Faubourg 36
Divertissant et éblouissant. Faubourg 36 est tout cela et bien plus encore.
Le danger était de vouloir un "Les Choristes 2", autant que l'on attendait de Jackie Brown d'être un "Pulp Fiction 2". Car oui, il est peu de dire que Christophe Barratier était attendu au tournant avoir avoir mis en scène LE carton français de 2004, Les Choristes ayant été tout de même récompensé par deux César et deux nominations aux Oscars.
Pour continuer sur le parallèle Tarantino / Barratier (et oui, il peut arriver de faire des comparaisons improbables, le critique devant parfois s'improviser théoricien !), il se trouve que le premier a légèrement dévié ( vibrant hommage à la blaxploitation) tandis que le second continue sur sa lancée : Faubourg 36 est un film populaire assumé. C'est d'ailleurs dans cet esprit de continuité que l'on retrouve Gérard Jugnot, ici dans le rôle de Germain Pigoil, un homme qui a consacré sa vie (35 ans, selon lui) à un music-hall, ainsi que Kad Merad, ici Jacky rêvant de trôner en haut de l'affiche. Viennent s'ajouter à la distribution Clovis Cornillac (Milou), décidemment incontournable sous nos latitudes, et la grande surprise du long métrage, la charmante Nora Arnezeder (Douce), ici véritable chanteuse de la troupe.Divertissant et éblouissant.
Divertissant parce qu'on se laisse facilement embrunguer par l'histoire et le devenir de chaque personnage, du pauvre Pigoil recherchant coûte que coûte à retrouver son fils à Galapiat (Bernard-Pierre Donnadieu, une "voix" du cinéma français), horrible promotteur immobilier pourtant sensible au charme de la douce Douce (c'est moi ou y'a de l'écho ?).
Éblouissant parce qu'en plus d'être en place, bien réalisé, suffisamment dynamique, le film est une réussite artistique. On ne peine pas à s'imaginer dans la France d'avant-guerre, on apprécie le décor particulièrement réussi du music-hall, on se laisse entraîner par les chansons très correctement interprétées par les acteurs (ce n'est pas Mamma Mia !, en somme...). J'ai également beaucoup apprécié la photographie de Faubourg 36, et en me renseignant, j'ai très vite compris pourquoi : Tom Stern. Qui est-ce ? Demandez à Clint Eastwood, il vous le dira sans nul doute...
Y'a-t'il un hic ? Oui, forcément.
Dans le détail, disons que la construction d'un film populaire nécessite une grande part de romanesque, une prise de risque bien moindre qu'un film comme Fight Club qui peut autant passer totalement inaperçu qu'entrer, comme ce fut le cas, dans la légende. Les quelques défauts ici et là ne sont que peu intéressants à énumérer, la seule chose que vous devez savoir, c'est que vous ne devez pas louper ce rendez-vous.
En bref : Un film populaire et bien fichu, 4 ans après Les Choristes du même réalisateur. Faubourg 36 est dans la continuité, il est même à mon humble avis plus branchant et plus branché. À voir, sans l'ombre d'un doute.
Rang : B