The Chaser

Comment réussir à tenir en haleine avec un scénario dont tout semble être joué ou presque passé les vingt premières minutes ? Celui de Hong-jin Na, dont c'est également la première réalisation, répond brillamment à cette question en se payant le luxe de devenir un modèle absolu du genre, tant le suspense ici étroitement lié avec la critique acerbe de la société coréenne vibre dans chaques parcelles de l'être filmique que composent ce chef-d'oeuvre cinématographique.
Pourtant l'approche est simple : un ex-flic devenu proxénète se rend compte que ses filles ont toutes eu le même client avant de disparaître les unes après les autres. Il se lance à la poursuite du tueur dans l'espoir de sauver la dernière qu'il lui ait envoyé. À partir de là, Hong-jin Na tire de son script une oeuvre crépusculaire mettant en balance les contradictions de la société dans laquelle il vit avec une violence chargée d'émotions toutes plus intenses les unes que les autres, particulièrement le sentiment d'impuissance émergeant dès les premiers instants et concluant le film avec maestria. Haletant et rythmé, la singularité de son histoire écrite à rebours mêlée à la brutalité frontale de ses personnages permettent à The Chaser de trôner aux côtés d'un Old Boy de Chan-Wook Park ou encore de Memories of Murder de Joon-ho Bong, à savoir au panthéon des plus grandes oeuvres sud-coréennes.
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