Mesrine : L'Ennemi public n°1  

Posted by Azariel in

Suite et fin du biopic consacré à Jacques Mesrine, entamé il y a un mois avec Mesrine : L'Instinct de mort.

Les différences sont notables, à plus d'un niveau : la mise en scène de Jean-François Richet tout d'abord, qui perd en virtuosité ce qu'elle gagne en nervosité. L'on sent des ambitions artistiques moindre que dans le premier volet mais outre les fusillades (à se demander comment avec un tel arsenal Mesrine et ses compères n'arrivent pas à descendre, ou ne serait-ce que toucher un de leurs opposants), le film démontre clairement un souci de réalisme accru. La réalisation, plus efficace, est esthétiquement plus sobre et devient même parfois trop sage, donnant un réel sentiment de film à deux temps, tantôt (trop) posé, tantôt (extraordinairement bien) rythmé. À ce titre, la séquence finale dispose d'une tension dramatique à couper le souffle alors que l'on connait pourtant déjà le dénouement ! Chapeau l'artiste.

Le long métrage de Richet est puissant, le personnage de Mesrine aussi, qui gagne même en épaisseur, Vincent Cassel nuancant cependant moins son interprétation qu'auparavant, passant du Tartuffe devant Orgon chez Molière à Electre devant Clytemnestre et Egisthe chez Sophocle.
Il faut bien admettre que le script ne l'aide en rien, la politisation des actions de Mesrine n'étant pas ce qu'il y a de plus intéressant lorsque l'on brosse le portrait d'un des plus célèbres gangsters que la France ait connue. Peut-être y aurait-on gagné à travaillé davantage sur l'ambiguïté de son discours.

"Alors, Olga ? Comparée à Ludivine ? Raconte."

Toujours égoïstement centré sur le personnage de Jacques Mesrine, il ne reste pour les autres que quelques miettes. C'est d'autant plus dommageable que ni Mathieu Amalric (François Besse) , ni Gérard Lanvin (Charlie Bauer), ni Samuel Le Bihan (Michel Ardouin), ni Ludivine Sagnier (Sylvia Jeanjacquot) n'arrivent à imprimer autant la pellicule que ne l'avait fait auparavant Depardieu, Dupuis, ou Cécile de France. Le premier doit composer avec peu de dialogue, le second ressemble davantage à un pastiche, le troisième offre une prestation suffisante mais peu convaincante, et la quatrième remplit admirablement le rôle lui étant confié : faire friser les cils masculins à en vouloir s'appeler Jacques (ce n'est que 10 secondes à l'écran, mais quelle scène torride !) et apporter sa touche post Swimming pool de femme désirable et séductrice. C'est quand même bien moins classe que la prestation de Cécile de France.

Certaines qualités de Mesrine : L'Instinct de mort demeurent, comme la reconstitution du Paris des années 70, des plus immersives. La forme épouse toujours à merveille le fond, et la montée en puissance de la folie de Mesrine est en parfaite adéquation avec le dynamisme et la violence de certaines scènes, le meurtre du journaliste de Compiègne en tête.

Ce qui gênera le plus au final, c'est cette tendance de Richet à embrasser "l'esprit banlieue" récurrent dans ses films et un peu trop visible dans Mesrine : L'Ennemi public n°1, sa fascination pour le gangster étant ici, peut-être malgré lui, trop présente. S'il ne fait pas l'apologie de la violence, nous n'en sommes pourtant pas loin, et il aurait parfois été bon de recentrer quelque peu le débat, chose qu'il avait très bien fait dans Mesrine : L'Instinct de mort en montrant un homme aveuglé son propre égo. Ici, Mesrine apparait davantage comme un super-héros, ce qui gêne quelque peu.

Un flingue vaut mieux que deux tu l'auras (proverbe célèbre)

Des défauts que n'avait pas le premier opus, des qualités déjà présentes dans ce dernier mais exacerbées dans celui-là, le second film de la saga Mesrine est plus puissant, plus drastique, autant que le scénario gagne en minceur, à notre grand déplaisir. Un bon film pour un saga qui même si elle ne restera pas gravée dans légende, n'en demeure pas moins l'une des plus grandes épopées de gangsters dans le cinéma français de ces vingt dernières années.


En bref : Le moins dans le plus, le encore plus dans le déjà plus. Mesrine : L'Ennemi public n°1 est une bonne suite qui souffre de quelques fausses notes mais qui conclut néanmoins la saga Jacques Mesrine en beauté. Un très bon film que l'on aurait tort de bouder.

Rang : B

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3 commentaires

Anonyme  

Moi je vais le voir samedi 29 avec mon cousin ! Je dois encore être patiente ^^

20 novembre 2008 à 23:32

Forcément comme je n'ai pas vu le premier, je n'irai donc pas voir celui-là.

Ce que je comprend pas avec ces films, c'est la stratégie marketing derrière.

En effet, le résultat du second est conditionné par le résultat du 1er. personne ira voir le second sans avoir vu le premier.

Or comme la sortie est trop proche du premier, il peut même pas compter sur le DVD ou la location. J'avoue ne pas comprendre.

Par exemple le Seigneur des Anneaux, lui avait bien compris qu'il fallait pas sortir les films peu de temps après, histoire de laisser le temps à des gens de voir les films précédents en DVD

21 novembre 2008 à 11:05

C'est un choix, effectivement.

Il faut dire que ce qui explique surtout les 12 mois séparant chaque opus de la trilogie Lord of the Rings, c'est le fait que les films n'étaient pas fini : le tournage avait duré un en et demi entre 1999 et 2000, Jackson ayant voulu le tournage des trois films simultanément (pour des raisons économiques, essentiellement), mais des scènes ont été tournées, retournées, retouchées par la suite, et tout le travail réalisé par Weta qui, il ne faut pas l'oublier, était à l'époque une petite compagnie néo-zélandaise comparée à ILM par exemple.
Dernier moins, les films ont coûté moins de 100 millions de dollars, et regarde le résultat à l'écran : on pourrait croire qu'ils ont coûté le double. C'est le signe qu'on a eu un boulot bien fait, de véritables artistes derrière les longs métrages.
Tous ces facteurs expliquent pourquoi un film comme Lord of the Rings reste un an en post-prod', quand un Mesrine lui n'en a pas besoin.

Ceci étant dit, j'ai beau avoir mis B aux deux Mesrine, il n'en demeure pas moins que le second est moins bon que le premier et qu'effectivement, quelques mois de plus en post-prod' n'auraient pas été de trop.

21 novembre 2008 à 15:28

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