Première réalisation du scénariste James Watkins, Eden Lake n'a pas besoin de frapper fort comme l'a fait Martyrs pour viser juste.
L'affiche parle d'elle-même : pas de vision ou de monstre ici (quoique...), seulement des petits garnements un poil bercés trop près du mur venus faire des misères à un gentil petit couple qui pensait passer un week-end romantique au bord d'un lac isolé dans la campagne britannique.
Ca ne casse certes pas trois pattes à un canard mais ça suffit comme point de départ pour un survival. D'ailleurs Watkins ne prétend pas réinventer le genre, ni le magnifier. Pas d'effet stylistique inutile, pas d'esbrouffe. Ici, c'est davantage sur les divers rebondissements, plutôt bien vus (particulièrement la fin, sorte de petite "pique" aux fins classiques de ce sous-genre), que l'accent est mis.
N'assomant pas le long métrage d'une B.O. tonitruante, Eden Lake gagne en vraisemblance et nous plonge dans l'horreur du jeune couple, décidemment bien mal tombé (remarquez, on aurait presque envie de dire qu'on a à l'écran côté "méchants" le bon vieil anglais classique, ami du foot' et de la bière, donc pas de quoi s'étonner !). Même si le film ne fait pas dans le gore bien prononcé, ce qui est montré suffit à inquiéter voire même à interroger.
Un dernier mot sur les acteurs, à commencer par l'un des 300 de Léonidas Michael Fassbender qui se révèle être un très bon comédien en nous montrant tour à tour un homme intimidé par la demande en mariage qu'il souhaite faire, sûr de lui lorsqu'il s'agit de rouler des mécaniques devant sa belle, et effrayé lorsque la situation échappe à son contrôle. Une belle performance.
Mais surtout, la prestation de Kelly Reilly est tout bonnement extraordinaire, la scène où elle observe son reflet montrant avec justesse le passage de la ligne rouge d'une femme qu'on pousse à bout. Ou comment la plus belle rousse que j'ai jamais vu sur grand écran devient une femme ivre de vengeance. Mémorable.
Rang : B