Frank Martin is back !
Aussi précis qu'une horloge, un nouveau volet voit le jour tous les 3 ans, faisant de l'ensemble une trilogie frenchie made in EuropaCorp louchant très sérieusement du côté des productions américaines. Un film ayant le goût des USA, parlant l'USAsien, ressemblant aux USA, mais 100% de chez nous : diantre ! Est-ce possible ? Certes oui, puisqu'il y a du Luc Besson dans l'air...
Exit Louis Leterrier, le bonhomme est parti vérifier si le maïs donne l'effet qu'on lui prête dans les publicités parlant d'un géant tout vert (pour un peu, on pourrait presque lui confier l'adaptation cinématographique de Popeye). Bienvenue à Olivier Megaton donc, dont le nom j'en suis sûr ne vous dit absolument rien : pour brosser son portrait en un coup de peigne, nous rappelerons qu'il est celui qui réalisa La Sirène rouge (2002) et qui mit en boîte les scènes d'action de Hitman (2007) de Xavier Gens, deux films ne décoiffant pas tant que ça.
S'il y en a un en revanche qui n'a nullement besoin de soins capillaires, c'est bel et bien Jason Statham qui malgré ses trois poils sur le caillou continue de faire tourner les têtes (autant qu'il les décolle à grands coups de mandales, du reste). La preuve, après Shu Qi puis Amber Valletta, c'est au tour de Natalya Rudakova (Valentina) d'en pincer pour notre James Bond national, qui change de smoking comme de compagne.
Elle campe ici une jeune ukrainienne se retrouvant on-ne-sait-pas-pourquoi dans le véhicule (une chouette Audi A8 W12) de Frank, obligé de délaisser ses parties de pêche avec Tarconi (François Berléand) pour faire à nouveau le transporteur, de Marseille à on-ne-sait-où. Dans son coffre, on-ne-sait-pas-quoi doit arriver à destination, l'opération étant supervisée par l'embaucheur (embauché lui-même par on-ne-sait-qui) répondant au doux nom de Johnson (Robert Knepper, réussissant à s'échapper le temps d'un film du naufrage Prison Break).
Scénario presque bateau s'il n'y avait pas un peu de piment pour rendre le plat, étonnamment, plus digeste : Frank et Valentina ne peuvent s'éloigner de plus de 30 mètres de l'Audi sous peine d'imiter les kamikazes d'Al Qaïda à cause du joli bracelet bon chic bon genre fixé à leur poignet. Précaution pour Johnson, des scènes délectables pour nous, comme celle obligeant Frank à cavaler après sa voiture.
Il faut dire que pour qui va voir Le Transporteur 3, on ne demande pas plus que notre quota de bastons et de course-poursuites, et de ce point de vue là, le long métrage de Megaton remplit parfaitement son cahier des charges : l'inspiration manquant cruellement à Cory Yuen (attention, ne pas confondre avec le chorégraphe des deux premiers opus Corey Yuen !), les combats seront pourtant passionnants à suivre grâce au montage épileptique de Camille Delamarre et Carlo Rizzo. Ajoutez à cela un humour particulier (de moins en moins français, pour le coup) à la saga se ressentant jusque dans les coups portés par Frank, un rien narquois face à ses adversaires, et l'on assiste à du grand spectacle bien poilant.
Si le spectateur en prend plein les mirettes, l'intensité du film se perd néanmoins très rapidement au fil des minutes, et l'on sent déjà un sacré coup de frein en pleine ligne droite arrivé à la seconde moitié du long métrage. De moins en moins spectaculaire, de moins en moins osé esthétiquement, Le Transporteur 3 se pare d'une histoire d'amour invraisemblable qui n'a absolument aucun intérêt, ni pour nous, ni dans le scénario. On ne sent que trop bien qu'elle est là parce que justement elle doit être là (film américanisé jusqu'au bout des ongles, mhm ?) et la demoiselle ne manquant certes pas de charme, côté talent d'actrice on repassera.
Autre reproche d'ordre formel, l'emballage made in USA va jusque dans certains raccords, outrageusement pompés dans le cinéma de Tony Scott. N'est cependant pas Tony Scott qui le veut, d'autant que celui-ci est capable du meilleur comme du pire. Et si sa patte sur les raccords faisait merveille dans Man on Fire (2004), on se souvient que cela en devenait écoeurant dans Domino (2005). Megaton tend davantage du côté du premier que du second fort heureusement, mais avec hélas bien moins de virtuosité.
Le Transporteur 3 n'en demeure pas moins un film qui réussit ce pour quoi il a été conçu : nous divertir de bout en bout. Et ça, c'est déjà la grande classe.
En bref : Le Transporteur 2 montrait quelques problèmes de boîte de vitesse, Le Transporteur 3 appuie de nouveau sur le champignon. Si la pointe de vitesse atteint des sommets, on aurait aimé que le chemin soit quelque peu plus sinueux afin de rendre la performance plus impressionnante, foncer en ligne droite étant une prise de risque minime. Au quatrième épisode, chiche qu'on enlève les rétroviseurs ?
Rang : B
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