux et la profession) peuvent être assez ignares (si ce n'est fainéant) pour badger aussi facilement un film d' "Orange Mécanique" du 21ème siècle. Sans doute qu'à chaque film qui prend un propos pseudo-anarchique et un peu de violence, assorti du réflexe de Pavlov, on étiquette en ânonant ce titre parce que ça fait cool. Il y en a déjà qui ont fait ça avec Fight Club. Maintenant Bronson. Les claques se perdent dans les deux cas.

M'enfin, ça permet toujours d'alimenter une quelconque polémique qui les amuse. Et puis c'est rigolo de voir des journalistes essayer de combler le peu de culture cinématographique qu'ils ont (non pas que la mienne est énorme, mais je sais me la fermer lorsque je ne connais pas \o/).

Oh-wow, commentaire stéril et rageux sur le fin fond de l'Internet, je ne suis pas net ce soir.


~ Leto

15 août 2009 à 23:53

@ Leto : Plusieurs réponses peuvent répondre à tes interrogations, aussi virulentes soient-elles.

Lorsque tu parles d'Orange Mécanique du 21ème siècle, pour commencer, tu ne dois pas être sans savoir que c'est une phrase sur l'affiche tirée de la critique publiée dans The Independent ("A Clockwork Orange for the 21st century", dans le texte). On appelle cela une phrase d'accroche : le but étant d'inciter en quelques mots le lecteur a dépenser ses sous pour voir un film que le journaliste juge nécessaire de ne pas louper. Une phrase puissante et forte qui sert donc également de phrase d'accroche sur l'affiche.

C'est à ma seule connaissance le seul canard taxant Bronson d'Orange Mécanique du 21ème siècle. En France, Philippe Ross de Télé 7 Jours, Philippe Rouyer de Positif, ainsi qu'Hubert Lizé du Parisien ont également évoqué le chef-d'oeuvre de Kubrick mais seulement à titre de comparaison. Je le fais d'ailleurs également dans les toutes premières lignes de mon article. Crois-tu vraiment qu'il s'agisse d'une quelconque imbécilité de notre part si traçons un tel parallèle ou ne penses-tu pas qu'il y a une démarche similaire de la part de Nicolas Winding Refn dans sa manière de mettre en scène Bronson ? Pour moi, elle est évidente : la folie du personnage principal asservit la caméra dans les deux cas, certaines séquences épousant pleinement l'idée qu'il y ait, je cite le critique des Cahiers, une "dimension âpre et la description de la violence physique".

En somme, je ne te rejoins pas sur le fait que la violence et l'anarchisme sont fatalement assimilés à Orange Mécanique par ces ignares de journalistes, il y a des centaines de films avec ces thèmes que l'on a jamais "badgé" ainsi. En revanche, si dire de Bronson qu'il est le nouvel Orange Mécanique est je te l'accorde stupide, il est évident que les démarches esthétiques entreprises ici ne peuvent pas ne pas nous rappeler les aspirations kubrickiennes.

Je n'ai plus le film en tête, mais si tu as besoin que je développe en profondeur, cela pourrait être intéressant de faire un comparatif des deux films dans une analyse filmique pour que tu saisisses ce qui nous a sauté tous aux yeux.

21 août 2009 à 08:55
Anonyme  

Une phrase d'accroche peut faire son effet pourvu qu'elle soit exacte. De surcroit, lorsqu'elle devient LA phrase posée sur l'affiche d'un film, il faudrait au moins que ce soit vrai. Qu'une personne l'ait dit, comme ça, par hasard, soit ; que ça devienne ce qui est censé caractérisé le film, je suis beaucoup plus sceptique (virulent même, tu as pu le voir).

Ce qui choque ma (maigre, avouons le) culture cinématographique là-dedans, c'est ce que sous-entend la parallèle entre A Clockwork Orange et n'importe quel autre film violent.
Je ne vais faire brasser que du vent, mais rappelons qu'au delà des qualités intrinsèques au long-métrage qui en ont fait un chef-d'oeuvre (le rapport entre la musique et l'image, les thèmes abordés de la violence et la culture, la liberté et la société), lorsqu'on parle d'Orange Mécanique on pense tout de suite à la réception contreversé par le public. Des vedettes d'Hollywood refusant de présenter les Oscars aux jeunes idiots de la Perfide Albion qui se sont pris pour des droogies et ont commis des actes atroces et qui ont poussé Stanley Kubrick lui-même à retirer son film des salles britanniques. Toute la polémique qui a enveloppé le film, et les réactions à son égard ont fait qu'il s'est ancré dans la mémoire cinématographique, non pas pour ses qualités (que je ne renie pas, au contraire : c'est mon Kubrick préféré, qui lui-même est mon réalisateur préféré *) mais pour tout ce qu'il y a eu autour, l'aura qu'il a créé.

Qualifier un long-métrage sur une affiche de film d'Orange Mécanique, dans tous les sens que ça comprend, revient à deviner la réception par le public. Ce qui est absurde. Voilà en gros pourquoi ça m'énerve profondèment.
Après, qu'on glisse dans son propos quelques parallèles avec A Clockwork Orange (y a toujours moyen de retrouver de son héritage), cela ne me dérange pas. Qu'on étiquette le film comme tel, beaucoup plus.
Ce ne sont peut-être qu'une poignée de personnes qui ont dit ça, mais c'est placardé en gros alors que ça n'a pas vraiment de sens. Ca fait cool, néanmoins c'est inexact. Et donc triste.

La comparaison avec FUNNY GAMES m'avait irrité, mais elle me parait plus évidente que celle avec BRONSON.

Mais si tu es motivé pour développer ton propos profondeur pour me montrer que la parallèle entre les deux films n'est pas si infondée que cela, chose que je n'ai absolument pas ressenti en le voyant, je serais parfaitement ravi d'apprendre quelque chose.


* Ce n'est pas pour autant que je suis de ses pouilleux qui sautent à la gorge des gens lorsque leur avis divergents, hein, rassurez vous.


~ Leto

21 août 2009 à 22:23

@ Leto : Je ne suis pas du tout spécialiste de Kubrick, et à vrai dire je n'ai pas vu encore l'ensemble de son oeuvre. Je ne m'aventurerai donc pas à parler de son cinéma comme si j'avais les compétences & connaissances nécessaires pour développer dessus.

Néanmoins je suis tout à fait d'accord avec toi : la comparaison avec FUNNY GAMES est totalement stupide, la démarche ici n'est pas du tout la même. Elle est par contre plus évidente contrairement à ce que tu penses avec Bronson parce qu'il y a comme je l'ai dit une démarche esthétique similaire.

Néanmoins, n'ayant pas vu depuis très longtemps Orange Mécanique et n'ayant pas Bronson sous la main, je ne peux pas analyser en détail ce qui semble t'échapper mais j'y reviendrai quand cela sera le cas, ce travail peut tout à fait être passionnant à faire.

Je ne reviens pas sur l'imbécillité de la phrase d'accroche de l'affiche, je partage ton avis sur son bien fondé même si je sais qu'elle est à l'image de ce qu'est la publicité de nos jours : le mensonge est permis tant que cela fait vendre. Bienvenue dans le monde capitaliste !

25 août 2009 à 09:12

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