Il est question du jeune Caleb participant à la fête de son école, au cours de laquelle une cérémonie consiste déterrer une capsule temporelle contenant les dessins placés par les élèves 50 ans plus tôt. Ils avaient pour thème d'imaginer ce que serait le futur d'ici à ce que leurs oeuvres soient vues. Des navettes spatiales, des maisons dans l'espace... Tout ce que l'on peut imaginer se trouve sur ces dessins, sauf sur un : Caleb hérite d'une feuille où sont inscrits plusieurs chiffres à la suite sans qu'on ne comprenne leur signification. Son père, John, professeur et statisticien brisé par la mort de sa femme un an plus tôt, s'amuse à deviner le sens de ces chiffres jusqu'à ce qu'il découvre avec stupéfaction que ceux-ci prédisent dans l'ordre exact toutes les grandes catastrophes que l'humanité a connu, du 11 septembre 2001 à Nicolas Sarkozy président (non, là je plaisante). Reste à John à comprendre l'existence de ces prédictions mais surtout à trouver le moyen d'empêcher les trois qui ne se sont pas encore réalisées, car la dernière conduit tout droit à l'apocalypse et à l'extermination de l'espèce humaine.
Tout d'abord le scénario, convenu au possible, avec ses fausses surprises d'une part pour qui connait bien la filmographie de Proyas, ce dernier explorant à nouveau (ressassant ?) les thèmes qui lui sont chers, et d'autre part à cause d'une mise en scène trop appuyée, caractérisant l'étrangeté omnipotente en délations caricaturales. Comprendre que le spectateur est un neu-neu qui a besoin de quinze couches de surlignage pour deviner les choses. Perdu. D'autant que le long métrage, doublé d'une agaçante propagande scientologique, perd le semblant d'intérêt qu'il avait dans sa première moitié avec ce personnage de père rongé par la souffrance, n'arrivant pas à faire son deuil mais devant garder le cap pour son fils, pour se diriger vers une seconde partie peu élaborée, où le spectaculaire n'a d'égal que l'absurdité du dénouement.
Difficile de ne pas être gêné par le problème d'étolonnage présent tout au long du film, particulièrement dans l'incipit, avec cette recherche formelle constante au détriment de tout le reste. Proyas cherche une noirceur adéquate à son récit mais rend une copie inachevée, aux couleurs faussement apocalyptiques, avec un grain de l'image ayant attrait à un mysticisme désué et obsolète. Voir Silent Hill de Christophe Gans pour s'en convaincre. Fort heureusement, les scènes de destruction sont particulièrement réussies et impressionnantes, à se demander si leur réalisation est la cause d'un manque de moyens évident quant aux autres plans.
En bref : Avec un Alex Proyas en carence de savoir-faire et un Nicolas Cage aux abonnés absents, Prédictions a des allures de nanar cosmique plutôt que de fable intergalactique. La SF est mise à mal par l'un de ses maîtres, ce qui déçoit davantage que cela n'indiffère. Quelques scènes spectaculaires (merci les effets spéciaux) sauvent l'ensemble et évitent que l'on ne quitte la salle avec le sentiment d'avoir perdu son temps. Du moins, presque.
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