Nous aurons pu entendre cette phrase 8 fois ce soir.
Pour rappel, vous trouverez la liste des nommés sur mon précédent article.
Le film de Danny Boyle remporte donc, comme on pouvait s'y attendre depuis les Golden Globes, les Oscars majeurs (film, réalisation et scénario adapté) mais également, de manière plus surprenante, un certain nombre d'Oscars techniques (photographie, montage, son) ne laissant ainsi que quelques miettes à The Curious Case of Benjamin Button ou à The Dark Knight à qui ces statuettes semblaient plus promises.
Grosse surprise également pour l'Oscar du meilleur acteur qui revient à Sean Penn pour Milk préféré à un Mickey Rourke qui aura finalement été malheureusement célébré avant l'heure.
Il faut dire que si Sean Penn triompha en 2003 en tant que meilleur acteur pour Mystic River dans la plus grande unanimité, on est loin du compte ici et si sa performance est sans doute celle des grands jours on regrette, chez CinéBlog comme autre part, que la fête marquant le retour symbolique et définitif (espérons-le) de Rourke à Hollywood n'ait pas eu lieu compte tenu de son histoire personnelle, bien sûr, mais surtout de sa performance inoubliable de Randy "the Ram" Robinson dans The Wrestler.
Les Oscars sont ils finalement politisés cette année ?
On peut se poser la question en tout cas en voyant les réactions d'une part de la critique indienne accusant le film d'être la vision américanisée de l'Inde et de véhiculer, d'autre part, une image négative de leur pays plutôt que d'en montrer les côtés plus attrayants.
Il faut dire que le film de Boyle est très réaliste et montre plutôt bien ce paradoxe entre bidonvilles et quartiers modernes.
Ces critiques mettent notamment l'accent sur la "pornographie de la pauvreté et du trafic d'enfants" que met bien en relief le film tant dans une volonté dramatique (ce qui lui est donc reproché) que par probable souci de véracité.
Il n'empêche que le triomphe du film a été beaucoup fêté à Bombay et partout en Inde par la majorité de la population.
On peut également se poser la question en voyant des militants pour l'interdiction du mariage homosexuel se manifester devant le Kodak Theater dès le début de la soirée à qui on a l'impression que l'académie et Sean Penn répondent directement par le biais de cet Oscar du meilleur acteur pour ce rôle d'Harvey Milk, premier homme politique américain ouvertement homosexuel qui fut assassiné en 1978, et par le discours de l'interessé lors de la remise du prix qui se pose donc en défenseur de cette cause.
Si les raisons sont louables, nous attendrons au tournant ce Milk dans 10 jours afin de constater par nous même s'il s'agit la d'un choix politique ou d'un véritable choix artistique en fin de compte.
Si l'Académie a clairement montré qu'elle préférait Harvey Milk à Harvey Dent et que nous ne reviendrons pas sur le fait que The Dark Knight soit à ce point oublié de manière peu compréhensible (à part : "non, nous on aime pas les super héros !") non seulement par les nominations mais aussi par l'attribution des statuettes, on ne peut passer à côté de la consécration finale, annoncée, méritée et posthume d'Heath Ledger pour ce qui restera la performance de l'année : son interprétation hallucinante du Joker qui est d'ores et déja entrée dans la légende.
C'est sa famille qui a accepté l'Oscar en son nom dans ce qui restera le grand moment d'émotion et de sobriété (si si !) de la soirée.
Vous noterez donc également que le début de ce paragraphe n'est autre qu'une cynique prétérition qui vise à montrer notre désaccord avec l'académie quant au sort du film de Nolan et cette phrase inutile est ici pour couvrir un paragraphe très vulgaire qu'Azariel aurait pu ajouter !
Pour le reste Kate Winslet était très émue, Pénélope Cruz ravissante et récompensée également, Milk était distingué pour son scénario original faisant également l'effet d'une surprise mais bien moins grande que l'Oscar du meilleur film étranger qui n'a finalement pas été attribué à Entre les murs ou Valse avec Bachir mais au long métrage japonais Departures.
Pour ce qui est du show en lui-même, il était loin d'être désagréable comme peuvent le montrer les performances de Hugh Jackman en tant qu'hôte et présentateur.
La cérémonie était plus distrayante que rébarbative même si la scène circulaire sans pupitre et l'organisation de la salle pensée de manière intimiste donnait parfois plus l'impression d'être sur un plateau de qui veut gagner des millions géant (on doute que ce soit voulu) qu'à une cérémonie des Oscars majestueuse et dantesque comme souvent provoquant au final un sentiment étrange.
On est quand même loin des shows démesurés et démesurément drôles de Billy Crystal en 2003 ou d'Ellen deGeneres en 2007 mais également de ceux, rébarbatifs, de Jon Stewart.
Bref, on ne s'est pas ennuyé mais on reste assez décus de manière générale.
Afin de relativiser ceci, nous laisserons la parole à notre pote Al qui va vous expliquer la réelle utilité d'un Oscar.
Meilleur film
Slumdog Millionaire
Meilleur réalisateur
Danny Boyle pour Slumdog Millionaire
Meilleur acteur
Sean Penn pour Milk
Meilleure actrice
Kate Winslet pour The Reader
Meilleur scénario original
Milk : Dustin Lance Black
Meilleur scénario adapté
Slumdog Millionaire : Simon Beaufoy
Meilleur acteur dans un second rôle
Heath Ledger pour The Dark Knight
Meilleure actrice dans un second rôle
Penélope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona
Meilleure photographie
Slumdog Millionaire : Anthony Dod Mantle
Meilleur montage
Slumdog Millionaire : Chris Dickens
Meilleure direction artistique
The Curious Case of Benjamin Button : Donald Graham Burt, Victor J. Zolfo
Meilleurs costumes
The Duchess : Michael O'Connor
Meilleurs maquillages
The Curious Case of Benjamin Button : Greg Cannom
Meilleur son
Slumdog Millionaire : Ian Tapp, Richard Pryke, Resul Pookutty
Meilleur montage sonore
The Dark Knight : Richard King
Meilleurs effets visuels
The Curious Case of Benjamin Button : Eric Barba, Steve Preeg, Burt Dalton, Craig Barron
Meilleure bande originale
Slumdog Millionaire : A.R. Rahman
Meilleure chanson
Slumdog Millionaire : A.R. Rahman, Gulzar(Jai Ho)
Meilleur court métrage
Spielzeugland : Jochen Alexander Freydank
Meilleur court métrage d'animation
La Maison en petits cubes : Kunio Kato
Meilleur court métrage documentaire
Smile Pinki : Megan Mylan
Meilleur film d'animation
WALL-E
Meilleur film documentaire
Man on Wire : James Marsh, Simon Chinn
Meilleur film étranger
Okuribito (Japon)
Jean Hersholt Humanitarian Award
Jerry Lewis