A l'origine, le projet pour les deux hommes d'adapter sur grand écran le jeu vidéo à succès Halo. Microsoft bafouille, le studio fait grise mine : le budget requis est trop conséquent pour tremper le moindre orteil dans le plat. Au final, un scénario hallucinant qui rassemble à nouveau les deux hommes dans lequel il est question d'extraterrestres en transit sur notre bonne vieille planète bleue, précisément au dessus de Johannesburg. Bien mal leur en a pris, car la Terre recèle les pires monstres que les galaxies aient jamais vu naître : les humains. Car comment ne pas tracer ce parallèle entre l'apartheid et le sort réservé aux insectes géants même si le réalisateur, d'origine sud-africaine de surcroît, s'en défend parfois à demis-mots. C'est pourtant là que réside toute la prouesse du script qui réussit à revenir aux sources depuis longtemps taries de la science-fiction, dont le but premier a toujours été d'amener à nous faire réfléchir sur l'ordinaire par le biais de l'extraordinaire. District 9 est en effet un merveilleux outil de transformation du réel en imaginaire, et à travers une démarche esthétique et formelle captivante, il n'est pas rare qu'au coeur du film l'inverse soit également vrai.
Il en est presque regrettable que sur la dernière demie-heure le film bascule lentement vers cette incapacité qu'ont parfois les bonnes idées à se transcender, car si la charge politique est virulente, elle n'en demeure pas allusive et peine à trouver la vigueur de la bouffonnerie de l'Humanité ici épinglée. Troublant de vérité et de sincérité, le réalisme des débuts se meut en solide série B qui fait perdre à l'allégorie sa force narrative sans pour autant cesser de convaincre et d'impressionner. Car pour peu que l'on en vienne à préférer être un Hexapode géant, il n'y a qu'un pas.
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