L'Échange
Je lisais récemment dans un magazine de cinéma spécialisé que Clint Eastwood déclarait, concernant Angelina Jolie, qu'elle lui rappelait les grandes actrices de l'âge d'or d'Hollywood, citant Katharine Hepburn et Greta Garbo. Même venant de la bouche du Maître Eastwood, qui n'a jamais été autant en forme qu'en ce nouveau siècle (exception faite d'Impitoyable), je ne pouvais être que sceptique tant Angelina Jolie est capable d'alterner les grandes (Un coeur invaincu) et les mauvaises performances (Taking Lives) dans de grands (Wanted) ou de mauvais films (Tomb Raider).
L'Échange ne pouvait que me mettre d'accord avec le réalisateur bientôt octogénaire : madame Brad Pitt est tout simplement désarmante de justesse et d'intensité, composant merveilleusement avec ce rôle de femme persuadée que le fils que la police lui rend suite au kidnapping du sien n'est pas le fruit de ses entrailles. L'histoire en soi, dont le scénario puise sa force dans le simple fait qu'il soit tiré d'une histoire vraie, aide certes à rendre vibrant d'émotions le personnage de Christine, mais la perfomance de Jolie n'en demeure pas moins exceptionnelle, et on ne peut dès lors pas concevoir comment l'Oscar lui échappera d'ici quelques mois.
Dire de la mise en scène de Clint Eastwood qu'elle est classique serait la réduire à sa plus simple définition, tant ici elle est élégante, maîtrisée, irréprochable, et au service de l'histoire.
Sa caméra se pose et caresse autant les décors somptueux du Los Angeles d'antan qu'elle ne capte chaque instant de grandeur avec une souplesse et une discrétion qui font d'Eastwood un réalisateur mettant sa sensibilité au service de ses longs, et jamais l'inverse.
L'un des plus beaux films de cette année, dont la critique du pouvoir nous rappelle néanmoins que la menace est toujours actuelle, et que l'on aurait tort de croire que cela n'arrive qu'aux autres.
Rang : A